mars 19, 2024

Trois Souvenirs de ma Jeunesse

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De : Arnaud Desplechin

Avec Quentin Dolmaire, Lou Roy Lecollinet, Mathieu Amalric, Dinara Droukarova

Année : 2015

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient… De son enfance à Roubaix… Des crises de folie de sa mère… Du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent…Il se souvient… De ses seize ans… De son père, veuf inconsolable… De ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe… Il se souvient de ses dix-neuf ans, de sa sœur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir… De ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Behanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie… Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le cœur de sa vie. Doucement, « un cœur fanatique ».

Avis :

Pour commencer, je dois dire que j’aurais mis du temps pour apprécier le cinéma d’Arnaud Desplechin. Peut-être étais-je trop jeune, mais le premier film que j’ai vu de lui reste un assez mauvais souvenir pour moi. Alors que le film est peuplé d’acteurs que j’aime, « Rois & reine » avait été une expérience assez difficile. Pour être clair, je m’étais ennuyé comme pas deux et après ce film, j’ai mis un bon bout de temps avant de revoir un film signé Arnaud Desplechin. Puis l’année dernière, je me suis décidé à regarder « Un conte de Noel« . J’aimais bien le titre, puis Catherine Deneuve et Mathieu Amalric ont aidé dans ma décision et j’ai apprécié le film. Sans vraiment adorer non plus, il m’a quelque peu réconcilié avec le cinéma de son réalisateur.

Et c’est grâce à lui que je suis parti m’enfermer dans une salle de cinéma, histoire de découvrir un premier Arnaud Desplechin sur grand écran. La bande-annonce m’intriguait, autant que je la trouvais jolie. Séduit par son ambiance et son casting, j’avais hâte de découvrir ce petit film et j’en ressors assez décontenancé, ne sachant pas trop quoi en penser. Et je me suis laissé quelques jours pour pouvoir y repenser, car si j’ai apprécié l’histoire dans son ensemble, il y a quelques petites choses qui m’ont dérangé, que ce soit dans l’histoire elle-même ou dans le jeu des jeunes acteurs qui est si particulier.

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Paul Dédalus a baroudé dans sa vie. On vient de lui proposer un poste dans un ministère à Paris, il quitte alors le Tadjikistan pour rentrer dans son pays. Mais une fois arrivé sur place, il est arrêté par les autorités françaises, car il y a un problème avec son passeport, visiblement, quelque part dans le monde, quelqu’un porte la même identité que lui. Paul va alors devoir prouver qu’il est bien celui qu’il prétend être. Il va donc raconter à l’inspecteur qui l’interroge, sa jeunesse et plus particulièrement « trois souvenirs », trois événements qui ont fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui…

C’est donc à grand coup de flashbacks qu’Arnaud Desplechin nous entraîne dans son nouveau film. « Trois souvenirs de ma jeunesse » est un film que j’ai apprécié autant qu’il m’a dérouté. C’est sur un ton assez théâtral que le réalisateur nous emporte dans une construction existentielle, une quête de soi-même, dispatchée en un puzzle naïf et touchant.

Sur l’ensemble de l’intrigue, j’ai été pris dans le film. J’ai aimé découvrir ces souvenirs, les premiers épis de cet adolescent, ce qui a fait sa vie par le passé. J’ai aimé la délicatesse brutale, presque irréelle de cette histoire d’amour qui n’est pas comme les autres. J’ai aimé les confidences que fait Paul Dédalus à cet inspecteur. Les dialogues sont sublimes, légers, pleins de tendresses, de remords, on sent le poids de cette histoire sur la vie du personnage et j’avoue avoir été touché par cela. J’ai adoré cette plongée au cœur des années 80. Le film a une excellente ambiance, les costumes, les décors, les vieilles bagnoles, la BO, tout est très bon, et de ce côté-là, le film d’Arnaud Desplechin est une belle réussite

Mais malgré tout, il y a quelque chose que je n’arrive pas à m’expliquer dans cette intrigue. Pour se défendre, le personnage principal va choisir de raconter à cet inspecteur « Trois souvenirs de sa jeunesse » et s’il y en a un qui se justifie pleinement, je ne comprends pas pourquoi raconter à cet homme son enfance et les problèmes avec sa mère. Et pourquoi raconter cette histoire d’amour, qui je le répète, est très joliment amenée et racontée. Mais malgré tout, je reste dubitatif sur l’aide qu’elle peut apporter au personnage pour justifier ou non de cette deuxième identité ? Et cette interrogation m’a déstabilisé et ennuyé au final. Si le réalisateur avait envie de parler de cette histoire d’amour assez rocambolesque entre Paul et Esther, pourquoi ne pas avoir fait un film entièrement basé sur ces deux personnages ? Car au final, le souvenir que le film explore en très grande partie, est celui qui est le moins lié au scénario. Enfin du moins celui qui est le moins lié à l’événement qui va pousser Paul à se replonger dans son passé.

Puis l’autre petit détail que j’évoquais déjà plus haut, c’est le jeu des jeunes acteurs et plus particulièrement celui Quentin Dolmaire, qui incarne Paul jeune (donc Amalric jeune). L’acteur est très beau et jouit d’une belle présence à l’écran. Il a une voix extraordinaire, mais sa façon d’incarner Amalric est troublante et assez inégale. L’acteur m’a autant agacé par sa nonchalance qui parfois fait vraiment jeu d’acteur qu’il a réussi à plusieurs moments à charmer. Mais ça reste quand même agaçant, car d’un coup, le personnage s’en va et on ne voit plus que l’acteur qui donne l’impression de jouer. Et c’est d’autant plus bizarre cette inégalité de jeu car à d’autres moments, il est fabuleux, explorant son personnage avec assurance, conviction et drôlerie. J’avoue donc ne pas trop savoir si l’acteur est excessivement doué ou alors pas du tout, car ce jeu, si troublant soit-il, reflète le caractère de ce personnage, et dans un sens, il lui convient. C’est donc terriblement troublant. Et j’ai un peu le même ressenti pour la plupart des jeunes comédiens qui participe à ce film, Lou Roy Lecollinet, Theo Fernandez, Pierre Andrau.

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« Trois souvenirs de ma jeunesse » est un film que j’ai apprécié, car les souvenirs sont beaux, même si bien souvent très tristes. J’ai aimé la façon qu’a Arnaud Desplechin de les raconter. Reste juste la forme et la pertinence de ces choix mémoriels (plus que les jeux des acteurs) qui me laissent vraiment des doutes.

Note : 12/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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