mars 28, 2024

Le Pénitencier du Colorado – L’Evasion pour les Nuls

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Titre Original : Canon City

De : Crane Wilbur

Avec Scott Brady, Jeff Corey, DeForest Kelley, Ralph Byrd

Année: 1948

Pays: Etats-Unis

Genre: Policier

Résumé:

Dans le centre pénitentiaire du Colorado, Carl Schwarzmiller fomente une évasion. Il rassemble onze autres prisonniers autour de lui et échafaude son plan. Une nuit, lors des fêtes de fin d’année, les détenus parviennent à s’évader. L’alerte est rapidement donnée. Alors que neuf hommes se font rattraper, Schwarzmiller et deux autres complices se cachent chez un vieux couple.

Avis:

De nos jours, jamais les faits divers n’ont autant inspiré les scénaristes de tout bord. Entre les biopics et les « inspiré de faits réels », les films issus d’histoires vraies attirent les foules car elles sont plus ancrés dans le réel et peuvent de ce fait passionner des non cinéphiles. Mais au-delà de voir la poule aux œufs d’or que c’est, les films tirés d’histoires vraies ne sont pas une nouveauté et le cinéma s’en est toujours servi pour faire des films. Ainsi, dans les années 40, certaines histoires rocambolesques ont su trouver leur adaptation sur pellicule, à l’image de ce Pénitencier du Colorado, qui raconte l’évasion de douze prisonniers, durant l’année 1947. Gros sujet à l’époque, il n’aura fallu qu’un an pour que le septième art s’empare de cette histoire et en fasse un film entre le documentaire et le film d’exploitation.

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Car ce métrage, édité par Artus Films alors que le film n’a connu qu’une édition de basse qualité aux States, est relativement bizarre dans sa narration et son traitement. Si les éléments se déroulent de façon linéaire dans la temporalité narrative, c’est surtout dans sa façon d’aborder l’histoire et de mixer deux genres ensemble. Le film débute exactement comme un documentaire. Tout d’abord, on nous certifie que le film est la réplique exacte de l’évasion. Ensuite, une voix-off prend la parole et livre tous les détails de la prison, ainsi que du plan d’évasion, laissant peu de place aux acteurs, qui ne font que mimer ce que dit la voix. Prenant le spectateur à contre-pied, cette première partie va être passionnante car elle va être un bout d’histoire des Etats-Unis et de son système pénitencier. Du coup, chaque petit détail va avoir son importance, on va voir le plan d’évasion point par point et expliqué clairement. Néanmoins, cette façon de faire va avoir des répercussions sur la suite du film. En effet, parmi les douze personnages, seuls deux tireront leurs épingles du jeu grâce à un traitement plus précis et un background plus travaillé. Cet aspect documentaire empêche clairement de sentir de l’empathie pour les personnages, malgré le fait que ce soit quasiment tous de bons garçons ayant fait des bêtises et les payant assez lourdement.

Dans ce sens, le film va avoir un message assez obscur sur les prisonniers et les peines en question. Dès le départ, on comprend bien que le film veut toucher du doigt la dureté de la vie en prison et les injustices qu’il peut y avoir après un jugement. C’est pour cela que le personnage le plus important décide de s’évader car sa remise de peine vient de s’allonger. Ainsi Crane Wilbur veut mettre en avant la nécessité d’une certaine remise de peine ou de grâce pour certains détenus, ce qui ne sera jamais effectif. Et c’est bien là que le bât blesse, car le film, dans sa deuxième partie, va traiter les détenus comme de vulgaires voyous sur lesquels on peut tirer à vue. Le film oscille donc entre discours paternaliste et discours quasi libertaire pour un résultat mitigé et le cul entre deux chaises.

Néanmoins, malgré une seconde partie moins intéressante que la première, on retrouvera une certaine prestance dans les performances des acteurs. Sans être une galerie de gueules, le film arrive à proposer trois personnages assez intéressants, dont un profondément attachant, mais qui souffre du syndrome du temps qui passe. En effet, petit malfrat sans trop d’histoires, ce personnage que l’on pourrait qualifier de principal est embarqué presque malgré lui dans cette évasion et va s’avérer être un homme au grand cœur. D’une classe sans égale, Scott Brady assure dans son rôle et sera le personnage pour lequel on ressentira le plus de sympathie. D’un autre côté, son personnage sera contrebalancé par celui qui sera à l’origine de l’évasion et qui est un véritable bandit, préférant la mort au retour en prison. Encore une fois, il est juste dommage que les autres personnages ne soient que de la chair canon sans background.

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Au final, Le Pénitencier du Colorado, premier film de la collection Les Grands Classiques du Film Noir de chez Artus, est un film intéressant mais qui surprend par sa mixité des genres et sa courte durée. Entre le documentaire et le film d’évasion, Le Pénitencier du Colorado se sauve grâce une premier partie intelligente et des acteurs qui assurent avec une grande prestance. Il est dommage que le film se perde en cours de route pour devenir trop bavard et accumulant les discours disgracieux qui risquent de la confiner dans les séries B de la conscience bienpensante.

Note: 13,5/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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