avril 18, 2024

Le Pirate de Capri – La Rébellion de Naples

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Titre Original : I Pirati di Capri

De : Edgar G. Ulmer et Giuseppe Maria Scotese

Avec Louis Hayward, Binnie Barnes, Mariella Lotti, Massimo Serato

Année : 1949

Pays : Etats-Unis, Italie

Genre : Aventure

Résumé :

En 1779, à Naples, le peuple opprimé se fournit en armes et en munitions en pillant le navire de la reine Caroline.

Avis :

S’attaquer à la restauration de vieux films américains, voilà une tâche louable et ardue. En effet, avec la quantité astronomique de films produits chaque année, il devient difficile parois de remettre la main sur certaines pépites des années 40/50 afin de les remettre au goût du jour. C’est pourtant le pari fou de la petite maison d’édition Artus Films qui inaugure une nouvelle collection dans son catalogue, les grands classiques hollywoodiens. Une collection marquée par trois entrées dans trois genres bien différents. Si Le Pénitencier du Colorado lorgnait u côté du film policier avec une partie documentaire et si L’Ile des Péchés Oubliés était plus un drame sur fond de chasse au trésor, Le Pirate de Capri en sera tout autre mais aura toujours deux styles bien distincts. En effet, c’est entre drame historique et film d’aventure que le métrage d’Edgar G. Ulmer (réalisateur aussi de L’Ile des Péchés Oubliés) se situe, se voulant à la fois intimiste et grandiloquent. Mais plus de soixante plus tard, que vaut réellement le film et la qualité est-elle au rendez-vous ? Rien n’est moins sûr.

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Dès le départ, le film nous promet de grands moments de cinéma. Prenant place dans un immense bateau avec à son bord un capitaine détestable, le réalisateur ne perd pas de temps et lance directement une première attaque qui ressort tous les poncifs de l’abordage pirate. Sauf que si on recontextualise le film, c’est certainement l’une des premières scènes d’abordage et on ce sens, on peut déjà déceler une mise en scène exigeante et un parfait sens du rythme. D’autant plus que le réalisateur n’oublie pas d’incorporer un certain humour qui fait mouche à chaque. Cet abordage sera l’opportunité de présenter le personnage principal, un capitaine Sirocco qui n’utilise pas la violence gratuitement, mais qui sert un but. D’un manichéisme enfantin, le film ne se laisse pourtant pas tomber dans un schéma unilatéral présentant les gentils contre les méchants. Certes, il y aura un grand vilain, un opportuniste voulant le pouvoir, mais le film et le personnage principal refusent de tomber dans une surenchère avec une reine cruelle.

Bien au contraire, le film va essayer de faire un parallèle historique avec l’histoire de France et la décapitation de Marie-Antoinette, avec une reine faisant partie de sa famille et ne comprenant pas trop la révolte du peuple menée par ce capitaine Sirocco. Et c’est là toute la justesse du film qui refuse tout amalgame entre le pouvoir et la tyrannie. Parce que finalement, ce n’est pas forcément celui ou celle qui est à la tête qui tire les ficelles. De ce fait, sur ce point de vue, le film est très en avance sur son temps et malgré un humour parfois enfantin, le fond du problème se révèle être bien plus intelligent qu’il ne le laisse entrevoir.

Afin de montrer que le film a deux facettes, le côté dramatique et le côté aventure, la réalisation saura alterner deux styles bien différents. Les moments intimes seront filmés au plus près des personnages dans des moments à la fois intense et espiègle, où l’on pourra voir les manigances du pirate mais aussi et surtout les liens qu’il va tisser avec sa futur femme qui essaye de découvrir qui se cache derrière le masque. A contrario, le film est doté d’une réalisation grandiloquente sur les moments de bataille ou de combats à l’épée. La séquence finale se déroule dans un décor magnifique, tout comme l’introduction sur le bateau avec des scènes donnant le vertige lorsque les marins se baladent sur les cordes. Mais le plus surprenant pour un film de cette époque, c’est le montage. Alors que l’on privilégiait les longs plans sans coupure, Le Pirate de Capri montre un montage hyper cut avec beaucoup de changements de plans, le rendant pour le coup plus dynamique.

Encore une fois, Artus a eu une excellente idée de ressortir tous ces classiques des tiroirs poussiéreux de Hollywood, mais tout n’est pas parfait pour autant. La restauration est l’un des gros défauts sur cette galette. On se souvient de la qualité médiocre de L’Ile des Péchés Oubliés et le mot d’excuse sur celui du Pénitencier du Colorado, et pour le Pirate de Capri, c’est sensiblement la même chose. L’image est parfois saturée, avec des changements de ton et de teinte et on sent que la pellicule a souffert des affres du temps. Alors certes, cette fois-ci, il n’y a aucun problème de sons et cela ne nuit pas au plaisir de regarder ce film, mais c’est bien dommage de ne pas pouvoir avoir une image plus correcte.

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Au final, Le Pirate de Capri est un bon film qui a moins souffert que les autres films de la même collection. Plus dynamique, plus ambitieux, le métrage d’Edgar G. Ulmer est une sorte de grosse production de l’époque et il s’en tire avec les honneurs, alternant les genres entre drame sociétal et film d’aventure à tendance humoristique. Et si la restauration n’est pas parfaite, le plaisir de découvrir un film comme celui-ci, qui fut pendant un temps l‘âge d’or d’Hollywood, est toujours présente.

Note : 14/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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