avril 24, 2024

Bus 657 – Piège à Vitesse Réduite

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Titre Original : Heist

De : Scott Mann

Avec Robert De Niro, Jeffrey Dean Morgan, Kate Bosworth, Dave Bautista

Année : 2015

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Action

Résumé :

Francis Silva alias Pope, parrain de la mafia, souhaite se retirer des affaires et confier la gestion de son casino à son protégé. Lorsque Luke Vaughn, employé de longue date du casino, vient lui demander de l’argent pour sauver sa fille malade, il le vire. Luke Vaughn, aidé par l’un de ses collègues, planifie alors de braquer le casino. Ils parviennent à voler l’argent mais sont poursuivis par les hommes de main de Francis Silva. Ils se réfugient alors dans le bus numéro 657, prenant ainsi les passagers en otage.

Avis :

On avait quitté Scott Mann en 2010 (autant dire une éternité) avec un The Tournament de fort bon aloi, rythmé, pétaradant et volontaire dans la violence déjantée, qui, s’il n’avait eu les honneurs du grand écran, avait fait la joie des festivals et s’était fait une place de choix dans le cœur des cinéphiles un peu déviants.

Il revient cette année par la petite porte avec ce Bus 657 (anciennement Heist), qui débarque directement en dvd sans avoir plus fait parler de lui qu’une projection très privée au Marché du Film de Cannes (tellement privée que la presse, initialement acceptée, avait été refoulée à l’entrée, moi y compris).

Pourtant ce n’est pas comme si le film n’avait rien pour attirer le chaland. En plus de son pitch accrocheur, histoire de casse qui tourne mal aux croisements de Speed et d’un Die Hard inversé (les héros étant ici les preneurs d’otages), il se paie le luxe d’un casting aux petits oignons, qui mélange grandes stars et têtes connus de série B. On y retrouve pêle-mêle Jeffrey Dean Morgan, Dave Bautista, Robert De Niro, Morris Chestnut, mais aussi Kate Bosworth, D.B Sweeney, Gina Carano, et même Mark-Paul Gosselar, le Zack Morris de Sauvés par le gong.

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Et heureusement. Car si une poignée de rôles étonnent par leur inutilité (Gina Carado ne fait que passer avec un personnage plutôt anecdotique, Kate Bosworth fait littéralement de la figuration avec pas plus de deux minutes à l’écran), c’est bien le soin apporté aux protagonistes du métrage qui emporte le morceau, le scénario, pourtant loin d’être idiot, s’avérant plus psychologique et moins nerveux que ce que le projet laissait entrevoir.

Ce n’est pas vraiment la faute de l’équipe pourtant, une fois de plus on se retrouve avec un film mal vendu, annoncé comme un actionner pétaradant dans la lignée des films de Jan de Bont par son trailer alors que la quasi-totalité de l’action se retrouve concentrée dans la dernière bobine. À l’inverse d’un film d’action agité, la trame du récit se concentre sur les rapports entre les différents personnages, leur ambivalence voir leur changement de caractère.

Si on se retrouve frustré par un concept qui ne tient pas toutes ses promesses visuelles alors qu’il aurait pu mener au Speed des années 2010, le soin apporté aux relations humaines, qui augurent quelques surprises scénaristiques et subtilités évitant le manichéisme facile, permet au film de tenir sur la durée en temps que suspens psychologique.

Tout démarre avec un point de départ connu, pour ne pas dire rabâché. Une enfant très malade, un père travaillant comme croupier chez un millionnaire à tendance mafieuse incapable de payer les soins, un ultimatum des médecins et une alternative proposée par un de ses collègues vigile : cambrioler le casino et s’enfuir avec la recette du jour. Avec ses braqueurs loyaux face à des salopards véreux, et malgré une intro en forme de flash-forward, l’entrée en matière aurait de quoi inquiéter sur la viabilité du projet, si ce n’était le charisme des personnages, et une manière simple et concise de mettre les choses à plat. Il suffit de trois phrases pour s’identifier au calvaire du père, trois de plus pour rendre crédible la décision du braquage, et une seule pour provoquer de l’empathie envers le Pope, ce patron implacable finalement bourré de failles joué par Robert de Niro. Sans esbroufe, sans appuyer le propos, sans tomber dans les phrases clichés pas très subtiles, le film accroche le spectateur plus par les personnages qui y gravitent et des décisions scénaristiques surprenantes que par son récit en lui même ou sa réalisation (plutôt claire mais fonctionnelle).

Et à mesure que le film avance, ces surprises et cette ambivalence des protagonistes vont prendre le pas sur la stricte action, finalement réduite à la portion congrue. Les malfrats au grand cœur vont montrer une face sombre, le braqué sans pitié va se demander si tout cela vaut la peine d’accumuler les cadavres, et même les flics vont se retrouver plus proches de leurs antagonistes qu’il n’y paraît. En cela, si Bus 657 n’est pas un film à twist ou un thriller à révélations successives façon McQuarrie, il promet néanmoins un certains nombre de coups de théâtre, certains attendus, d’autres beaucoup plus étonnants, toujours motivés par les doutes et les décisions des personnages.

Alors qu’on attendait un film d’action, Bus 657 est finalement un huis-clos dialogué qui montre autant l’humanité de ses salauds (le héros Vaugh étant tiraillé entre son éthique et les besoins de sa fille, tandis que le Pope se révèle un père malaimé, faillible et mélancolique) que les travers de ses héros. Plutôt que de montrer les péripéties d’un bus lancé à vive allure et poursuivi par les forces de l’ordre comme le laisse croire la bande-annonce, Scott Mann change son fusil d’épaule et préfère nous dévoiler le(s) drame(s) humain(s) qui se déroulent tant à l’intérieur de l’habitacle que sur le bas-côté.

Et si le principe ne fonctionne pas à 100%, la faute à une multiplication parfois hasardeuse des enjeux et des protagonistes, menant à un rythme fluctuant, l’intention est assez louable et intéressante pour  être saluée.

Les moments de tension ou d’action ne sont pas absents pour autant, et à ce petit jeu là Scott Mann nous rappelle qu’il est le responsable d’une des plus réjouissantes série B bourrine du troisième millénaire. Plus encore qu’une fusillade dans le Casino honnête mais assez linéaire, c’est lors de l’assaut de la police sur le bus en mouvement qu’il montre l’étendu de ses talents, avec un style clair, nerveux et sans fioritures. Les balles fusent et les corps sont projetés sur la route avec une rare violence (chapeau les cascadeurs), faisant presque regretter que le long-métrage n’ait pas pris depuis le début une direction qui aurait permis d’accumuler ce genre de scène.

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Mais qu’on le déplore ou pas, Bus 657 n’est pas de ces films là, c’est un thriller certes tendu, une histoire à suspens, mais surtout une histoire d’Hommes, qui cherche à toucher au cœur, à surprendre et à faire réfléchir sur les sentiments conflictuels qui font l’être humain. Sensible et violent, un peu difforme par la force des choses, Bus 657 est un honnête divertissement, et une très réussie étude de personnages.

Note : 14/20

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Par Corvis

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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