avril 23, 2024

Eric Bibb – Blues People

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Avis :

L’habitus primaire est l’allure générale que l’on va adopter durant son enfance et son adolescence. Ainsi, suivant certains professionnels de la santé, chaque personne est influencée par ce qu’il vit dans son entourage proche, à commencer par ses parents. Il n’est donc pas étonnant qu’Eric Bibb tombe dans la musique dès son plus jeune âge, étant donné que son père se fait un nom dans la musique newyorkaise durant les années 60 et que son oncle était pianiste et compositeur de musique jazz. Cependant, c’est dans le blues et le rock que le petit Eric se complait, notamment sur les morceaux de Joan Baez et Odessa. Armé de sa première guitare à 7 ans, il rencontre Bob Dylan à 11 ans qui lui dit de jouer simplement, d’enlever tous les trucs trop sophistiqués. Il sort un premier album à 21 ans puis prendra son temps pour en fournir autre, avec notamment le succès Good Stuff en 1997, soit près de 26 ans plus tard. C’est d’ailleurs en France qu’il trouvera ses marques et son envie de faire du blues, prouvant aussi son amour pour la France. Et à partir de là, le bluesman va fournir quasiment un à deux albums par année. Blues People est son vingt-cinquième album et il part d’un concept alléchant, rendre hommage à Martin Luther King et notamment à son discours I have a Dream. Cependant, le skeud sera moins enchanteur à l’écoute.

L’album démarre avec Silver Spoon en duo avec un certain Popa Chubby, autre bluesman ultra connu en France et presque inconnu dans son propre pays outre Atlantique. Si le titre est purement blues, avec un rythme lent et une guitare prédominante, il n’en reste pas moins que rien de bien étonnant n’en ressort hormis la guitare électrique en fond. Et c’est le principal problème de cet album qui sera intéressant et globalement bon techniquement, mais qui manque cruellement d’idées et d’ambition. En effet, quasiment tous les titres sont d’une lenteur lénifiante et manque de variété. Par exemple, God’s Mojo tient plus du piano lounge que du blues et Rosewood demeure le titre le plus chiant de tout l’album à cause d’une redondance dans la rythmique et d’une volonté de faire trop dans la douceur et l’émotion. Seulement, cela ne prend pas car il manque de l’intensité. On peut aussi citer Where Do We Go en duo avec Leyla McCalla qui manque de folie et d’une envie de faire autre chose que du blues à papy, lent et sans aucune variation dans les mélodies. Mais le pire dans tout ça, c’est que cette sensation perdure durant tout l’album, même pendant les titres beaucoup plus sympathiques brassant d’autres styles.

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Car Eric Bibb n’est pas un fainéant et encore moins un idiot et fournit une jolie brochette de titres plus intéressants que le reste, essayant d’aller vers autre chose que le blues pépère. Le morceau le plus signifiant est bien sûr Home en duo avec Andre De Lange, qui fait une référence à l’Afrique, continent d’origine du chanteur, avec des rythmiques africaines, mais on peut aussi parler de I Heard the Angels Singin’ avec Jean-Jacques Milteau et The Blind Boys of Alabama, un titre un poil plus pêchu que le reste et qui cherche ses origines vers un blues gospel plutôt attrayant. Quant à Dream Catchers avec Harrison Kennedy et Ruthie Foster, on va aller plus vers le blues rock, tout en gardant en tête qu’il ne faut pas trop fournir d’efforts pour partir plus loin. Et c’est vraiment le plus dommage au sein de cet album, c’est que l’on sent une certaine facilité et une volonté, encore une fois, de ne pas aller plus loin pour surprendre. Ainsi, on a la sensation qu’Eric Bibb se repose sur ses lauriers et est allé trop vite pour sortir un nouvel album, seulement un an avant le précédent. Néanmoins, le bluesman ne nous avait pas convaincu avec son album de 2012, avec les mêmes défauts, à savoir une rythmique trop lente et une redondance dans les mélodies. D’ailleurs, il suffit d’écouter Silver Spoon et Turner Station pour se rendre compte que les riffs sont sensiblement les mêmes.

Au final, Blues People est un album assez décevant sans pour autant être un échec complet. Redondant et sur la même tonalité, il manque clairement de la folie dans ce skeud, mais le bluesman se sauve avec des titres moins conventionnels, plus référencés, possédant une réelle identité. Cependant, même après plusieurs écoutes, l’album ne laisse rien d’indélébile, signe d’un album auquel il manque cruellement quelque chose pour pleinement convaincre.

  1. Silver Spoon feat Popa Chubby
  2. Driftin’ Door to Door
  3. God’s Mojo
  4. Turner Station
  5. Pink Dream Cadillac
  6. Chocolate Man feat Guy Davis
  7. Rosewood
  8. I Heard the Angels Singin’ feat J.J. Milteau & The Blind Boys of Alabama
  9. Dream Catchers feat Harrison Kennedy & Ruthie Foster
  10. Chain Reaction feat Glenn Scott
  11. Needed Time feat Taj Mahal, The Blind Boys of Alabama & Ruthie Foster
  12. Out Walkin’
  13. Remember the Ones feat Linda Tillery
  14. Home feat Andre De Lange
  15. Where do we Go feat Leyla McCalla

Note: 10/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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