mars 19, 2024

Ténèbres

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De : Dario Argento

Avec John Saxon, Anthony Franciosa, Daria Nicolodi, Giuliano Gemma

Année : 1982

Pays : Italie

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Un célèbre écrivain, Peter Neal, auteur de romans policiers est invité à Rome à l’occasion de la sortie de son best-seller, « Ténèbres ». C’est alors qu’une série de meurtres est commise dans l’entourage de l’écrivain. Il décide, avec sa secrétaire Anna de mener sa propre enquête.

Avis :

Dès les débuts de son cinéma, Dario Argento avait une profonde affection pour le giallo. Mais qu’est-ce que le giallo ? Il s’agit en fait d’un polar italien, qui mixe allègrement les usages du policier mais aussi du thriller et de l’horreur pour proposer une intrigue qui tient en haleine, avec un tueur énigmatique qui ne se dévoilera qu’à la fin. Rentré dans les lettres de noblesse de ce genre avec L’Oiseau au Plumage de Cristal et Le Chat à 9 Queues, Dario Argento a délaissé ce genre pour s’essayer avec brio à l’épouvante et à l’ésotérisme (Suspiria et Inferno). C’est en 1982 que le maestro revient sur le devant de la scène avec Ténèbres, un giallo très dur, très violent, qui demeure l’une de ses grandes œuvres. Mais pourquoi ce film si classique demeure une œuvre à part entière dans la filmographie d’Argento ? Pourquoi ce film fait-il partie des films préférés du réalisateur ? Allons faire un tour dans la Rome moderne, dans le quartier de l’E.U.R.

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Il est bon mon talon, mon bel étalon !

L’histoire de ce film se déroule dans un quartier moderne de Rome (pour l’époque) et demeure assez simple. En gros, nous allons suivre Peter Neal, un écrivain à succès, qui vient de sortir un nouveau polar, Ténèbres, et il vient faire un peu de pub en Italie. Il rencontre alors son agent, et met en place un planning. Seulement, cette tournée est interrompue par un tueur en série qui tue ses victimes en citant des phrases du livre. L’écrivain va donc faire équipe avec un inspecteur de police pour résoudre ce mystère et retrouver le tueur. En remettant le film dans son contexte historique, c’est-à-dire trente ans en arrière, le scénario demeure plutôt intéressant, mais surtout le twist final demeure très important et novateur. Malheureusement, aujourd’hui, ce phénomène a déjà été vu plusieurs fois et cela plombe un peu la finalité du métrage. Mais au-delà de ça, la narration demeure captivante, comme à chaque fois avec un Dario Argento. Enfonçant minutieusement le mystère du meurtrier ainsi que ses raisons, le déroulement de l’enquête demeure vite intéressant. Si on pourra surement imputer une certaine lenteur dès le début du métrage, l’ambiance n’en est que décuplée et porte un autre regard sur la mise en scène du maestro.

A ses débuts, Argento avait tendance à aller vers la Rome antique, vers des quartiers populaires avec des personnages parfois amusant, parfois déroutant, comme on peut le voir dans ses deux premiers films. Avec Ténèbres, il s’éloigne volontairement de cette Rome pour montrer un aspect plus impersonnel, plus froid, en filmant dans le quartier de l’E.U.R, lieu résidentiel avec des blocs de béton et de grandes villas cloisonnées. Fait assez étrange, cela donne une véritable identité au film d’Argento, le séparant des réalisations précédentes, rendant celui-ci plus froid et plus dangereux. D’ailleurs, la violence est toujours présente, hormis le tueur, avec des sans-abris lubriques ou encore des chiens voraces. Du coup, l’ambiance devient inquiétante, macabre et glaciale. On ressentira cela avec les jeux de lumière qui sont aussi très différents. Adieu les couleurs criardes et maladives de Suspiria et Inferno et bonjour à la lumière artificielle. Le film est quasiment dénué d’ombres, montrant que la folie et le danger ne se cache même plus. On peut donc dire qu’Argento signe un film anticipatif avec une vision décomplexée de la violence, comme on peut le voir aujourd’hui. On peut donc dire que ce film est le plus violent du maestro.

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J’ai un beau chapeau non ?

Comme toujours dans les films de Dario Argento, le casting alterne avec des acteurs italiens et des acteurs américains, histoire de rendre tout cela un peu plus exportable. On aura donc droit à John Saxon, bien connu des amateurs d’horreur grâce à son rôle de papa dans Les Griffes de la Nuit, mais deux ans après la sortie de Ténèbres, qui joue ici le rôle de l’agent de l’écrivain. Assez discret, il tient bien son rôle. Mais dans le rôle titre, celui de Peter Neal l’écrivain, nous avons Anthony Franciosa, déjà vu dans quelques films d’action comme Un Justicier dans la Ville 2. Il joue très bien son rôle, il demeure crédible et joue en toute sobriété. Pour l’accompagner, on aura la muse de Argento, Daria Nicolodi, que l’on aperçoit dans Inferno, et qui joue ici la secrétaire de l’écrivain. Là aussi, aucun problème, elle joue très bien. On pourra par contre ronchonner contre le jeune pitoyable des deux lesbiennes, qui surjouent un max et qui demeure peu crédibles. Mais au final, on a droit à un beau casting, bien loin de certains portraits marrants des premiers giallos de Argento et tout ce petit monde se fond bien dans les décors minimalistes de ce film.

Pour ce qui est du gore, effet de style dans lequel le réalisateur s’était jeté avec ses deux précédents films, il demeure un peu moins présent. Cela signifie que les morts sont moins longues, moins douloureuses, et que le sang est moins omniprésent. Néanmoins, on reconnait la patte du réalisateur avec quelques touches sanglantes bien senties, comme la fameuse scène où les deux femmes se font assassiner, avec le trou dans le pull, et dans lequel on voit le regard apeuré de la victime, juste avant un grand coup de rasoir. Le film deviendra plus gore vers la fin, avec des meurtres à coup de hache et une gerbe de sang des plus jolies, tachant les murs impeccables de ces maisons aux angles droits. Mais encore une fois, cela reste assez léger, Argento privilégiant une ambiance lourde et une violence visuelle avec des rêves assez durs et certaines images bien rentre-dedans. Si on est bien loin de l’ésotérisme et de l’éclairage de Inferno, on reste tout de même dans un film étrange, où la violence demeure persistante.

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C’est un koundelitch, ça vaut des millions !

Au final, Ténèbres est résolument l’un des meilleurs films de Dario Argento avec Inferno. Visuellement marquant et possédant une ambiance totalement différente des autres films mais vraiment puissante, Ténèbres montre combien Argento était en avance sur son temps à l’époque. Violent, urbain et avec un twist très surprenant, ce film demeure un must see malgré des débuts un peu lénifiants.

Note : 17/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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