avril 23, 2024

Belle Starr Story

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Titre Original : Il Mio Corpo Per un Poker

De : Lina Wertmüller

Avec Elsa Martinelli, Robert Woods, George Eastman

Année: 1968

Pays: Italie

Genre: Western

Résumé:

La belle rousse Belle Starr joue une partie de poker avec le bandit Larry Blackie. Ayant tout perdu, elle lui cède une nuit d’amour. Belle Starr se révèle être elle aussi une hors-la-loi, et va doubler Blackie sur un vol de diamants. A partir de là, les deux bandits vont rivaliser et jouer à qui exécutera le meilleur coup.

Avis :

Si depuis des lustres le western est dominé par les Etats-Unis, c’est dans les années 60 que l’Italie décide de rivaliser avec ce qui va se nommer le western spaghetti. Bien évidemment, Sergio Leone sera le fer de lance de cette révolte, mais il ne sera pas le seul, puisque Corbucci ou encore Margheriti suivront de très près. Mais ce qu’il y a de moins conventionnel, c’est de voir une femme derrière la caméra et en héroïne de western. Commençant sa carrière en 1963 avec I Basilischi, c’est en 1968 que Lina Wertmüller décide de tourner un western avec une héroïne et non pas un cowboy. Belle Starr Story sera l’occasion de montrer un western différent, abordant le thème difficile de la place de la femme au sein de la société, mais aussi et surtout au sein du cinéma au sens large. Car Belle Starr Story ne sera pas qu’un western, mais un tollé féministe assumé au sein d’une histoire un peu trop tranquille.

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Dès sa scène d’introduction, Belle Starr Story marque sa différence. Une simple partie de poker va vriller en demande de coucherie, voire même de viol presque assumé. En effet, l’héroïne, qui a tout perdu, lance comme dernier atout une nuit avec son adversaire. Faisant exprès de perdre, on ressent une histoire de vengeance, mais il en sera tout autre. D’abord contre ce rapport sexuel, un peu secouée, elle se laisse faire et va commencer à narrer son histoire à cet homme qui sera lui aussi un hors-la-loi. Et c’est à partir de là que va commencer une narration éclatée qui sera plutôt sympathique, mais qui va surtout marquer un manque flagrant d’imagination dans son fil rouge. Les nombreux flashbacks sont trop omniprésents, gâchant un petit peu l’élément essentiel du film, le braquage d’une banque de diamants.

Et c’est bien dommage car le film détient quelques scènes agréables et un peu à contre-courant des westerns habituels. Déjà de par la présence féminine forte, mais aussi et surtout par les relations entre les personnages, cachant tous leur jeu et ne révélant leur nature que bien après pour tromper un autre protagoniste. D’autant plus que le film demeure hyper dynamique, offrant assez peu de moments plats, hormis lors des flashbacks qui sont souvent inutiles ou peu utiles à l’intrigue principale. On sent une réelle volonté d’approfondir le personnage féminin et de lui donner plus d’ampleur qu’aux autres, mais ce n’est pas en donnant les origines d’un prénom que le personnage gagne en épaisseur.

Et c’est là que le film perd de son intensité, à toujours vouloir remettre en avant un personnage qui n’a pas forcément besoin de cela, le charme d’Elsa Martinelli suffisant. Mais le plus douteux, c’est que le film n’arrive jamais à se positionner sur le rôle de la femme au sein de la société mais aussi au sein de l’industrie cinématographique. Ayant toujours un coup de retard, se faisant toujours avoir et presque abuser par les hommes, le film, dans sa volonté de présenter une femme forte, ne fait que montrer ses faiblesses et n’arrive jamais à se sortir d’un carcan presque misogyne. Et si cela est un peu à l’image de l’époque, avec une domination masculine évidente, il est dommage que Lina Wertmüller n’arrive pas à replacer la femme dans une vraie position de force, tenant tête aux hommes et gagnant à chaque fois. Alors certes, il y a une fusillade dans un bar, mais elle s’en sort grâce à l’aide de plusieurs hommes. Encore une fois, cela prouve la vision de la femme qu’a la réalisatrice, n’arrivant jamais à la laisser seule et victorieuse.

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Au final, Belle Starr Story n’est pas un mauvais film, au contraire, il détient un charme certain et arrive à n’être jamais statique de par une narration éclatée et des moments bien nerveux. Le problème vient surtout des flashbacks qui ne servent à rien et desservent le fil rouge et d’une vision très machiste de la femme au sein du film, qui est assez révélateur de la place de la femme dans la société, tout du moins dans les années 60. Bref, un film plutôt agréable, mais qui reste douteux dans son message et qui ne place pas vraiment la femme comme héroïne mais presque comme victime dans un milieu trop masculin.

Note : 13/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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