mars 29, 2024

Habemus Papam

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De : Nanni Moretti

Avec Michel Piccoli, Nanni Moretti, Jerzy Stuhr, Renato Scarpa

Année : 2011

Pays : Italie, France

Genre : Drame

Résumé :

Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d’élire son successeur. Plusieurs votes sont nécessaires avant que ne s’élève la fumée blanche. Enfin, un cardinal est élu ! Mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l’apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité. Angoisse ? Dépression ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur ? Le monde entier est bientôt en proie à l’inquiétude tandis qu’au Vatican, on cherche des solutions pour surmonter la crise…

Avis :

Nanni Moretti fait partie de ces cinéastes italiens qu’on ne présente plus. Depuis les années 70, le réalisateur s’est bâti une œuvre qui est une peinture moderne de son pays. Partagé entre le drame politisé et la comédie, Nanni Moretti a toujours su proposer de nouvelles intrigues tout en restant dans son propre style. Lauréat d’une palme d’or en 2001 et d’une flopée de David di Donatello, aussi bien pour sa réalisation que pour son jeu d’acteur, le réalisateur n’a plus rien à prouver à ses paires et chaque nouveau film de Nanni Moretti est attendu comme un très beau cadeau de noël en avance.

Aujourd’hui, c’est au cas d’ »Habemus Papam » qu’on va s’intéresser. Film sorti en 2011 et considéré comme prophétique en Italie, puisque le réalisateur va peindre le portrait d’un cardinal en plein doute quand celui-ci se voit élire comme Pape, alors que peu après le Pape Benoît XVI a renoncé à être le Saint-Père. Touchant et décalé, « Habemus Papam » est un film hors du commun et profondément humain. C’est un film qui traite des doutes et des angoisses les plus profondes, en nous offrant un autre regard sur un homme aimé, adoré de tous.

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Le Pape est mort. Il faut donc élire un nouveau souverain pontife. Le conclave s’enferme alors pour voter. Plusieurs votes sont nécessaires pour qu’un nom ressorte. Quand celui-ci est enfin élu, les cardinaux sont heureux de le présenter à tous les fidèles venus en masse sur la Place Saint-Pierre. Mais le Cardinal Melville, qui vient d’être élu comme nouveau Pape, est en proie aux doutes et le poids des responsabilités de ce qu’il représente désormais semble insurmontable. Alors que la foule s’attend à voir le nouveau visage, le cardinal fuit. Ne sachant que faire, il va se terrer dans le Vatican. Que faire ? Comment être à la hauteur ? Alors que le monde entier commence à être inquiet en ce qui concerne ce nouveau souverain, le Vatican doit gérer et trouver des solutions à cette crise que personne n’avait vu venir et n’aurait pu imaginer.

C’est un très beau film que nous offre-là Nanni Moretti, mais c’est aussi un film assez surprenant, car il sera bien loin et différent de ce que l’on s’imagine. Avec « Habemus Papam« , on pouvait s’attendre à ce que le cinéaste nous parle de la religion, de la foi en dieu pendant presque deux heures. Et même si le film aborde bien entendu ce côté religieux, ce n’est pas spécialement de ceci qu’il va parler. « Habemus Papam » est un film qui va peindre le portrait simple et touchant d’un homme qui se voit accéder à des fonctions qui sont clairement au-dessus de lui. Un poste que chacun en secret aime autant qu’il redoute. Et les doutes que le personnage principal a concernant ce poste, ici devenir Pape, sont si intelligemment décrits et mis en scène par Nanni Moretti, que la fonction même de souverain pontife n’est finalement pas si importante que cela, dans le sens où chacun de nous peut se reconnaître, avec n’importe quelle profession ou poste. Alors qu’on s’attend à un film religieux, Nanni Moretti réalise un film humain et c’est bien plus simple, prenant et surtout touchant. Et cette ligne de conduite, Nanni Moretti la tient jusqu’au bout de son film, offrant un final extraordinaire et un discours bouleversant.

En plus d’être très bon dans la description de la confusion qui se fait dans ce personnage, Nanni Moretti réalise un film très intime. Alors que les yeux du monde entier sont braqués sur la Vatican et guettent la moindre apparition de ce nouveau Pape, le réalisateur a choisi de faire un film très simple, bien loin des grandes démonstrations, des grands moments « épiques ». Ici, on reste dans les coulisses, dans les endroits qu’on ne voit pas, au plus près des doutes de ce personnage et le ton volontairement décalé que le film aborde fait qu’ »Habemus Papam » n’est jamais là où on l’attend. Et c’est de cette originalité, de cette audace que le film tire une très belle partie de sa force et fait que le réalisateur arrive à créer la surprise en permanence et tient son public jusqu’à la fin. Une fin qui a des murmures de chef d’œuvre, tant elle est bien vue, loin de ce qu’on pouvait imaginer et est finalement vraiment touchante, pour ne pas dire bouleversante.

« Habemus Papam » confirme, si besoin est, l’immense acteur qu’est Michel Piccoli, absolument bouleversant et parfait dans le rôle de ce Cardinal dépassé par les évènements et qui cherche à fuir cette future prison. Le comédien, tout en retenu, en douceur, en regard, cherchant comment faire pour surmonter l’insurmontable, apporte une humanité incroyable, une réflexion touchante et un regard si beau sur l’être humain. Nanni Moretti, qui joue dans tous ses films, n’échappe pas à sa règle et s’attribue un rôle très drôle, celui d’un psychanalyste venu aider le Cardinal Melville a accepté l’idée de devenir le nouveau Pape. Si leurs scènes, ensembles, sont très courtes, elle donne lieu à de jolis moments décalés et on sourira face à certains traits volontairement grossis par le réalisateur.

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Inattendu, touchant, drôle, mélancolique, humain, « Habemus Papam » est donc un film magnifique. Bien loin de ce à quoi on s’attendait (une satire du Vatican et de la Papauté), Nanni Moretti a su surprendre et captiver avec ce qui est l’un des plus beaux portraits de cette année 2011.

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Bw9FgT-qr5E[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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