mars 29, 2024

Preacher

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Auteurs: Garth Ennis et Steve Dillon

Editeur: Urban Comics

Genre: Fantastique

Résumé:

Au premier abord, le révérend Jesse Custer ne semble pas différent des autres petits pasteurs de province des États-Unis. Isolé dans une petite ville du Texas, le temps s’y dilue sans agitation, et avec lui, l’ardeur de sa foi. Jusqu’au jour où un terrible accident vient anéantir son église et décimer l’ensemble de ses fidèles. Depuis lors, Jesse développe d’étranges pouvoirs émanant d’une force spirituelle appelée Genesis. En proie au doute et à de multiples interrogations, l’homme se lance alors à la recherche de Dieu et, chemin faisant, croise la route de Tulip, son ex-fiancée, et de Cassidy, un vampire irlandais. Un pèlerinage au cœur de l’Amérique, où le Bien et le Mal ne font qu’un.

Avis:

Garth Ennis est considéré comme l’enfant terrible du comics et on peut comprendre pourquoi. Doté d’un bagou et d’une plume à faire frémir les oreilles les plus endurcies, l’homme a signé des comics de grande qualité, mais qui ont aussi fait couler beaucoup d’encre. Si Hellblazer reste l’un de ses plus gros succès, mettant en scène un certain John Constantine, il est aussi l’auteur de Crossed, une série ultra gore où des gens marqués d’une croix cramée sur le visage deviennent des psychopathes sanguinolents. C’est d’ailleurs l’un des seuls comics que l’on peut trouver sous scellé tant il n’est pas à mettre entre toutes les mains. Mais entre ces deux séries, il a pondu Preacher, une série qui a défrayé la chronique de par ses propos et son ton libertaire. Mais ce n’est pas pour rien que la série a remporté un certain Will Eisner Award…

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Jesse Custer est un révérend qui n’est pas comme les autres. Alors qu’il commence son speech devant une église bondée, une entité prend possession de son corps, tuant tout le monde. Il se rend compte que l’entité en lui est Genesis, un enfant qui est né d’un ébat entre une démone et un ange et ayant le même pouvoir que Dieu. Ainsi, il possède la voix de Dieu, forçant n’importe qui à faire ce qu’il dit. Sur son chemin, il va rencontrer son ex, Tulip, qui cache quelque chose et Cassidy, un vampire irlandais. Ensemble, ils vont essayer d’échapper à la police mais aussi et surtout au saint des Tueurs ainsi qu’à la famille de Jesse.

Preacher est un comics qui a soulevé beaucoup de cœur et dégouté beaucoup de gens. Garth Ennis s’en amuse maintenant, mais cela démontre bien qu’une BD peut raconter quelque chose, choquer et faire réagir. Il faut dire qu’avec cette série, le scénariste est allé très loin, mais en gardant toujours à l’œil l’envie de décrire quelque chose et de démontrer la bêtise humaine. Le plus étonnant au départ est le ton donné. On pense être dans un récit réaliste et terre à terre, mais d’un coup, en quelque page, on passe dans un récit fantastique où la religion tient un rôle prépondérant. Car Preacher est non seulement un voyage initiatique dans l’Amérique profonde, mais il est aussi un pamphlet contre les religions et le fanatisme.

Ennis s’amuse à décortiquer les différents symboles de l’Amérique profonde et pour cela, il ne va pas hésiter à rentrer dans le lard de façon frontale sur tous les clichés que véhicule cette région. A titre d’exemple, on aura le shérif qui se prend pour un cador, détestant sa vie, son fils défiguré qui a essayé de se suicider mais aussi les gens en général et surtout ceux qui ne rentrent pas dans les codes comme les homosexuels. De ce fait, Ennis nous pond une sorte de cowboy dont le sort sera à la hauteur de tout ce qu’il déteste. Mais ce ne sera pas le seul exemple, puisque nous aurons aussi du redneck haineux niquant des poules ou encore du flic exemplaire dans son travail mais qui cache un lourd secret.

Là où la série a soulevé des cœurs c’est dans son traitement de la religion. Preacher titre à boulets rouges sur le christianisme et la religion en général, s’octroyant le droit de représenter Dieu, mais en le faisant démissionner de ses fonctions, le rendant branleur et défaitiste. Il remet ainsi en cause les croyances, les rendant futiles, mais surtout, il apporte une vision dramatique de la religion, détruisant un homme pour avoir la foi avec une famille de frénétique religieux. Ce qui est très intelligent de la part de Ennis, c’est qu’il fait cela sans pour autant inclure tout le monde dans cette critique, apportant son point de vue et le construisant sans injures avec des arguments. Bien évidemment, la série est ordurière, elle se moque de beaucoup de choses, notamment avec le détachement du vampire, se foutant ouvertement de la gueule de tout le monde, même des handicapés physiques, mais cela colle au ton totalement libertaire de Preacher. D’ailleurs, pour revenir à la religion, le seul saint qui aide les adéphins, serviteurs de Dieu, c’est le saint des tueurs, car même les criminels ont droit à leur patron.

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Au final, Preacher est un indispensable du comics. Violent, gore, ordurier, vulgaire, areligieux, critiquant la société américaine des laissés pour compte, Garth Ennis livre une série impeccable qui choque, fait rire mais apporte aussi une réflexion sur la religion et sur les raisons d’aimer un Dieu. Ce n’est pas étonnant que Preacher ait choqué le puritanisme américain, mais c’est à cela que l’on reconnait les bonnes séries, et Preacher figure en tête de liste.

Note: 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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