mars 19, 2024

The Lobster

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De : Yorgos Lanthimos

Avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Jessica Barden, Olivia Colman

Année: 2015

Pays: Grèce, Angleterre, Pays-Bas, Irlande, France

Genre : Science-Fiction, Drame

Résumé :

Dans un futur proche, en vertu des lois de la Ville, toute personne célibataire est arrêtée et transférée à l’Hôtel. Là, il a 45 jours pour trouver un partenaire. Faute de quoi il sera transformé dans l’animal de son choix, puis relâché dans les Bois. N’ayant plus rien à perdre, un homme s’échappe de l’Hôtel et gagne les Bois où vivent les Solitaires et où il va tomber amoureux. Mais l’amour n’est pas autorisé chez les Solitaires…

Avis :

Réalisateur grec, Yorgos Lanthimos s’est fait remarquer en 2009 à Cannes avec son premier film « Canine » qui remporta le prix de la sélection « Un certain regard ». Depuis Yorgos Lanthimos a fait son petit bonhomme de chemin et le voilà six ans plus tard avec son troisième film, au casting international, qui fut salué au dernier festival de Cannes, dont il est reparti avec le Prix du Jury.

À la lecture du synopsis, je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec « The Lobster« . Il faut dire que l’histoire est on ne peut plus intrigante et on peut facilement deviner que « The Lobster » va être le genre de film, qui, si jamais on n’adhère pas dès le départ, c’est foutu. Film concept à l’écriture divine et l’intrigue triste et dure, j’ai complètement été fasciné par cette critique de société que dresse le réalisateur. Et même si le film a tendance à quelque peu ramer dans sa deuxième partie, dans son ensemble, j’en ressors ravi et quelque peu hanté, avec une fin assez subjective, qui laissera chacun faire sa propre conclusion.

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Dans un futur très proche, les lois ne sont plus les mêmes. Tout individu se doit d’être en couple, le célibat est proscrit. Si une personne est célibataire, elle est arrêtée et amenée dans un hôtel. Là, ladite personne aura quarante-cinq jours pour tomber amoureuse. Elle devra trouver quelqu’un qui lui ressemble. David, la quarantaine, vient de perdre sa femme dont il était très amoureux et comme la loi le désire, il intègre donc l’hôtel, afin d’y trouver une nouvelle femme. Il ne lui reste que quarante-cinq jours… Ou alors un autre choix qu’il n’envisage pas pour l’instant.

Difficile, il est très difficile d’écrire quelque chose sur « The Lobster » tant le film est particulier et sort des sentiers battus qu’on a l’habitude de voir au cinéma.

L’ambiance est lugubre, dépouillée de vie, de joie et finalement de sentiment. Avec « The Lobster« , Yorgos Lanthimos nous entraîne dans un monde qui fait froid dans le dos. Desservi par un scénario d’une redoutable intelligence, « The Lobster » est un film fascinant, et c’est aussi un film qui met terriblement mal à l’aise. Pourquoi ? Et bien parce qu’il jouit d’un humour noir terrible, qui fait se demander à plusieurs reprises si l’on doit rire. Parfois, le film va assez loin dans ses situations et ses dialogues, c’est même révoltant de temps à autre. Yorgos Lanthimos réalise un film sur une (deux) dictature et signe à contre-sens un très beau, très touchant et profond film d’amour qui appelle à la différence, car c’est en enfermant cet amour, en le dirigeant, qu’il devient deux fois plus beau quand celui-ci s’invite pour de vrai.

Le scénario est incroyable, improbable, pointu, singulier. Le réel se mélange au grotesque, au pitoyable et à l’irréalisme des situations tellement inhabituelles. L’arrivée à l’hôtel en est l’exemple parfait. D’une scène à l’autre, « The Lobster » étonne autant qu’il choque et dans son ensemble pousse à la réflexion. Le réalisateur ne se plie pas à la facilité d’un cinéma tout public, bien au contraire, son film amène à réfléchir, rien n’est laissé au hasard, tout ou presque a un sens, un but.

Yorgos Lanthimos a des choses à dire, des critiques et des dénonciations à faire, mais il ne nous mâche pas le travail. L’intrigue se divise en deux parties très distinctes l’une de l’autre. Le film dresse deux portraits et se trouve être d’un pessimisme essoufflant. Le mensonge est le maître-mot de ce film. Le paraître et ce que l’on veut faire ressentir est primordial et prime sur les vrais sentiments, le but étant, pour la plupart, d’éviter la sentence fatale, être transformé en animal et abandonné dans la nature.

En plus d’un scénario original et fou, le réalisateur nous offre une mise en scène qui s’accorde parfaitement à son intrigue. Le film est aussi fascinant à regarder qu’à suivre, offrant des ralentis épiques, des cadrages choisis à la perfection et une photo incroyablement froide où le peu de chaleur qui arrive à traverser le ton grisâtre du film fait du bien au moral. Il y a aussi un joli travail sur le son qui donne une ambiance inquiétante à plusieurs moments. Une inquiétude qui est d’autant plus présente grâce à l’excellente BO.

Pour la première fois, Yorgos Lanthimos s’offre un casting international et c’est un casting de luxe et d’exception. On commencera par Colin Farrell qui est presque méconnaissable et l’acteur est aussi fascinant que le film. Tout en retenu, ayant changé aussi bien physiquement que dans sa démarche et son allure, Il tient là l’un de ses rôles les plus aboutis et il devrait enfin convertir à sa cause les personnes qui le trouvent mauvais acteur. Il est même surprenant que Cannes ne lui ait pas donné un prix. Au détour des couloirs de cet hôtel si particulier, on pourra croiser Olivia Colman en directrice glaciale, Angeliki Papoulia en célibataire flippante, Ben Whishaw en manipulateur ou encore John C. Reilly qui est très touchant. La deuxième partie verra arriver les talentueuses Rachel Weisz, qui illuminera le film, et Léa Seydoux qui le plongera dans les ténèbres.

En fait, le seul reproche que l’on peut faire au film est que vers la fin, on sent que le réalisateur a du mal à nous amener vers son final. Le film commence à s’essouffler, comme s’il s’était retrouvé piégé dans son concept, dans sa dictature et parfois, on se demande où le réalisateur veut en venir et on a bien le droit à plusieurs longueurs. Des scènes, très belles, mais qui ne font pas avancer l’intrigue, on tourne un peu en rond et l’on sent que le réalisateur cherche comment faire pour nous emporter là où il veut. Et finalement, il y arrivera et conclura son film de manière redoutable, mais il faudra passer ce petit quart d’heure en trop.

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« The Lobster » sera donc l’étrangeté fascinante de cette fin octobre. C’est un film aussi particulier qu’il est finalement accessible. Certes, le réalisateur ne facilitera pas le travail, il y aura des zones d’ombre, un peu de longueurs et un final qui laissera libre à chacun de l’interpréter, mais au final, avec un tel propos, un scénario aussi radical et une telle mise en scène, ce film est bien plus intéressant que beaucoup d’autres qui sortent en salles. C’est donc une curiosité à découvrir, tout en sachant là où l’on met les pieds.

Note : 15/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « The Lobster »

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