mars 19, 2024

Un Visage Dans la Foule – Stephen King et Stewart O’Nan

Un-visage-dans-la-foule

Auteurs : Stephen King et Stewart O’Nan

Editeur : Brage

Genre : Fantastique

Résumé :

Depuis la mort de sa femme, Dean Evers trompe l’ennui de ses vieux jours devant les matchs de baseball à la télévision. Quand soudain, dans les gradins, il découvre au cœur de la foule un visage surgi du passé. Quelqu’un qui ne devrait pas être là, au stade… ni même parmi les vivants.

Soir après soir, Dean se laisse hypnotiser par les visages de ceux qu’il n’espérait – ou ne voulait – plus voir. Mais le pire est à venir…

Avis :

Tant dans le domaine du roman que de la nouvelle, Stephen King est l’un des auteurs contemporains les plus prolifiques en matière de littérature. Son nom est certes synonyme de best-sellers, de frissons et de promesses de vente (notamment, quand il s’invite sur la couverture de livres pour donner son avis), mais il n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de partager le devant de la scène pour une collaboration. On songe notamment au Talisman des territoires, coécrit avec Peter Straub, ou Plein gaz, avec son fils Joe Hill. Avec Un visage dans la foule, on demeure dans le domaine de la nouvelle et du fantastique en compagnie d’un fervent admirateur du célèbre auteur : Stewart O’Nan.

Autrement que se faire plaisir pour des romanciers aguerris, l’enjeu est bien réel puisqu’il faut composer une histoire intéressante et originale dans un format court ; pour ne pas dire éphémère dans le cas de figure présent. Malheureusement, on a bien du mal à aborder le vif du sujet. Les premières pages font preuve d’atermoiements où le personnage principal se voit confronter aux fantômes de son passé. En somme, l’idée n’est pas si mauvaise que cela, mais elle se dévoile trop tardivement pour l’apprécier comme il se doit. Le fait d’implanter des anecdotes semblables à de courtes histoires (des nouvelles dans la nouvelle ?) entre deux matchs de baseball rend la construction chaotique et redondante.

On passe en revue les connaissances et autres personnages de la vie d’Evers à la va-vite sans jamais les creuser réellement. Pire, leur place respective est inégale, voire injustifiée au sein des états d’âme d’un individu difficile à cerner. De plus, les transitions sont trop soudaines pour fluidifier la lecture. Il y a bien le baseball au centre de toutes les attentions pour donner un semblant de fil directeur au récit, mais l’on s’en désintéresse très rapidement si l’une des disciplines préférées des Américains vous laisse de marbre. Quant aux férus de ce sport, ils risquent de rester sur leur faim avec des matchs à l’emporte-pièce où l’on place quelques détails techniques pour contenter le quidam, en vain.

Et l’aspect fantastique ? Un peu trop discret, voire quasi inexistant pendant une bonne partie de l’histoire. Fantômes, purgatoires ou lieux hantés sont revisités sans grande conviction. Pas vraiment classique dans le sens où l’on s’attend à quelques séquences éprouvantes. D’ailleurs, on ne ressent nulle émotion dans une atmosphère dénuée d’angoisse ou de tout autre sentiment lié à la peur, à l’appréhension de l’inconnu et du surnaturel. L’axe principal du récit gravite autour du bilan d’une vie faite de regrets, d’erreurs et de négligence. Peu engageant quand on sait que la nouvelle délaisse parfois la caractérisation pour conserver un rythme énergique.

Au final, Un visage dans la foule s’avère des plus anecdotiques au regard de ce que peuvent nous offrir les deux auteurs (cela vaut aussi bien pour le roman que pour les recueils de nouvelles). Long à démarrer, structure répétitive qui favorise l’ennui en place de la curiosité, personnages trop furtifs qui suscitent peu d’intérêt, la collaboration de Stephen King et Stewart O’Nan se révèle des plus décevantes. Une cinquantaine de pages qui ne véhicule même pas l’amour du baseball en se contentant d’évoquer quelques poncifs du fantastique sans jamais créer la surprise ou entretenir une part de mystère. Une nouvelle à l’ambiance morne qui ne fera pas date dans leur bibliographie respective.

Note : 08/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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