avril 20, 2024

Snowblind – Christopher Golden

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Auteur : Christopher Golden

Editeur : Bragelonne

Genre : Thriller

Résumé :

Au cours d’une terrible nuit d’hiver, la petite ville de Coventry fut frappée de plein fouet par une tempête de neige. D’une rare violence, celle-ci emporta avec elle plus d’une dizaine de victimes, à jamais perdues dans l’immensité blanche. Des familles entières furent brisées en une seule nuit, et l’existence des habitants de la petite ville en fut changée à jamais.

Douze ans plus tard, la vie a repris son cours à Coventry, même si subsiste chez les survivants une angoisse aussi sombre qu’irrationnelle à l’approche de l’hiver.

C’est alors qu’une nouvelle tempête s’annonce, plus terrifiante encore que la précédente… car cette fois, les disparus de cette fameuse nuit maudite sont de retour.

Avis :

Les rigueurs de l’hiver sont souvent utilisées pour mettre en œuvre une ambiance particulière, propice à générer l’appréhension d’événements naturels qui échappent à tout contrôle. Si elles peuvent être employées de différentes manières dans des genres variés, elles possèdent une connotation nettement plus pertinente et inquiétante dans les domaines du thriller, du fantastique et de l’horreur. Alors, quand un blizzard ou une tempête fait se succéder les morts aux phénomènes paranormaux, cela nous donne une histoire qui suscite l’intérêt…

Si Christopher Golden est loin d’être un débutant en la matière (Le passeur, La passerelle…), il est davantage coutumier de la novellisation, notamment avec de nombreux ouvrages sur Buffy, mais aussi des incursions dans des univers aux antipodes (Hellboy, Star Wars…). Snowblind lui permet de s’écarter d’adaptations destinées à des fans pour se concentrer vers un roman plus personnel. Il est vrai que le pitch de départ et certains éléments au fil du livre évoquent d’autres références horrifiques telles que The Fog ou The Mist.

En ce sens, le traitement psychologique est prépondérant. Il existe bien quelques scènes violentes, mais elles sont rapidement expédiées et n’ont pas d’importance notable. L’auteur préfère jouer sur la crainte de l’inconnu, l’appréhension d’une menace tapie au sein d’un phénomène climatique tourmenté. D’ailleurs, la visibilité réduite du blizzard aide grandement à instaurer cette atmosphère angoissante. On ne parlera pas d’une peur qui étreint le lecteur, mais d’une paranoïa ambiante. Celle-ci s’entretient par une tournure des événements inattendue et surtout se démarque par des choix narratifs qui génèrent autant d’interrogations sur la nature de la tempête.

Une approche toute en retenue qui, si elle démarre rapidement en première partie, se montrera plus méticuleuse dans son évolution. Autant sur l’avancée de l’intrigue que sur la caractérisation, Christopher Golden semble marcher dans les pas de Stephen King, toute proportion mesurée. On découvre une petite ville isolée où tous les intervenants se connaissent et effectuent leur routine quotidienne. Les chapitres sont denses et font la part belle aux états d’âme des différents personnages. On peut déplorer quelques errances au niveau du rythme, mais l’ensemble se tient pour dépeindre un contexte ordinaire touché par le surnaturel.

L’intrigue se scindant sur deux parties distinctes, on peut apprécier cette crainte récurrente chez les habitants de Coventry qui confère presque à la superstition ou à la légende urbaine. Cette multiplication des points de vue réduit la tragédie qui a frappé la communauté voilà douze ans à une échelle plus modeste pour développer le côté humain du roman. Cela peut paraître risqué au vu du caractère répétitif de cette méthode. Pour autant, l’auteur s’en sort fort bien puisqu’il ne suscite pas l’ennui, mais l’empathie pour ses personnages. Mieux encore, il leur offre une véritable consistance au fur et à mesure que l’histoire évolue.

Des individus assez disparates aux rapports conflictuels et délicats qu’on apprécie ou qu’on déteste selon le contexte et les circonstances. La plume s’attarde plus sur leurs pensées et leurs caractères au lieu de s’appesantir sur leurs physiques ou des artifices de façades malvenus. Ce brassage varie les situations, même si l’ensemble tourne généralement autour de leur quotidien et des difficultés (relationnelles, financières…) qu’ils rencontrent. En somme, on dispose d’une base solide à ce niveau puisque l’écriture ne sombre pas dans la facilité ou dans la complaisance avec des clichés éculés.

Entre le fantastique et l’horreur, Snowblind possède une approche toute particulière des genres de l’imaginaire. En prenant une tempête de neige comme une entité propre (du moins, c’est l’idée que l’on s’en fait dans un premier temps), Christopher Golden livre une intrigue immersive qui oscille constamment entre la paranoïa et le sentiment d’isolement face à un cataclysme majeur. Une atmosphère réussie qui, malgré un rythme assez lent, dépeint avec patience et méticulosité ses propos. Petit bémol, on aurait préféré un dénouement moins avare en explications puisqu’il persiste quelques zones d’ombres. Il demeure tout de même un très bon livre pour les amateurs de frissons hivernaux.

Note : 15/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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