mars 29, 2024

Violette Nozière

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De : Claude Chabrol

Avec Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Jean Carmet, Lisa Langlois

Année : 1978

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Evocation du célèbre parricide des années trente qui fascina les surréalistes. L’histoire d’une jeune fille qui tue père et mère pour échapper à une atmosphère familiale étouffante et retrouver les étudiants du Quartier latin.

Avis :

Figure emblématique de la nouvelle vague française, Claude Chabrol est une légende dans le monde du cinéma. Si j’ai beaucoup de mal avec le cinéma de Jean-Luc Godard, le cinéma de Mr Chabrol est un cinéma qui, je pense, va beaucoup m’accrocher. Oui, c’est un cinéma que je connais encore mal, puisque ce n’est que le troisième film que je vois de lui, et c’est le deuxième que j’aime de lui, après « La Fleur du Mal« .

Isabelle Huppert et Claude Chabrol, c’est une belle et grande histoire, qui a duré sur une belle partie de la carrière du réalisateur. Sept films ensembles et autant de titres qui sont connus, et cet amour commence ici avec « Violette Nozière« . Le film relate l’histoire de Violette Nozière, une jeune fille qui défraya la chronique dans les années 30, puis tout au long de sa vie, car le cas de Violette Nozière est un cas exceptionnel dans la justice française et quand on découvre cette histoire aussi incroyable que stupéfiante, on comprend aisément qu’un cinéaste ait pu vouloir mettre en scène ce mystère. La vie de Violette Nozière est un vrai scénario à elle seule et imaginez un peu ce que cela peut donner sous l’œil de Claude Chabrol.

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Paris, les années 30, Violette Nozière, dix-huit ans, est une jeune fille de bonne famille. Bien sous tous rapports en apparence, elle est studieuse et aimante. Enfin, ça, c’est l’image qu’elle montre à ses parents, car en réalité Violette est en rébellion contre leur mode de vie. Derrière leur dos, Violette se prostitue et les vole régulièrement. Alors qu’elle apprend qu’elle a la syphilis, Violette, par un odieux stratagème, va réussir à faire croire à ses parents qu’elle est malade à cause d’eux. C’est comme ça que la jeune fille arrive ainsi à leur faire prendre des médicaments soi-disant délivrés par leur médecin. En réalité, Violette est en train d’empoisonner ses parents. Son père n’en réchappera pas, par contre sa mère si. Arrêtée jeune, Violette sera donc condamnée à mort pour parricide.

« Violette Nozière » est pour l’instant le meilleur film que j’ai pu voir du réalisateur. Dramatique, banale et terrible, tels sont les trois adjectifs qui peuvent le mieux qualifier le parcours de la jeune Violette Nozière.

L’histoire et la vie de Violette Nozière sont tout à fait fascinantes et de cette existence perdue, Claude Chabrol en a fait un grand film, qui s’apparente à une fable diabolique. Comment cette jeune fille en a pu arriver à vouloir tuer ses parents ? Pourquoi, à dix-huit ans à peine, cette jeune fille a prémédité son acte ? Et que lui est-il arrivé par la suite, elle qui était convaincue que la sentence prononcée ne serait jamais exécutée ? Autant de questions auxquelles le réalisateur français va répondre avec le plus de détails possibles.

Ce que j’ai adoré avec ce film, c’est la façon qu’a Chabrol de nous raconter cette histoire. Son film est très intimiste. Il se base sur les faits, ne prenant pas partie. Il nous présente cette jeune fille et son mode de vie de façon très simple et franche. Il nous présente ses parents aussi et l’ambiance qui règne la maison. Il se dégage quelque chose de très étrange et malgré le fait que l’on connaisse une partie de l’histoire, il développe un certain suspens et un mystère. C’est terrible, car Chabrol fait de ce visage angélique un mystère. À aucun moment, on ne pourrait croire qu’elle compte vraiment passer à l’acte. Et cette sensation de pureté qui entoure le personnage la rend, je trouve, diabolique, tout en développant une certaine compassion à son égard. C’est génial, et j’aime ce genre de développement autour d’un personnage et Chabrol le fait à la perfection. J’ai beaucoup aimé le fait que le film ne s’arrête pas qu’au meurtre de ses parents, enfin de son père. Chabrol va plus loin, développant le procès, les chefs d’accusation, les doutes, les mensonges (ou pas, ça reste assez flou, ce qui laisse un mystère que j’ai franchement adoré), l’émoi que cette affaire a provoqué en France et puis la suite, car même si au bout de deux heures passionnantes, le film se conclut peu après le procès, le réalisateur n’oubliera pas de nous raconter, via une voix off, ce qu’il est advenu de Violette Nozière. Et comme on le disait, sa vie est un scénario de film et ce qui lui arrivera mériterait à lui seul un film.

À l’image de son film, Claude Chabrol a réuni un grand casting, surplombé par une toute jeune Isabelle Huppert ô combien talentueuse. Magnifique dans le rôle de Violette Nozière, la comédienne crève l’écran de par son mystère. Belle, innocente, naïve, mais diabolique, on ne peut s’empêcher d’avoir pitié d’elle. Elle est soutenue par des acteurs légendaires et de jeunes premiers. Pour les légendes, on retrouve bien entendu la muse de Chabrol, Stéphane Audran qui incarne avec une froideur sans égale la mère de Violette Nozière. L’actrice est incroyable et sa prestation donne lieu à une confrontation terrible lors du procès. Son père est campé avec chaleur et mystère par l’incontournable Jean Carmet. Pour les jeunes premiers, c’est avec plaisir qu’on découvre un tout jeune Fabrice Lucchini, une élégante Bernadette Lafont ou encore un charismatique Jean-François Garreaud.

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Claude Chabrol réouvre donc le dossier Nozière, et son film m’a vraiment donné envie d’en savoir plus sur cette affaire vraiment pas comme les autres. Passionnant, instructif, rudement mené par des acteurs fabuleux et un réalisateur en or, « Violette Nozière », qui arrive sur ses quarante ans, reste un sans-faute. Vraiment, une excellente surprise !

Note : 15,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Violette Nozière »

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