avril 20, 2024

Beyoncé – Lemonade

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Avis :

Le monde de la musique se construit assez vite des icônes, et peu importe le style ou le genre. Si le rock est un domaine privilégié pour les grandes stars comme Jim Morrison, David Bowie, Freddy Mercury ou encore Lemmy Kilmister, le rap et la musique urbaine n’est pas en reste avec bien sûr 2Pac mais aussi Snoop Dogg et consorts. Et que l’on aime ou pas ce genre de musique, force est de constater que lorsqu’un artiste perdure et impose sa figure comme une référence du genre, c’est que c’est techniquement irréprochable et que l’ensemble tient la route. Alors certes, il y a des déceptions lorsqu’un artiste sort un album soit redondant, ne prenant pas de risque, soit à contre-courant de ce qu’il fait d’habitude, se mettant à dos ses fans, mais globalement, lorsqu’un icône sort un skeud, c’est toujours un évènement. Et Beyoncé est une icône moderne de la musique urbaine et du R’n’B. Révélée avec les Destiny’s Child, réussissant une carrière solo remarquable, mariée à Jay-Z grand rappeur et producteur malin, la belle a toujours mené une carrière époustouflante, sans aucun temps mort, même lors de la naissance de ses enfants. Mais comment créer la surprise lorsque l’on a atteint les sommets de sa carrière ? Tout simplement en sortant un album inattendu, sans prévenir personne, sans faire de promo autour, et en en faisant un concept, avec un documentaire. Car Lemonade, sixième album de Beyoncé, est bien un album surprenant par ses choix, ses genres brassés et sa polyvalence.

Le skeud part pourtant assez mal avec Pray You Catch Me, un titre introductif sans trop de saveur et réutilisant les codes du R’n’B pour n’en tirer aucune subtilité. C’est mignon, il y a un piano, des ajouts électro, une jolie voix en chœur histoire de faire un poil gospel, mais cela reste relativement pauvre au niveau de la production. Beyoncé se contente de faire ce qu’elle sait faire, dans un rythme assez lent, plutôt joli, mais qui ne reste pas en tête. La suite sera d’ailleurs du même acabit malgré une rythmique plus aboutie et presque un peu plus enfantine. Hold Up se veut ragga, on y ressent une pointe de Rihanna début de carrière, mais ça reste sans surprise et même si l’ensemble est propre avec la belle voix de la chanteuse, on reste sur quelque chose de lénifiant et qui n’apporte rien au genre et rien à la notoriété de Beyoncé. Et c’est là l’un des problèmes majeurs de l’album, qui accumule des titres soit inutiles, soit trop complaisants envers des fans qui ne demandent rien d’autres que ce qu’ils aiment, sans jamais demander à la chanteuse de prendre des risques. On peut onc citer Sorry, titre transparent par excellence avec ses sonorités électro ou encore 6 Inch en duo avec The Weeknd, qui passé une intro intéressante ne tient pas la route pour aller se jeter sur le bas-côté des musiques mercantiles.

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Fort heureusement, la chanteuse arrive en trois titres à imposer sa patte et à prouver qu’elle est bien la reine du R’n’B. En effet, elle a su s’entourer d’artistes en vogue et talentueux, à l’image bien entendu de The Weeknd qui fait d’ailleurs tout le boulot sur le titre 6 Inch. En premier lieu, Don’t Hurt Yourself sera un grand pas en avant, avec une voix trafiquée en arrière-plan laissant plus de chant à une ligne de basse parfaite et une guitare électrique omniprésente. En duo avec Jack White, le génie du rock contemporain, elle livre un morceau pêchu, très rock, et montre qu’avec son voix, elle peut tout faire, insufflant une énergie folle dans un titre qui vaut amplement son coup d’oreille. On notera aussi son association avec Kendrick Lamar, rappeur à succès du moment, sur le très efficace Freedom. Mix parfait entre Soul et R’n’B, le morceau est entêtant et le refrain se mémorise très rapidement, en fisant un hit immédiat d’une grande efficacité et surtout d’une grandiloquence qui manquait dangereusement à ce skeud. Enfin, difficile de ne pas revenir sur le meilleur titre du skeud, à savoir Daddy Lessons. Originaire du Texas, la belle n’a pas hésité à rendre hommage à son état d’origine en livrant un titre acoustique du plus bel effet, lorgnant du côté rock et country pour un moment de grâce incroyable, prouvant encore une qu’elle peut tout faire. C’est d’ailleurs assez hallucinant de noter que les meilleurs titres sont ceux qui sont joués avec de vrais instruments et que finalement, les morceaux les plus faibles sont ceux avec des ajouts électro sans intérêt et rétrogrades.

Au final, Lemonade, le sixième album de Beyoncé, est plutôt une bonne surprise alors qu’il partait sur des bases fragiles. Si l’on retire les quelques titres sans intérêt qui sont faussement hypes, on retiendra surtout trois titres qui sauvent l’album du naufrage, mais montrent un talent incroyable qui se perd un petit peu dans la facilité commerciale. Mais qu’importe, Beyoncé fait ce qu’elle veut et cet album en une preuve indéniable, avec tout ce qui fait sa culture et sa force. Un album hybride intéressant à plus d’un titre qui brasse différents styles sans jamais paraître hors de propos. Bref, un album intelligent, à l’image de la carrière de la chanteuse.

  1. Pray You Catch Us
  2. Hold Up
  3. Don’t Hurt Yourself feat Jack White
  4. Sorry
  5. 6 Inch feat The Weeknd
  6. Daddy Lessons
  7. Love Drought
  8. Sandcastles
  9. Forward feat James Blake
  10. Freedom feat Kendrick Lamar
  11. All Night
  12. Formation

Note: 14/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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