Titre Original : The Apartment
De : Billy Wilder
Avec Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray, Ray Walston
Année: 1960
Pays: Etats-Unis
Genre: Romance
Résumé:
C.C. Baxter est employé à la Sauvegarde, grande compagnie d’assurance. Dans l’espoir d’un avancement il prête souvent son appartement à ses supérieurs qui y emmènent leurs petites amies. Un jour le chef du personnel le convoque et lui apprend qu’il sait tout et lui demande aussi sa clé. Baxter est enfin promu. Mais ce qu’il ignorait c’est que le chef du personnel emmenait dans son appartement la femme dont il était amoureux.
Avis:
Billy Wilder est l’homme derrière l’incroyable et culte soulevé de robe de la magnifique Marilyn Monroe. C’est l’homme derrière « Boulevard du crépuscule« , c’est l’homme qui déguisa Jack Lemmon et Tony Curtis en femme. Billy Wilder, c’est aussi le cinéaste qui offre à Marthe Keller l’un de ses plus beaux rôles. C’est aussi lui qui propose un Sherlock Holmes tout à fait différent…
C.C. Baxter est un simple employé d’une société d’assurance. Célibataire, courtois, aimable, C.C. Baxter est un homme apprécié de beaucoup. Mais Baxter a un défaut, il ne sait pas dire non et ce défaut l’a entraîné dans une vie laborieuse. Célibataire, il occupe un bel appartement qui est très vite devenu la garçonnière des hommes du bureau, en « accord » avec Baxter, chacun d’eux à tour de rôle, lui empreinte son appartement pour y ramener toute sorte de maîtresse. L’appartement fonctionne si bien que le pauvre C.C. Baxter n’a plus de vie et ne peut plus rentrer comme il veut chez lui. Un matin, Baxter est convoqué dans le bureau du grand patron qui a entendu parler de la petite cachette des collègues. Moyennant une très belle augmentation, Baxter donne la clef de l’appartement à son patron. Mais très vite, il va découvrir que la femme que son patron emmène, n’est ni plus ni moins la femme sur laquelle il a des vues.
« La garçonnière » est un film qui oscille avec une grande habileté entre le drame et la comédie. Il fait se mélanger les deux genres à la perfection et le résultat sera aussi tordant dans son drame que touchant dans sa comédie. L’humour est génial, entre cynisme et burlesque, Billy Wilder, en grand réalisateur, le tient jusqu’à la fin. Son film est bourré de trouvailles sympathiques et inédites. Chaque scène, en plus d’être drôle, regorge de détails, que ce soit dans les petits actes qui s’y déroulent (le coup de la raquette de tennis pour égoutter les spaghettis est tellement bien vu, c’est drôle et en même temps très tendre) ou dans les dialogues et les quiproquos, dont certains valent de l’or, ou encore dans les rebondissements savoureux que Billy Wilder nous a préparés.
Ce qu’on appréciera beaucoup avec ce film, c’est que derrière la comédie et le divertissement, « La garçonnière » est aussi un film bien plus sérieux qu’il n’y parait puisque le réalisateur va aussi se servir de ces deux heures pour dresser le portrait d’une époque peu glorieuse, machiste et ainsi parler de manière subtile de l’inégalité entre les hommes et les femmes. On appréciera, car il en parle de manière intelligente, sans jugement aucun, sans morale, laissant le spectateur réfléchir sur cet aspect-là. Il l’avait déjà fait, mais encore une fois, Billy Wilder prouve qu’on peut lier comédie et réflexion, sans soûler le public, loin de là.
La mise en scène est très drôle aussi, le réalisateur y insuffle beaucoup de rythme. Les gags pleuvent à la chaîne et ils fonctionnent très bien. Mais comme je le disais, le film va plus loin que ça et parfois, le réalisateur nous laisse souffler un peu pour nous entraîner dans des scènes plus dures, tristes et injustes, entre cruauté et émotion. Billy Wilder sait où il veut nous emmener et comment il veut nous y emmener.
Ce qui fait aussi que le film fonctionne si bien, c’est assurément le dynamisme de Jack Lemmon, qui tient là un personnage terriblement touchant. La façon dont sa vie lui échappe au début du film et sur une bonne partie est très triste. On le comprend et on a de la peine pour lui et encore plus quand on découvre le pot aux roses. Jack Lemmon assure parfaitement passant d’un registre à l’autre, parfois même mélangeant les deux. Il est captivant, infiniment drôle et passionnant et comme pour « Certains l’aiment chaud !« , il est stupéfiant. Puis en face de lui, il y a la belle Shirley MacLaine qui tient un beau rôle, plein de mélancolie. L’actrice est pleine de charisme, magnifiquement filmée par Billy Wilder et ce couple qu’elle forme avec Jack Lemmon est simplement parfait. On notera aussi que Fred MacMurray est terrible en patron véreux, le rôle lui va comme un gant.
Immense cinéaste, plus je découvre son œuvre et plus je me dis que cet homme avait tout compris au cinéma et à la façon de raconter une histoire. « La garçonnière » est drôle, bon, intelligent, on ne s’ennuie pas une minute et les comédiens sont au top.
Note : 17/20
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Par AqME