avril 25, 2024

Zootopie – La Vie Rêvée des Animaux

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Titre Original : Zootopia

De : Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush

Avec les Voix de Jason Bateman, Ginnifer Goodwin, Shakira, Idris Elba

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule souris, tout le monde a sa place à Zootopia !Lorsque Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine. Bien décidée à faire ses preuves, Judy s’attaque à une épineuse affaire, même si cela l’oblige à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque …

Avis :

Usine à rêves et à messages dont la portée est universelle, Disney, après avoir racheté tout ce qui marchait au cinéma, revient sans arrêt dans les salles obscures. Que ce soit avec des robots, en format animation ou avec un sujet plus grave (The Finest Hours), Disney reste indétrônable sur le fauteuil du divertissement et de l’entertainment. Quand bien même, la boîte n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise ou d’une déconvenue avec des films de moindre qualité. C’est qu’à force d’en produire, il est inévitable de tomber dans des travers qui reviennent à chaque fois. Et si la boîte peut agacer avec sa façon de former la jeunesse avec des messages mielleux, force est de constater que c’est mieux que d’afficher un certain mépris pour son public. Et Zootopie n’échappe pas à la règle du politiquement correct, tout en affichant des niveaux de lecture bien plus intéressants que dans Le Voyage d’Arlo, qui résonne comme un flop pour la maison aux grandes oreilles.

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Délaissant pour un temps les dinosaures et les super-héros, Disney revient avec ce qui pourrait être son premier amour, les animaux. A la manière d’un Jean de la Fontaine, Zootopie sera l’occasion d’aborder des problèmes transversaux humains à travers le regard de différentes espèces animales. Jusque-là, aucune surprise, la firme ayant déjà fait ce test avec moult dessins animés comme Les Aristochats, Rox et Rouky, Les 101 Dalmatiens ou encore Volt Star Malgré Lui. Sauf qu’ici, l’humain est inexistant. Zootopie s’ouvre sur un monde totalement animalier où chaque espèce a son lieu de vie, sa façon de vivre et cohabite avec d’autres espèces. C’est d’ailleurs en faisant des recherches autour des mammifères que les réalisateurs se sont rendus compte que le monde animal est divisé en deux genres : les prédateurs et les proies qui représentent 80% de la population animale. De ce fait, dans la notion globale du film, on se rapproche plus de la BD culte Blacksad (dont Guarnido, le dessinateur, a déjà travaillé chez Disney), même si le ton est totalement différent puisque le film s’adresse aux enfants et que la BD est beaucoup plus adulte, que de la finesse d’un De Cape et de Crocs.

Et de Blacksad, même si ça n’a rien à voir, on pourra aussi y voir une affiliation graphique. Au moins sur les designs des bestioles. Si chacun en son genre baigne dans le policier pour les références, Zootopie va plus ou moins prendre des éléments graphiques, notamment chez les animaux plus petits comme les belettes ou les fennecs, renforçant un côté malfaisant ou tout du moins sournois. Cependant, la comparaison s’arrête là puisque le métrage est beaucoup plus clair et léger. Légèreté que l’on retrouve dans l’héroïne, une lapine voulant devenir policière pour lutter contre l’injustice. Mignonne comme tout, entourée de personnages relativement édulcorés, Zootopie vise un public précis mais asexué, mettant en avant un duo mixte où chacun pourra y trouver son compte. Et cela est tellement mieux que la vision ultra féminine de La Reine des Neiges ou trop garçon comme pour Cars 2. Ainsi, Zootopie touche un public large au sein d’un design très inspiré. Mais non seulement les graphismes et l’animation sont sublimes, mais en plus de cela, les idées fourmillent, comme pour un Vice-Versa. Certes moins adulte dans son environnement, le film est d’une richesse incroyable, trouvant toujours de petits gimmicks en fonction de l’espèce. En ce sens, la découverte de Zootopie est fabuleuse et on reste aussi émerveillé que l’héroïne lorsqu’elle arrive dans la ville.

Mais attention, derrière la beauté du film se cache une intrigue bien plus sombre et complexe qu’il n’y parait. Toujours à la recherche de références, Zootopie va lorgner du côté du film policier avec une enquête intéressante à bien des égards, mais très difficile d’accès pour les enfants. Beaucoup d’enjeux se jouent sur les dialogues ou sur des situations qu’un adulte peut comprendre, mais cela risque d’être plus dur pour un enfant ne maîtrisant pas les codes essentiels. A titre d’exemple, la parodie du Parrain dans un passage du film sera très drôle pour les adultes, mais difficilement compréhensible pour les gosses. Et ce ne sera pas le seul moment référencé et plus adulte que le reste du métrage. Piochant aussi dans le buddy movie ou encore le film d’épouvante sur la fin, Zootopie n’est clairement pas un film pour les plus petits, même si le propos est contrebalancé par un design frais.

Néanmoins, encore une fois Disney en profite pour amener un message positif à caractère universel. Si certains seront agacés par la grosseur du propos (Il faut s’aimer et s’entraider malgré nos différences), il ne faut pas oublier qu’il tombe à pic dans une période difficile où l’égoïsme est de mise et où le racisme primaire prend de plus en plus de place comme un poison insidieux. Ce message sera d’autant plus intéressant qu’il parcourt tout le film à travers tous les personnages et les situations. Tout d’abord en abordant les différences essentielles entre prédateurs et proies, mais aussi en combattant les préjugés physiques ou moraux sur certaines espèces. Si par moments cela peut sembler un peu grossier et fourre-tout, le métrage arrive à chaque fois à toucher de manière juste son public tout en affichant un message d’espoir : donne-toi les moyens de réussir ce que tu veux et bats-toi pour y arriver. On pourrait croire que Disney se substitue aux parents mais il apporte de la matière pour discuter et élever son enfant dans une harmonie qui est essentielle pour le futur. Certes, il manque un certain recul de la part de Disney, n’essayant jamais de contrebalancer son point de vue (son but étant de vendre un max et d’être gentil et universel), mais cela reste bien foutu. D’autant plus que le film possède son moment hilarant pour adulte, avec une scène incroyable auprès des paresseux, critique acerbe de notre institution et de sa lenteur.

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Au final, Zootopie reste une réussite sur quasiment tous les plans. Relativement beau et possédant un message à caractère universel, Disney remplit facilement son cahier des charges. Cependant, le film est aussi relativement intelligent pour posséder deux niveaux de lecture et afficher des références allant de la comédie au genre policier. Il est juste dommage que la firme ne prenne pas le recul nécessaire pour livrer une œuvre plus nuancée dans ses propos et qu’elle s’adresse à un public ayant déjà une certaine culture référentielle pour tenir toutes les subtilités. Mais en l’état, Zootopie est un excellent film.

Note : 17/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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