avril 25, 2024

Grace The Possession – First Person Horror

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De : Jeff Chan

Avec Alexia Fast, Alexis Knapp, Lin Shaye, Alan Dale

Année : 2014

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Grace est une jeune fille catholique de 18 ans dont la pureté disparait au profit d’une entité démoniaque. Ce démon consumera-t-il la jeune fille ?

Avis :

La forme peut-elle se substituer au fond dans le milieu cinématographique ? Il faut dire que les exemples sont nombreux et certains réalisateurs se sont faits experts dans le genre contemplatif. Terrence Malick est l’un de ses plus grands ressortissants, mais en dehors d’un cinéma hype pour bobos, certains farfelus essayent de vendre de la merde sous couvert d’une réalisation originale ou peu conventionnelle. Et le milieu de l’horreur est un endroit privilégié pour les premiers crashs tests, étant donné que c’est un genre très ouvert et qu’il ne coûte en général pas cher. C’est comme cela que l’on a vu l’avènement du found-footage, tout d’abord au travers du Projet Blair Witch, puis par la suite avec Paranormal Activity et tous ses rejetons. Cependant, cette forme a très vite montré ses limites et ne profite à un fond intéressant ou dénonçant quoi que ce soit. Même les histoires racontées deviennent à la limite de la décence, tant ce format empêche un développement intéressant. C’est alors que depuis quelques temps, deux films ont fait parler d’eux, Hardcore Henry et Pandemic. Leur originalité ? Etre filmé intégralement à la première personne, à la manière d’un jeu vidéo FPS. Sauf qu’avant le buzz lancé par les deux premières bandes-annonces, tout le monde a oublié qu’un petit film d’horreur sorti en 2014 aux States utilisait déjà ce principe, et que malheureusement, ça ne volait déjà pas bien haut.

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Grace The Possession est comme son titre l’indique un film d’horreur sur une énième possession d’une jolie jeune fille. Sauf que l’originalité viendra clairement de sa forme, puisque l’intégralité du film sera à la première personne, le spectateur ne voyant le métrage qu’à travers les yeux de la jeune fille. Procédé intéressant, qui pourrait, ou tout du moins qui voudrait, que le spectateur se projette en entier dans le personnage, comme dans un jeu vidéo. Sauf que le cinéma n’est pas le même médium que le jeu vidéo, et même si les deux domaines s’inspirent mutuellement, certaines choses marchent chez l’un et pas chez l’autre. Et très clairement, cette vue subjective ne marche absolument pas dans le cinéma et cela pour plusieurs raisons. En premier lieu, dans le domaine vidéoludique, on joue le personnage, on gère ses déplacements et ses actions, ce qui fait que l’on rentre vraiment dans la peau du personnage, puisque l’on influe directement sur l’histoire. Or, dans le cinéma, le spectateur ne choisit pas ce que va faire l’héroïne, il va être sur un rail et suivre les évènements en cours sans jamais intervenir. Et c’est là la première faiblesse de ce métrage, puisqu’il n’y a pas vraiment d’identification, alors que c’est ce qui est souhaité.

Deuxièmement, ce qui surprend dans un jeu vidéo de type FPS axé horreur, c’est le surgissement de monstre dans le champ de vision. En effet, comme dans le film (la forme est bien maîtrisée, on ne peut pas lui enlever ça), ce que l’on voit est limité au champ de vision du personnage que l’on suit. De ce fait, le seul moyen d’obtenir de la peur, ou tout du moins des effets de peur, c’est de lancer des scare jumps au sein d’une ambiance malsaine. Encore une fois, c’est raté avec Grace The Possession qui va essayer de décrire le quotidien d’une jeune fille qui se perd petit à petit à cause d’un démon. Le film se base uniquement sur des effets de miroir ou de cauchemars et n’arrive jamais à sortir d’un carcan prévisible. Alors certes, on peut féliciter la prouesse technique lorsque la jeune fille se regarde dans un miroir que l’on ne voit aucune caméra, mais le film manque clairement d’envie pour exploiter au max cette nouvelle façon de filmer.

Reste l’histoire sur laquelle on peut peut-être se rattraper, mais on n’échappera pas aux poncifs du genre, entre blessures au bide, cauchemars hallucinés ou visions terrifiantes de sa métamorphose dans un miroir, Grace The Possession reste dans des clous visiblement trop bien plantés. Et c’est bien dommage car malgré le vide abyssal qui habite le scénario et une fin qui part complètement en eau de boudin, la forme est bien maîtrisée et se veut plus lisible qu’un found-footage. Certes, ce format enferme le film dans des essais de style un peu hasardeux, comme des coupures qui viennent de l’endormissement ou de plusieurs malaises de la part de l’héroïne, mais la caméra reste fixe, hormis un moment quand Grace galope dans les bois, et l’ensemble demeure plutôt bien foutu sur la longueur du film et le twist final qui montre que l’on ne suit pas forcément qui l’on croit. Et puis à défaut d’avoir une histoire originale, le film présente deux actrices dont le talent tient plus du physique que de la comédie, à savoir la mignonette Alexia Fast qui joue la possédée et la bombe anatomique Alexis Knapp (déjà vue dans The Anomaly de Noel Clarke) qui risque fort de faire de l’ombre à Megan Fox ou Alexandra Daddario dans les brunes aux yeux clairs.

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Au final, Grace The Possession ose le pari du film à la vue subjective au nez de tout le monde, devenant l’un des précurseurs de ce genre (il faut savoir que le tout premier est La Dame du lac de 1947, un film noir) qui, on l’espère, ne deviendra pas un effet de mode comme l’est encore un petit peu aujourd’hui le Found-Footage. Il en résulte un film pataud, pas désagréable, mais vide de sens et d’intérêt, racontant encore et toujours la même chose sur un cas de possession très classique. Bref, hormis une forme originale, le film ne se sauve pas à cause d’une histoire banale et n’arrive à aucun moment à susciter soit de l’angoisse, soit du spectaculaire. Comme quoi, le jeu vidéo FPS a encore de beaux jours devant lui avant que le cinéma ne lui pique ce concept avec brio.

Note : 07/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=TfiAdwsiddw[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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