Bush – Man on the Run

Avis :

Il y a des groupes qui marquent une génération, une décennie, puis qui disparaissent à cause d’un recul de notoriété ou d’un hiatus au sein de la formation. Les années 2010 marquent tout de même le retour de quelques groupes intéressants, notamment au niveau du rock. Outre la reformation éclaire de Téléphone, on peut aussi compter sur Soundgarden ou encore Alice in Chains qui s’est reformé plus tôt en 2005. Bush fait partie de ces groupes-là. Ayant connu un succès fulgurant dès le premier album, Sixteen Stone en 1994, c’est en 2001 que le groupe entreprend une pause qui durera dix ans. Cela est dû au manque de succès de Goldenstate sorti en 2001, mais aussi à cause de projets plus personnels, et notamment la musique de film qu’orchestre Gavin Rossdale, le chanteur. C’est en 2011 que le groupe revient sur le devant de la scène avec l’album The Sea of Memories, qui ne connaîtra pas un bruit assourdissant. Il faut dire qu’en dix ans, de l’eau a coulé sous les ponts et que d’autres groupes sont venus emprunter le style post-grunge. Quoiqu’il en soit, le groupe persévère et signe en 2014 Man on the Run, un sixième album généreux, mais qui manque de pêche et de variation.

Et le début du skeud est plutôt pas mal. En effet, Just Like My Other Sins est un titre bien fichu, accrocheur au niveau des riffs et assez nerveux dans sa construction. Certes, on est loin des morceaux entêtants grunge et post-grunge que l’on connait tous, mais dans son ensemble, la pièce tient la route et annonce un album sérieux. Man on the Run soutiendra cette thèse, tout en y apportant un gros bémol : un manque de variation flagrant. Le titre contient très peu de variations au niveau des riffs, le rythme est toujours le même et au fur et à mesure que la musique avance, on sent un ennui poindre le bout de son nez. Et ce n’est pas la rupture pseudo aérienne qui viendra changer tout ça. Et cette sensation étrange de facilité ne fera que s’accroître au fur et à mesure des titres. The Only Way Out ressemble à n’importe quel morceau pop-rock que l’on peut entendre à la radio, This House is on Fire accumule des années de retard en termes de composition, laissant un arrière-gout de déjà entendu des millions de fois, Eye of the Storm est d’une longueur incommensurable et le refrain de Let Yourself Go est une catastrophe. De ce fait, on se demande bien pourquoi Bush livre seize titres sur un album qui aurait mérité moins de titres, mais plus intéressants, ou tout du moins plus percutants. Parce qu’en l’état, l’album demeure sympathique, mais manque cruellement de titres percutants et entêtants.

Néanmoins, certaines pièces sauvent l’album du marasme total. En premier lieu, si le premier titre est sympathique, The Gift sera bien meilleur, notamment grâce à une construction plus variée, mais aussi et surtout grâce à une place plus importante à la voix du chanteur, ce qui lui permet d’aller plus facilement vers les graves, avec une tonalité plus granuleuse et qui correspond bien mieux au grunge. Loneliness is a Killer est aussi un titre complètement à part dans le skeud. Et cela s’entend dès le départ, avec des riffs agressifs, proche du métal et une tonalité plus lourde. Et le groupe trouve le parfait équilibre sur ce morceau avec des moments très lourds et d’autres plus légers, notamment dans le refrain. Enfin, The Golden Age, qui termine cet album, s’avère fort sympathique, notamment grâce à une belle batterie dès l’intro et une variation intéressante au sein même du morceau. Alors il est difficile de ne pas voir le talent du groupe au sein de cet album, mais le problème, c’est qu’entre générosité et qualité, le groupe n’a pas su faire le bon choix, préférant enchainer des titres moins percutants qu’en mettre moins et s’assurer une bonne cohésion.

Au final, Man on the Run, le dernier né du groupe Bush, n’est pas si mauvais que ça, mais il reste relativement anecdotique. La faute à une volonté de mettre trop de titres et pas assez de morceaux percutants et mémorisables. On se retrouve avec un album, certes sympathique et agréable, mais qui manque de piment, qui manque de prise de risque et qui manque cruellement d’idées novatrices. Pas mauvais dans le fond, mais il manque plein de chose pour l’ensemble soit vraiment pertinent et donne envie d’y revenir plusieurs fois.

1. Just Like my Other Sins
2. Man on the Run
3. The Only Way Out
4. The Gift
5. This House is on Fire
6. Loneliness is a Killer
7. Bodies in Motion
8. Broken in Paradise
9. Surrender
10. Dangerous Love
11. Eye of the Storm
12. Let Yourself Go
13. Speeding Through the Bright Lights
14. The Golden Age

Note : 11/20

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Par AqME