avril 24, 2024

Dick Annegarn – Vélo Va

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Avis :

La langue française semble être une langue fort appréciée pour la chansonnette. Outre l’anglais qui permet une exportation vers d’autres pays afin de vendre plus d’albums, certains artistes ont fait le choix de chanter dans la langue de Molière afin de jouer avec les mots et de fournir des textes plus fouillis, brassant des thèmes graves ou touchants. De ce fait, on retrouve parmi les chanteurs français des artistes venus d’autres pays, comme Mike Brant, Dave ou encore Dick Annegarn. Bien moins connu que les deux chanteurs cités auparavant, il en est pourtant à plus de quarante ans de carrière et connait un succès constant à chaque sortie d’albums. Né à La Haye, d’origine néerlandaise mais ayant vécu toute sa jeunesse à Bruxelles, Dick Annegarn est un électron libre dans la chanson française. Amoureux des mots et des joutes verbales (il organise d’ailleurs chaque année un festival des mots à Toulouse), il frôle l’insolence tant il est à l’aise avec les calembours et autres rimes riches, fournissant des morceaux poétiques et parfois enfantins. Vélo Va est son dix-septième album et il est un peu particulier. En effet, les dix morceaux qui composent ce skeud sont issus du répertoire du chanteur mais étaient destinés à d’autres chanteurs qui les ont refusés. Du coup, on est en droit d’être fébrile lorsque l’on pose ses oreilles sur cet album, surtout si d’autres artistes n’ont pas accepté de mettre en voix les titres qui le composent. Et malgré l’accueil chaleureux des critiques spécialisées, on reste plutôt dubitatif sur ce disque très court (à peine plus d’une demi-heure) et qui ne semble pas avoir de fil rouge intéressant.

Le skeud débute avec Oracle. Plutôt sympathique comme entrée en matière au niveau de l’instrumentalisation, mélangeant guitare sèche et violon, le morceau est pourtant assez obscur au niveau des paroles. Si les jeux de mots vont bon train et que l’ensemble demeure singulier, on ne sait pas vraiment ce que raconte l’auteur et quel intérêt cela apporte. Certes, bien souvent ce n’est pas ce que l’on écoute en premier, la mélodie prévalant sur les textes, mais en chanson française, les thématiques sont importantes et font partie intégrante de la musique. On peut difficile imputer à Dick Annegarn une écriture à la limite de l’indécence comme trop souvent dans la pop frenchy, bien au contraire, l’auteur semble inspiré et brasse des thèmes intéressants, mais qui sont trop brouillons et mélangés dans un album qui n’arrive jamais à être constant. Et cela que ce soit dans les textes ou dans les mélodies. Oscillant constamment entre des moments très légers et presque enfantins (Vélo Vole) et d’autres plus graves et lourds (Karlsbad), l’auteur veut trop en faire et livre quelque chose de vraiment trop inconstant.

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Certes, varier les styles, les thèmes et les mélodies au sein d’un album est important, mais encore faut-il qu’il y est une vraie marque de l’auteur. Là, outre la voix du chanteur, relativement particulière, roulant les r et avec un fort accent, on se retrouve avec des titres qui sont trop à l’opposé l’un de l’autre. Entre la gaieté de titres comme Je Cherche ou Bonjour, et la morosité de morceaux à l’image de Pire ou Karlsbad, on se retrouve dans un univers trop différent, trop éloigné l’un de l’autre pour pleinement convaincre. Il semblerait que l’auteur se soit contenté d’enchainer les titres refusés par les autres artistes sans pour autant chercher un liant intéressant et salvateur. Enfin, difficile aussi de ne pas ressentir une certaine fainéantise sur certaines pistes. Si l’instrumentalisation se révèle de bonne facture bien qu’un peu redondante, Dick Annegarn fournit sur certains titres le minimum syndical. Prune est certainement le titre le plus ennuyeux de l’album, ressemblant à une comptine pour enfant avec un simple xylophone et des phrases plus ou moins complexes qui n’ont que peu de sens. Il y a aussi Brahim Alham, morceau sur un tirailleur français, se voulant ethnique avec son simple derbouka, mais qui devient vite redondant et pénible.

Au final, Vélo Va, le dernier album en date de Dick Annegarn n’est pas forcément une bonne surprise et ne mérite pas forcément toutes les éloges que l’on peut entendre sur lui. Si dans son ensemble, on ne peut pas dire que l’auteur ait une mauvaise plume, il semble juste que l’album manque de liant entre ses morceaux pour devenir un véritable objet intéressant et non pas un objet marketing et de frustration pour l’auteur, chantant des textes refusés par d’autres et qui seraient tombés dans l’oubli. Bref, un album décevant malgré une écriture ciselée.

  1. Oracle
  2. Vélo Vole
  3. Karlsbad
  4. Je Cherche
  5. Prune
  6. Bonjour
  7. Un Enfant
  8. Piano Dans l’Eau
  9. Brahim Alham
  10. Pire

Note : 08/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=RePcThSawYg[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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