avril 19, 2024

Angel Olsen – Burn Your Fire For No Witness

6a00d8341c737e53ef01a3fcbc4635970b

Avis :

Il n’y a pas si longtemps, certains journalistes se posaient la question de la place du métal dans la culture de masse et les médias. Le constat était sans appel, petit à petit, ce genre musical disparait des écrans et des radios au profit d’un malaise radiophonique plus rentable mais beaucoup moins original. Mais qu’en est-il des autres genres hors pop ? Parce qu’hormis une musique électro doucereuse et du rap pour pseudo racailles, les médias de masse n’ont rien à proposer d’autres, dans un souci d’argent et d’audimat. Et le métal n’est pas le seul à disparaitre, la folk, bien que plus résistante car plus écoutable pour certains, est en train de suivre le même chemin que ses confrères chevelus et pour découvrir de nouvelle voix, de nouveaux sons, il faut farfouiller les recoins du net ou aller se plonger dans les bacs d’un disquaire indépendant, bien loin des gros fournisseurs dont les vendeurs n’y connaissent rien. Angel Olsen est une jeune femme américaine qui officie depuis peu dans la folk américaine indépendante et qui a livré son premier album en février 2014, sans pour autant trouver le chemin des ondes radios alors qu’elle a déjà collaboré avec des poètes marquants de la scène américaine ou encore des Wilco, groupe important de la scène folk. Burn Your Fire For No Witness est son premier album, et même s’il reste très monotone sur son ensemble, il recèle une saveur particulière, une sonorité insidieuse qui ne lâche son auditeur que sur la toute fin.

C’est un album assez étrange que nous propose Angel Olsen puisqu’il ce qui fait sa force est aussi sa faiblesse. Deux choses ressortent vraiment de l’écoute intégrale du skeud, c’est la voix de la chanteuse, qui est très mature, presque chevrotante et qui se marie parfaitement avec la folk qu’elle propose, et une rythmique très lente, qui parfois s’emballe, pour lorgner vers le surf rock, mais sans pour autant s’enflammer et sortir du carcan qu’elle s’impose. Et si le résultat est très étrange lors d’une première écoute, la structure même de l’album demeure un mystère. Il faut dire que la chanteuse a décidé de placer ses trois chansons les plus lentes et les plus austères à la fin de l’album, laissant celui qui l’écoute sur un gout amer de fin du monde et d’envie de suicide. Entre Dance Slow Decades et sa timidité maladive au départ, Enemy et ses cinq minutes sur ses trois accords lents ou encore Windows et son chant aérien sur la fin, autant dire que les festivités ne seront pas au beau fixe. Si le choix est étrange, on reste quand même dans quelque chose d’appréciable et de purement musical, à des années lumières d’une musique formatée et formalisée. Bien entendu, certains titres sont plus forts que d’autres, mais il y a un petit déséquilibre dans l’album, notamment avec des morceaux comme Iota, bien trop lents et trop peu marquants.

Angel Olsen Portrait Session

Cependant, la jeune chanteuse est assez intelligente pour arriver à accrocher son auditeur avec des titres lents, mais envoutants. Et c’est bien là le pouvoir de cette voix, qui attire l’oreille, l’accroche, pour le plus la lâcher. Le morceau le plus évocateur et le plus puissant est White Fire, un long titre dépassant allègrement les six minutes, sur une même rythmique apaisante, mais possédant une force d’attraction incroyable. Pour les sérievores, on pourrait croire entendre la chanteuse du bar dans la deuxième saison de True Detective. Mais ce n’est pas tout. Angel Olsen arrive aussi à calquer sa voix sur des rythmiques plus rapides et des morceaux plus courts, offrant donc des moments plus dynamiques, à l’instar de Forgive/Forgotten ou de Hi-Five, deux titres qui font écho au surf rock et aux années 60, référence légère au Beach Boys. De ce fait, ce premier album se révèle assez complet, bien que mal construit, puisque encore une fois, les morceaux les plus pêchus se trouvent en début d’album. Il en ressort une sensation bizarre d’épuisement et d’extinction sur la fin du skeud. Rien de bien méchant, mais cette structure interne est assez lassante et ne favorise pas une écoute attentive sur tout son long, la chanteuse ne variant les rythmiques, préférant partir fort pour constamment redescendre.

Au final, Burn Your Fire For No Witness, le premier album d’Angel Olsen est plutôt une bonne surprise et s’éloigne vraiment de ce que l’on l’habitude d’écouter, prenant vraiment des risques. Il s’agit d’un premier album intéressant, ayant ses faiblesses, dont une lenteur qui peut très vite lasser, mais aussi ses forces, dont une facilité à composer des mélodies accrocheuses et possédant un univers bien marqué. Bref, une folk américaine dépaysante, surprenante, parfois dépressive, mais qui a le mérite d’officier dans un genre que l’on n’entend pas assez.

  1. Unfucktheworld
  2. Forgive/Forgotten
  3. Hi-Five
  4. White Fire
  5. High & Wild
  6. Lights Out
  7. Stars
  8. Iota
  9. Dance Slow Decades
  10. Enemy
  11. Windows

Note : 14/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0CQSOoFlaxI[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.