mars 19, 2024

Opéra Macabre – Thomas Tessier

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Auteur : Thomas Tessier

Editeur : Pocket

Genre : Horreur

Résumé :

Neil, auteur de romans historiques, visite la campagne italienne, lorsqu’une panne de voiture l’oblige à demander de l’aide dans une ferme isolée. Il y est accueilli par Marisa Panic, une jeune femme vers qui il se sent immédiatement attiré.
Leur relation intensément érotique, torride, lui fait reléguer au second plan toute sorte de détails étranges, inquiétants : les allures de labyrinthe de la maison et la présence de parents âgés pour le moins bizarres, comme l’oncle de Marisa, le père Panic, prêtre, marionnettiste et ancien nazi…

Avis :

Nombreux sont les récits horrifiques qui débutent par une rencontre anodine ou un concours de circonstance qui amène à côtoyer l’ignominie au quotidien. Une approche classique qui, selon les capacités de certains écrivains, peut conférer au chef d’œuvre ou à une discrète incursion dans le domaine. Écrivain aux multiples facettes (poète, dramaturge…), Thomas Tessier s’est fait une spécialité de la littérature de genre. Opéra macabre s’annonce comme une découverte tardive d’un auteur dont le succès modeste a eu énormément de difficulté à traverser l’Atlantique. A ce jour, ce livre est le dernier ouvrage traduit pour l’hexagone (sa sortie date de 2002) et l’avant-dernier dans sa bibliographie juste avant Wicked Things.

Au vu de sa faible épaisseur (moins de 200 pages), Opéra macabre tient davantage de la nouvelle que du roman. Le lecteur dispose de peu de temps pour entrer dans le vif du sujet, alors que les pages défilent à une vitesse effarante. Aussi, la structure demande une immersion immédiate pour se familiariser avec les protagonistes et les prémices d’une histoire qu’on devine déjà trop brève. Le problème ? Une mise en place trop longue et laborieuse qui n’installe pas à proprement parler une atmosphère angoissante, mais surexpose des situations qu’on aurait pu passer sous silence, à tout le moins abréger de ses longueurs récurrentes.

La panne de voiture qui immobilise notre personnage principal, un lieu isolé, une famille bizarre aux mœurs pour le moins étranges. Rien de bien neuf, mais un bon potentiel pour contenter l’amateur d’histoires d’épouvante. Or, l’intrigue s’enlise dans une relation fulgurante entre Neil, romancier en mal d’inspiration, et Marisa, sa charmante hôtesse. Dès lors, flirt, câlins et coucheries passionnées se succèdent et se ressemblent en oubliant quelque peu le genre dans lequel on se trouve. On a beau tenter de distinguer des indices ou des éléments propres à générer suspicion et peur, les deux tiers du livre se cantonnent à stagner sur les amours naissantes des deux tourtereaux.

Dommage, car la dernière ligne droite fait montre d’une violence aussi soudaine qu’inattendue. Pertes de repères, tortures, viols et barbaries s’accumulent sans que l’on comprenne vraiment ce qui se passe. Cela vaut pour Neil, mais également pour le lecteur qui, au terme du roman, restera avec pas mal de questions en suspens. La marge d’interprétation étant beaucoup trop grande pour se faire une idée précise de la nature réelle des événements. Rémanence de souvenirs, voyage dans le temps, hantise ou possession ? Tout est permis puisque rien n’est clairement établi ou raconté de manière suffisamment explicite.

Et c’est sans doute sur ce point que le bât blesse. Thomas Tessier choisit des thématiques intéressantes autant sur le plan paranormal qu’historique (on découvre une facette encore plus terrifiante de la Seconde Guerre mondiale) sans les exploiter à leur juste valeur. Pire, il se fourvoie dans des négligences propres à engendrer des incohérences. On se retrouve dans la campagne italienne, mais les tenants principaux du récit se déroule en Croatie au sein d’un camp de concentration oustachi. Même en prenant en considération le déménagement de la famille, il persiste des imprécisions pour faire le lien entre deux zones géographiques (que l’on suppose hanté) et des événements disparates.

Au final, Opéra macabre est une découverte en demi-teinte. Longue à démarrer malgré sa brièveté, l’intrigue ressasse des pans peu connus de la Seconde Guerre mondiale sans faire de complaisance sur la brutalité des faits. Un développement saisissant qui manque néanmoins de cohérence et de profondeur pour pleinement convaincre. La faute à beaucoup trop d’imprécisions et peu d’explications notables dont la nature même laisse perplexe. Entre histoire et horreur, Opéra macabre aurait pu être un livre âpre et singulier. Il n’en ressort qu’une timide tentative de conjuguer les deux genres dans un style assez simpliste. Un roman qui reste toutefois percutant pour décrire des tortures et des assassinats sommaires.

Note : 12/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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