mars 19, 2024

La Bibliothèque Perdue de l’Alchimie – Marcello Simoni

la-bibliotheque-perdue-de-l-alchimiste-523039

Auteur : Marcello Simoni

Editeur : Michel Lafon

Genre : Thriller Esotérique

Résumé :

Printemps 1227, Blanche de Castille, la reine de France, disparaît soudainement sans laisser de trace. Aussitôt, la rumeur d’une intervention du Diable se répand à travers le royaume. Afin d’éviter une crise politique et sociale sans précédent, le roi convoque Ignace de Tolède pour mener l’enquête. Ce marchand de reliques, aventurier à la réputation sulfureuse, découvre rapidement que de sombres secrets se cachent derrière la mission royale. En effet, le destin de la souveraine semble étroitement lié à La Tourbe des philosophes, un étrange manuscrit qui suscite de terribles convoitises : attribué à un disciple de Pythagore, il recèlerait le Mystère de l’alchimie… Commence alors, pour Ignace et ses fidèles compagnons, une périlleuse et palpitante quête pour retrouver l’ouvrage. Une quête qui les mènera jusqu’à un château gouverné par des forces obscures prêtes à tous les sacrifices pour préserver leur trésor. Quand l’histoire et l’ésotérisme rencontrent le thriller… prêtes aux pires sacrifices pour préserver leur trésor.

Avis :

L’alchimie est à l’origine de bien des spéculations et autres mystères qui entourent des pratiques obscures ; du moins pour le profane qui connaît peu de chose dans le domaine. La quête de la pierre philosophale, la transmutation du plomb en or, l’élévation mystique avec une symbolique hermétique… Les thèmes sous-jacents et les personnages associés à l’alchimie sont nombreux, pour ne pas dire inépuisables. Après Le marchand de livres maudits, Marcello Simoni nous conte une nouvelle aventure d’Ignace de Tolède. Cette plongée dans l’histoire s’avère-t-elle aussi flatteuse que son illustre prédécesseur ?

Vingt-deux années séparent les événements des deux romans. Nous nous situons donc en 1227 où les croisades contre les hérétiques et particulièrement les Cathares ravagent le sud de la France. Une campagne qui trouvera son dénouement au siècle suivant avec l’éradication pure et simple de ce courant du christianisme. Cette effervescence sur le plan religieux, l’auteur la dissémine au fil des pages avec une reconstitution historique appuyée et méticuleuse. La religion exerce son influence sur le pouvoir en place et s’accapare une importance non négligeable sur les décisions politiques prises.

En ce sens, le contexte est développé avec soin en mêlant habilement des intervenants qui ont réellement existé à des personnages fictifs. Cette méthode permet d’offrir à l’intrigue un réalisme qui l’ancre dans une époque faite de peur, de rumeurs et d’expéditions punitives arbitraires. S’attarder sur cet élément est essentiel pour reconstituer l’atmosphère délétère qui souffle sur la France du XIIIe siècle. Toutefois, Marcello Simoni a parfois tendance à trop s’appesantir sur des points de détails en délaissant son sujet principal. Quelques errances éparses qui n’entachent toutefois pas une progression somme toute dynamique.

L’aspect ésotérique qui entoure l’alchimie arrive assez tardivement (en milieu de parcours) avec la recherche d’un mystérieux manuscrit qui intéresse notre singulier marchand de livres : la Turba philosophorum (ou tourbe des philosophes). Un recueil sibyllin de premier ordre dont il ne subsiste, à l’heure actuelle, que quelques fragments de l’édition originale. On regrette que la mise en place soit plus laborieuse que dans le premier volet pour se pencher vers un traité célèbre dans son domaine, mais peu usité dans le thriller ésotérique, encore moins familier pour le grand public. Toutefois, la manière d’explorer les méandres de l’alchimie et ce qu’elle sous-tend rappelle celle employée par Glenn Cooper pour Le livre des morts et ses deux suites respectives.

On apprécie également une nette évolution dans la caractérisation. Etant donné que plus de deux décennies séparent le tome 1 du présent ouvrage, les personnages connus ont vieilli et, si certains de leurs traits persistent envers et contre tout, le poids des âges s’en fait ressentir. À cela, on ajoute de nouveaux protagonistes pour obtenir un panel assez éclectique où la complémentarité des compétences permet à l’intrigue d’avancer. On notera un petit effort sur les antagonistes qui bénéficient de justifications et de motivations plus complexes qu’à l’accoutumée.

Au final, La bibliothèque perdue de l’alchimiste est un thriller historico-ésotérique presque aussi bon que son prédécesseur. Cette suite prévaut par un traitement érudit sur l’époque et le contexte qui l’entoure. Marcello Simoni parvient à retranscrire la France du XIIIe siècle de fort belle manière, mais, rare reproche qu’on puisse lui incomber, il aurait tendance à trop s’attarder dans des relations et conflits politiques secondaires. Il n’en demeure pas moins que le récit est énergique et entraînant, surtout quand il évoque la Turba philosophorum, ainsi que les mystères alchimiques. Un deuxième opus moins surprenant que le premier roman, mais tout aussi fascinant et immersif si tant est que l’on s’intéresse à cette période historique et à l’ésotérisme.

Note : 15/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.