mars 29, 2024

La Chair et le Sang

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Titre Original : Flesh and Blood

De : Paul Verhoeven

Avec Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Tom Burlinson, Jack Thompson

Année: 1985

Pays: Etats-Unis, Espagne, Pays-Bas

Genre : Aventure

Résumé :

Au XVIème siècle, une bande de mercenaires, s’estimant lésés par un seigneur, enlèvent et violent la promise de son fils avant de semer la terreur dans son château.

Avis :

Paul Verhoeven débute les années 80 avec « Spetters« , une œuvre violente et dérangeante. Sorti en 1980, « Spetters« , et surtout son accueil, a largement contribué au départ de Verhoeven vers les États-Unis. Ne voulant pas perdre ce qui fait la marque de son cinéma, le réalisateur va mettre quelques années avant de se lancer dans un nouveau film et ce sera « La chair et le sang« .

Il était bon, le temps où un réalisateur pouvait partir à Hollywood et faire un film « comme il le voulait », sans rien perdre ou presque de ce qui a fait son style et son univers. Après les médisances de « Spetters« , Paul Verhoeven revient avec une œuvre médiévale qui s’inscrit pile dans la lignée de ce que le réalisateur a fait en termes de violence et de provocation. Avec un budget de quelques six millions de dollars, le réalisateur néerlandais va offrir un film rudement reconstitué, ainsi qu’une intrigue lourde, violente, qui ne fera pas de concession et le tout mené par l’acteur fétiche de Verhoeven, Rutger Hauer, dans la peau d’un mercenaire plus tendre qu’il ne le laisse paraître.

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Au XVIème siècle, le seigneur Arnolfini avait perdu sa ville. Il avait fait appel à des mercenaires pour la reconquérir et leur avait promis richesse, une fois la victoire acquise. Mais une fois la dite victoire, le seigneur est revenu sur sa parole et chassa les mercenaires hors de chez lui. Un groupe de mercenaires soudé, mené par un homme appelé Martin, décide alors de se venger du Seigneur et de reprendre ce qu’il leur est dû. Ainsi, un jour, pendant que le seigneur est à la chasse, les mercenaires attaquent le convoi et le volent. La fortune leur sourit et les voilà couverts d’or et de belles étoffes. Mais en volant le convoi du seigneur, les mercenaires vont découvrir à l’arrière d’un des chariots, la fiancée du fils du Seigneur, une jeune princesse vierge, qui répond au doux nom d’Agnès et contre toute attente, alors qu’elle sera maltraitée, la jeune femme s’intégrera au groupe de mercenaires. Mais le jeune Seigneur Stéphane est bien décidé à récupérer sa promise.

Film culte pour beaucoup, « La chair et le sang » est le film qui a révélé Paul Verhoeven au grand public. Si le réalisateur s’était fait un joli nom jusqu’alors, c’est bien avec ce premier film loin de chez lui, qu’il va attirer les regards sur son œuvre et ainsi pouvoir réaliser les films qu’on adore aujourd’hui, de « Robocop » à « Total Reccal« , de « Basic Instinct » à « Starship Trooper« .

Pour moi, ce film est une découverte, car de Verhoeven, je ne connais pratiquement pas sa carrière et en dehors de « Robocop« . J’ai été très surpris de voir que c’est ce film qui a révélé le réalisateur au monde, alors que le film est terriblement violent, sadique et répugnant, décrivant un monde glauque, sans foi ni loi. Le public de l’époque était plus ouvert qu’aujourd’hui. Je m’attendais à être secoué, puisque c’est un peu la ligne directrice du réalisateur, qui fait ce qu’il veut, quitte à déranger son public, et peut-être même en perdre une partie. Alors, c’est vrai que « La chair et le sang » a vieilli et qu’aujourd’hui, même si le film reste violent, il a perdu son oppression, car on est habitué à bien pire, mais quand on le remet dans son époque, on peut être choqué de cette violence qui défile sous nos yeux. Meurtres, viols, lambeaux de chair, combats sanglants, Paul Verhoeven n’a pas fait les choses à moitié pour décrire son époque où seul règne la loi du plus fort. Ici personne n’est bon ou mauvais, chaque personnage a ses bons comme ses mauvais côtés. Ils sont tous aussi attachants qu’ils sont finalement horribles et finalement insupportables (dans le bon sens bien sûr). Et c’est ce que j’ai le plus apprécié dans le film de Verhoeven. Plus que l’intrigue, que j’ai trouvée très simple en fin de compte, plus que la magnifique mise en scène du réalisateur, ou encore les très beaux décors, plus que la violence des batailles, parfois épiques, ou les reconstitutions impeccables des forteresses qu’on trouve dans le film, c’est bien le portrait que dresse Paul Verhoeven de ses personnages et de l’époque qui m’a captivé. C’est dur, cruel, gore (les SFX sont vraiment bien faits pour l’époque) immoral, c’est très ambigu et fantasmé parfois, surtout autour de la sexualité du personnage principal. Et en même temps, c’est génial, car on imagine que c’est assez réaliste et représentatif de l’époque.

Pour son premier film américain, Paul Verhoeven a fait appel à Rutger Hauer, dont ce sera la cinquième et dernière collaboration ensemble. L’acteur est excellent dans le rôle de ce mercenaire sans foi ni loi. Et ce que j’ai aimé par-dessus tout, c’est qu’il est pourtant guidé par la foi de Saint-Martin, un saint qui porte le nom du personnage principal, dont le Cardinal de leur petit groupe a vu que le saint en question apporterait fortune et gloire au personnage de Rutger Hauer, s’il suivait ses indications. C’est terrible et ça donne encore un peu plus de crédit et de profondeur dans le portrait que Verhoeven fait de l’époque. Puis l’acteur dégage une telle présence dans le rôle de ce pourri sans en être un. Le film développe toute une galerie de personnages très intéressants et tenu par un beau casting, où l’on trouve une toute jeune Jennifer Jason Leigh, Bruno Kirby, Jack Thompson, une Susan Tyrrell absolument exceptionnelle, Brion James, John Dennis Johnston. Franchement, chaque acteur est à sa place, Paul Verhoeven dirige tout ce petit monde avec maîtrise.

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« La chair et le sang » est donc un film qui allie parfaitement le choc au divertissement, qui mélange scènes magnifiques et terriblement tragiques. L’intrigue est sympathique, sans être extraordinaire non plus. C’est vraiment le portrait et le regard que porte le réalisateur sur l’époque qui m’a scotché et dérangé. « La chair et le sang« , le premier film américain de Paul Verhoeven, est donc une œuvre qui vaut sacrément son coup d’œil !

Note : 16/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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