mars 29, 2024

Le Juge et l’Assassin

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De : Bertrand Tavernier

Avec Philippe Noiret, Michel Galabu, Isabelle Huppert, Jean-Claude Brialy

Année : 1976

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Fin du XIXème, Joseph Bouvier est révoqué de l’armée à cause de ses excès de violence. Suite à ce renvoi, l’homme s’attaque à sa fiancée et tente de se suicider, en vain. Après un séjour en hôpital psychiatrique, Joseph ressort de cet endroit encore plus enragé et décide de se venger sur toutes les personnes qui croiseront son chemin en Ardèche. Non loin de là, le juge Rousseau, passionné par l’affaire, prend part à l’investigation et se met sur les traces de Bouvier. Bien décidé à le mettre sous les verrous, c’est le début d’une chasse à l’homme.

Avis :

Critique, producteur, scénariste, écrivain et réalisateur, Bertrand Tavernier s’est essayé à tout et c’est avec talent qu’il a démontré qu’il réussissait presque tout ce qu’il entreprenait. Marquant les esprits avec son premier film réalisé seul, « L’horloger de Saint-Paul« , Bertrand Tavernier, c’est vingt-quatre films, plusieurs Césars, et même un Oscar pour la meilleure musique avec son film « Autour de minuit« .

En hommage au regretté Michel Galabru, aujourd’hui on s’arrête sur le troisième film signé Bertrand Tavernier. Un film qui vit offrir le César du meilleur acteur à Michel Galabru et on peut aisément dire que le comédien n’a vraiment pas volé sa récompense. Le film est inspiré de faits réels et retrace la cavale d’un homme qui peut être considéré comme le penchant de Jack L’éventreur. Avec ce film, Bertrand Tavernier signe un face-à-face unique et grandiose entre deux immenses comédiens, Michel Galabru et l’acteur fétiche de Tavernier, Philippe Noiret, dont c’est déjà le troisième film avec le réalisateur lyonnais.

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Fin du XIXe, Joseph Bouvier est un sergent infirmier révoqué de l’armée française. Bouvier est très amoureux de la belle Louise Lesueur, mais le jour où il la demande en fiançailles et que cette dernière refuse, il sort une arme et essaie de la tuer et de mettre fin à ses jours. Bouvier ratera ces deux objectifs et sera placé en hôpital psychiatrique. Un hôpital dont il sortira deux ans plus tard encore plus en rage qu’en y entrant. Étant pris d’excès de violence, Bouvier va alors tuer et tuer sans relâche. C’est le juge Rousseau qui sera en charge du dossier et il est bien décidé à arrêter cette folie meurtrière.

« Le juge et l’assassin » est un excellent cru de Bertrand Tavernier. C’est même un film bien plus complexe qu’il n’en a l’air. Le synopsis nous laisse croire à une enquête, à une traque sans merci, à un film d’assise, de procédures et de meurtres. Il nous laisse croire à un duel impitoyable entre ce juge et cet assassin qui a largement dépassé le stade de la folie. Et c’est vrai que dans un sens, c’est exactement ce qu’il va être. L’enquête et l’exposition des personnages sont parfaitement décrites, romancées et on se laisse prendre dans cette sombre affaire. La mise en scène de Bertrand Tavernier est belle, majestueuse et en même temps très intime. Le réalisateur ne lâche rien et arrive même à tenir un certain suspens jusqu’à la fin. Un suspens qui se prolonge quelque peu après le visionnage du film, puisque le personnage de Bouvier, sa folie et son traitement, sont intelligemment traités par le réalisateur, dans le sens où il nous laisse seul juge de cet assassin troublant et troublé. Tavernier ne nous mâche pas le travail et ce traitement qu’il lui est réservé du début à la fin est l’une des très belles forces de ce film. Bouvier était-il coupable ou victime de sa folie ? Pouvait-il en être autrement ? Des questions qui trouveront des réponses en chacun de nous.

Mais voilà, le film est bien plus complexe qu’il n’y parait au premier regard et cette affaire n’est qu’un prétexte pour parler de la France qui est alors en pleine mutation. Et si l’on observe entre les lignes, plus qu’une simple enquête, « Le juge et l’assassin« , c’est la France qui s’affronte. C’est la classe populaire qui s’oppose à la bourgeoisie. Ce sont les anarchistes qui s’opposent aux conservateurs. Ces oppositions sont autant de thèmes, de sujets traités qu’il y a de personnages dans ce film et ce constat englobe bien entendu ce juge et cet assassin qui s’opposent autant qu’ils pourront être ambigus dans leur relation. Bertrand Tavernier nous offre alors un film plus profond et plus intéressant qu’il ne l’aurait été si le réalisateur avait simplement fait de son film une enquête. Avec ce fond, on sent une vraie authenticité, on sent de vraies questions et ça fait du bien de voir de telles œuvres.

On ne peut pas aborder ce film sans parler de l’extraordinaire composition de ces acteurs qui sont comme possédés par leur personnage. Philipe Noiret est excellent dans la peau de ce juge tendre et déterminé. Son personnage est passionnant et l’acteur, de par son talent, l’étoffe bien plus encore. Michel Galabru est, quant à lui, tout simplement bluffant. Dire que le rôle de Joseph Bouvier est le rôle de sa vie est une évidence, tant l’acteur est sidérant à chaque apparition. C’est bien simple, on ne l’a jamais vu comme ça. On notera un joli petit rôle pour une toute jeune Isabelle Huppert et un très bon Jean-Claude Brialy. Toute comme la belle Cécile Vassort qui tient un petit rôle avec beaucoup de magnétisme.

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C’est donc un film fort passionnant et intelligent que nous livre là Bertrand Tarvernier. « Le juge et l’assassin » reprend donc l’un des personnages les plus sombres de notre histoire et plus qu’un film basique d’enquête, le réalisateur livre un film passionnant sur un pays et une période en plein changement.

Note : 17/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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