mars 28, 2024

Carol

12596106_1232283630118377_258703655_n

De : Todd Haynes

Avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler, Sarah Paulson

Année : 2016

Pays : Etats-Unis, Angleterre

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d’un mariage peu heureux. À l’étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle.

Avis :

« Safe« , « The Velvet Goldmine« , « Loin du Paradis« , « I’m not there » et « Mildred Pierce« , ceci est l’intégrale de l’impeccable filmographie de Todd Haynes, commencée voilà vingt et un an, en 1995. Et ça fait maintenant plus d’une vingtaine d’années que Todd Haynes nous peint régulièrement de très beaux portraits. Julianne Moore est déjà passée deux fois devant son œil admirateur. Il a offert un magnifique rôle à Kate Winslet dans une mini-série. Et enfin, après l’avoir transformée en Bob Dylan il y a quelques années, le cinéaste américain refait de nouveau appel aux services de l’unique Cate Blanchett.

« Carol » fait suite quatre ans après la mini-série que Todd Haynes avait réalisée pour la chaîne HBO. Et si on oublie ce que le réalisateur a fait pour le petit écran, alors on se rend compte qu’il s’est absenté des salles obscures pendant presque dix ans, puisqu’il faut remontrer à 2007 pour trouver son dernier long métrage, « I’m not there« , ambitieux projet autour des personnalités de Bob Dylan. Et voici, après un passage à Cannes qui a vu récompenser ses deux actrices, la subtilité et la grâce de « Carol » qui arrive enfin dans nos salles et l’attente valait amplement ces dix années d’absence.

file_607874_carol-clip-cannes

New-York, les années 50, Therese Belivet est une jeune employée d’un luxueux magasin. Un jour, elle fait la connaissance d’une cliente élégante, distinguée, qui dégage un charisme et un charme certain. Therese, ne sachant trop pourquoi, est mystérieusement fascinée par Carol, cette femme en apparence libre, mais en réalité prisonnière d’un mariage raté. Les deux femmes commencent alors à se fréquenter, mais l’amitié laisse place à des sentiments plus forts et bientôt Therese et Carol se retrouvent confrontée à la moralité de l’époque et ses conventions.

Todd Haynes est peut-être l’un des réalisateurs américains qui sait le mieux filmer et parler des femmes. Chacune des actrices qui est passé devant son œil s’est retrouvée magnifiée à l’écran. Alors qu’il s’était déjà heurté aux conventions des années 50 avec ce chef d’œuvre qu’est « Loin du paradis« , il récidive en parlant avec énormément de pudeur d’un amour que certains jugent immoral.

S’appuyant sur un scénario en béton armé, Todd Haynes va nous entraîner dans une romance à fleur de peau. Une romance pleine de justesse, de silences, de regards, d’envie et d’amour. Quand on découvre cette passion, cette étincelle qui va animer le cœur de ces deux femmes, on se laisse complétement emporter dans cet amour un peu fou. Le film nous donne envie de tomber amoureux. Il donne envie de retrouver ce moment unique, quand une relation commence. Todd Haynes a très bien su le filmer. Il a parfaitement su mettre ces sentiments en valeur, tout en fuyant le côté « je filme une histoire de lesbiennes dans les années 50 », un piège dans lequel il aurait été facile de tomber, mais pas pour le réalisateur, habitué à ce genre de sujet. D’ailleurs, l’amour lesbien n’est pas le sujet au départ. C’est bien l’amour naissant et les complications par rapport à l’homosexualité, par rapport au regard des autres, qui sera le sujet central. Car au début, c’est bien un trouble, un frisson, un questionnement, un désir que porte à l’écran Todd Haynes. Néanmoins, on peut lui reprocher un petit manque d’émotion, surtout vers la fin, qui reste belle, mais on aurait aimé être plus touché.

Avec « Carol« , on retrouve tous les thèmes que le réalisateur aime aborder, et même si le film tourne autour de la découverte de ces deux femmes, le réalisateur en profite pour parler de la femme en générale. De sa condition, de sa place dans la société, de son rôle que ce soit dans celui d’épouse, de mère, de travailleuse, d’employée ou simplement de célibataire. Le réalisateur analyse avec un regard sage et juste ces problèmes et surtout, il ne juge pas ses personnages. Il ne fait que nous présenter l’époque dans laquelle ils vivent.

La mise en scène du réalisateur est sublime. Outre une photographie encore une fois magnifique, outre les cadres qui font penser à plusieurs reprises à des peintures, à des tableaux tant ils sont beaux et rechercher, on appréciera particulièrement le fait que le réalisateur prenne beaucoup de temps pour filmer les regards de ses actrices. Il prend du temps pour filmer les gestes tendres et pudiques. Des gestes qui sont loin d’être assurés, qui sont ponctués de silence. Et c’est grâce à tous ces moments que le réalisateur fait monter le désir, le frisson, et même la sensualité.

Bien entendu, « Carol » doit beaucoup à son duo d’actrices qui crève l’écran. Cate Blanchett démontre encore qu’elle est belle et bien l’une des meilleures actrices contemporaines. Quant à Rooney Mara, elle étonne de rôle en rôle. On trouve aussi de bons seconds tenus par de bons acteurs comme Kyle Chandler, Sarah Paulson ou encore Jake Lacy.

12606985_1232283766785030_962038770_n

« Carol » est bien le très beau film dont on a tant entendu parler depuis ce festival de Cannes 2015. Todd Haynes ne nous a pas que raconté une histoire d’amour entre deux femmes. Il a surtout raconté une histoire d’amour avec ses beaux côtés comme ses plus ennuyants et il se trouve que le regard des autres et la moralité de l’époque étaient bien plus accusateurs qu’aujourd’hui.

Note : 16,5/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=P0SX3kg4jxE[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Une réflexion sur « Carol »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.