mars 28, 2024

Dagoba – Tales of the Black Dawn

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Avis :

Le métal français, c’est un peu comme le cinéma de genre en France. Il devient de plus en plus difficile de sortir quelque chose de potable sans pour autant rentrer dans la masse populaire. Fort heureusement, certains groupes cartonnent aux USA et pour le coup, cela permet d’ouvrir en grand le catalogue des groupes prometteurs ou ayant fait leurs preuves. Dagoba fait partie de la catégorie death métal qui marche à l’étranger. Fondé en 1997 autour de Shawter, chanteur et guitariste du groupe, Dagoba (qui fait référence à Star Wars) vient de Marseille et fait partie de cette grande famille de sudiste qui a préféré le métal au rap phocéen. Ils sont donc à rapprocher de Eths, anciennement Tripod ou encore Warrior Kids mais dans une moindre mesure. Le groupe se fait très vite remarquer avec un EP applaudit par la critique et du coup, c’est en 2003 que sort le premier album éponyme. Le succès est au rendez-vous et le groupe donne des concerts à l’étranger à partir du deuxième album, What Hell is About. Après leur troisième album, Dagoba signe sur le même label que Nine Inch Nails et Loudblast et propose en 2010 Poséidon. Se reposant très peu, le groupe enchaîne avec Post Mortem Nihil Est en 2013 et Tales of the Black Dawn en 2015. L’occasion parfaite pour se plonger dans ce sixième effort d’une noirceur absolue.

Le skeud fait le pari d’avoir un thème sur toute sa durée. Le groupe commence par la fin et propose donc une balade nocturne avec tout ce qu’il faut de mondes parallèles et de créatures de la nuit. L’ensemble semble baigner dans une atmosphère poisseuse, étouffante, qui n’est pas sans rappeler une jungle luxuriante, mais inquiétante une fois le soleil couché. Tout du moins, c’est l’impression que laisse l’intro, se nommant Epilogue, ainsi que sa jaquette, montrant une chauve-souris ensanglantée. Cela se confirme avec The Sunset Curse, qui évoque le réveil des bestioles de la nuit, dans une rythmique époustouflante et ultra rapide. D’ailleurs, tout l’album sera nerveux à un tel point qu’il en devient épuisant. Mais c’est une bonne fatigue. Là où certains groupes en deviennent redondant et agaçant, Dagoba arrive à gérer cette énergie et à impulser une nouvelle sonorité dans chaque titre. Si The Sunset Curse contient des moments en chant clair, ce ne sera pas le cas de Half Damn Life et encore moins de Eclipsed, un morceau enragé qui frôle la saturation mais qui se rattrape avec une césure mélodique du plus bel effet avant de repartir sur une nervosité communicative. Quant à Born Twice, démarrant avec une vieille télé américaine parlant de meurtres, le groupe repart dans des riffs ultra agressifs et un growl surpuissant. Le batteur est certainement un poulpe pour taper aussi vite et aussi fort sur ses caisses.

Dagoba-2015

La surprise viendra en milieu d’album avec The Loss. Alors que le titre démarre sur une rythmique diabolique, le chant restera feutré et en clair. Bien entendu, Shawter finira ses couplets en growl, mais le titre reste beaucoup plus accessible que le reste de l’album et s’avère d’une grande beauté. Le refrain est grandiloquent avec des instruments à corde renforçant un sentiment de douceur alors que le titre reste profondément puissant et violent. Derrière, avec Sorcery, le groupe accentue la différence avec un morceau ultra violent, le plus rêche du skeud, instaurant une ambiance lugubre que l’on pourrait retrouver dans un film d’horreur se déroulant dans la jungle amazonienne. Encore une fois, le groupe change de registre par la suite, avec une sublime intro avec O, Inverted World, un titre rapide, aux riffs impeccables, mais qui possède une certaine profondeur et surtout un recul très intéressant, offrant à la fois de la douceur et une rage insoupçonnée. Enfin, The Dawn et Morning Light évoque l’arrivée du soleil et donc la fin du skeud dans deux morceaux surpuissants et aux rythmiques scandées et frénétiques. On pourra profiter du chant clair de Shawter lors du refrain, qui a tout de même encore du mal à faire éclater sa voix sans growler.

Au final, Tales of the Black Dawn est un excellent album qui sent la sueur, le sang et une volonté de bien faire tout en restant fidèle à sa musique et à ses choix. Dagoba ne perd pas de vue la musicalité de son style et propose un skeud rageant, certes, mais aussi très mélodique et doté d’une double écoute très intéressante. Un très bon album de métal qui prouve encore une fois que le métal français est en excellente santé.

  1. Epilogue
  2. The Sunset Curse
  3. Half Damn Life
  4. Eclipsed
  5. Born Twice
  6. The Loss
  7. Sorcery
  8. O, Inverted World
  9. The Dawn
  10. Morning Light

Note : 17/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=g2LrCcbbDKM[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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