mars 29, 2024

Blue Velvet

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De: David Lynch

Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper, Laura Dern

Année : 1987

Pays : Etats-Unis

Genre : Policier

Résumé :

Épaulée par son amie Sandy, Jeffrey, un jeune homme, mène son enquête concernant une oreille humaine trouvée dans un terrain vague. Il croise sur son chemin Dorothy Vallens, une mystérieuse chanteuse de cabaret.

Avis :

« Mulholland Drive« , « Twin Peaks« , « Sailor et Lula« , « Elephant Man » « Blue Velvet« … David Lynch est l’un des réalisateurs les plus emblématiques, intéressants, accomplis, mais aussi énigmatiques de ces trente dernières années. Naviguant dans un univers qui ne ressemble à aucun autre, le réalisateur fascine par son aura, son audace, son style génial et finalement son génie. Qu’on aime ou pas le cinéma de David Lynch, une chose est sûre, le réalisateur ne laisse personne indiffèrent.

Alors qu’il vient de livrer au monde du cinéma sa vision du roman « Dune« , David Lynch ne perd pas de temps et revient moins de deux ans après pour livrer l’un de ses meilleurs films. Plaçant sa caméra dans une petite banlieue bourgeoise, avec « Blue Velvet« , David Lynch offre un film fort, hypnotique et très intéressant de par le portrait qu’il dresse des habitants de cette bourgade. « Blue Velvet » marque aussi sa deuxième collaboration avec le génial Kyle MacLachlan pour notre plus grand plaisir.

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Un après-midi, alors qu’il vient de rendre visite à son père hospitalisé, sur le chemin du retour, Jeffrey trouve dans un terrain vague une oreille humaine. L’apportant à la police, il va apprendre par la fille du chef de la police, que cette affaire pourrait avoir un lien avec une certaine Dorothy Vallens. Intrigué et aidé de Sandy, la fille du chef de la police, Jeffrey va alors mener son enquête de son côté. Mais très vite, il va se retrouver embarqué dans une affaire étrange et dangereuse.

Bien souvent considéré comme l’un de ses plus accessibles, « Blue Velvet » n’en restera pas moins un film d’une complexité affolante, dont il faudra plusieurs visions (comme souvent chez Lynch) pour être sûr d’en avoir vu et compris toutes les subtilités.

Jouissant d’un scénario pointu et sous tension, « Blue Velvet » est un film qui fascine autant qu’il peut mettre extrêmement mal à l’aise. Plaçant sa caméra dans une petite bourgade tout ce qu’il y a de plus tranquille, David Lynch va alors réaliser un film sur les apparences. L’ouverture, même si elle est très courte, est absolument extraordinaire, car tout le film sera l’opposé même de cet enchaînement de plans définissant la perfection et la tranquillité. Cette vision idyllique de départ ressemble même à un rêve, trop belle pour être vraie, que ce soit dans ses couleurs ou les images qu’elle véhicule et Lynch la casse très vite avec la crise du père.

Et une fois cette crise passée, « Blue Velvet » sombre dans une tension de tous les instants, car derrière les sourires, les beaux jardins, les belles façades, peut se cacher un monde violent, faux et pervers. Un monde que Lynch va horriblement sublimer de par son œil incroyable. « Blue Velvet » est aussi bien une terrible descente en enfer qu’un drame et une enquête psychologique, ainsi qu’un parcours initiatique pour son personnage principal qui va passer de manière très subtile du monde de l’innocence (enfance) à celui d’une réalité (adulte) sombre. Le scénario est d’une habileté géniale, car il nous met en quelque sorte à la même hauteur que le personnage joué par Kyle MacLachlan. Nous aussi, on est intrigué par la découverte de cette oreille. Nous aussi, on est ébloui, charmé et captivé par la sensuelle Isabella Rossellini chantant « Blue Velvet » comme personne. Comme Kyle MacLachlan, on frémit à l’idée de découvrir le secret qu’elle cache et comme le personnage, on reste choqué de la violence et de la perversité qu’on découvre. Et derrière cette robe de velours, derrière la scène, loin dans les coulisses, se trouve en réalité un film d’une noirceur extrême qui nous oppressera à chaque moment. Et une fois entré en coulisses, il sera bien impossible d’arrêter « Blue Velvet« . Une fois entré dans ce monde, David Lynch, même s’il nous met très mal à l’aise, ne nous lâchera plus. Et c’est avec beaucoup de fascination qu’on se laisse porter dans une intrigue captivante, imprévisible, au suspens parfois insoutenable. Un suspens d’autant plus rude et tenu car on est chez Lynch et qui sera bien impossible de savoir comment cela peut se finir.

Le sentiment de mal-être qu’on ressent face à ce film est amené par l’intrigue, mais aussi renforcé par la mise en scène de Lynch qui ne fera rien pour que l’on se sente vraiment en sécurité. Parfois « tranquille », d’autres fois sensuel, charnel, il est capable en quelques plans de passer à un tout autre film. Un tout autre environnement, quelque part entre le rêve (la musique est incroyable) et la réalité. C’est même terrible, car Lynch nous fait douter.

« Blue Velvet » est porté par des acteurs incroyables. Ce qui est excellent, c’est que le film et cette enquête sont portés par un personnage simple qui ressemble à monsieur tout le monde et c’est Kyle MacLachlan qui hérite du rôle. L’acteur qui n’en est qu’au début de sa carrière démontre déjà un charisme et un talent fou. On suit avec crainte et amour ce pauvre Jeffrey Beaumont qui affronte les névroses, les craintes et les troubles d’une Isabella Rossellini parfaite ou un Dennis Hopper qui a rarement été aussi flippant. « Blue Velvet » marque la première collaboration entre Lynch et la belle Laura Dern qui joue parfaitement l’innocence. D’ailleurs, c’est assez drôle de voir le héros tiraillé entre l’innocente blonde et la pulpeuse et perverse brune. David Lynch réserve un bon petit rôle pour Dean Stockwell, ainsi que des apparitions pour Brad Dourif ou le fidèle Jack Nance.

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Une mise en scène imprévisible, une intrigue parfaite, un portrait glaçant, une ambiance stressante, une BO terrible et des acteurs incroyables, « Blue Velvet » est bien plus que ce que je n’imaginais. Dérangeant, noir, glauque, malsain, David Lynch nous entraîne dans un film virulent, complexe et fascinant qui à force d’intensité, de mystère et de tension, emmène petit à petit le spectateur qui le regarde vers le chef d’œuvre indémodable que le film est.

Note : 20/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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