mars 28, 2024

Francis Cabrel – In Extremis

kgk

Avis :

La variété française, depuis quelques temps maintenant, se berce d’illusions et de chanteurs ou chanteuses sans grande ambition. Il faut dire qu’à part faire du calibrage radiophonique, rien de bien intéressant ne sort et il faut parfois se rabattre sur les anciennes gloires pour trouver de quoi se réconforter. Francis Cabrel se place un peu en marge de toute cette mouvance médiocre de la chanson française, puisqu’il se pare de sa belle guitare et essaye d’être au-dessus de ce nivellement vers le bas. Découvert en 1974, après plus de quarante ans de carrière, l’ex moustachu de la variété revient avec un treizième album sobrement intitulé In Extremis. Mais que reste-t-il du chanteur du Sud-Ouest qui a commencé la chanson pour combattre sa timidité ? Avons-nous droit à un album rempli de tubes comme Petite Marie, La Corrida, La Dame de Haute-Savoie ? La réponse est malheureusement non, car nous sommes face à un album bien en-dessous des habitudes du chanteur, qui se contente du minimum et offre quelque chose de mou et dénué de tubes en puissance.

Après plusieurs écoutes intégrales de l’album, on pourrait croire que Calogero, après avoir dénué Florent Pagny de son talent dans son dernier album, est passé par là, mais visiblement non, Cabrel se fourvoie lui-même dans un faux rythme lénifiant. Et pourtant, cela commençait plutôt bien. Si Dur Comme Fer commence comme Encore et Encore au niveau de la batterie, il dévie par la suite avec une guitare un peu dissonante mais gardant un rythme agréable et où tout correspond à l’univers de Cabrel. Alors certes, les paroles ne sont pas très intéressantes et carrément pas engagées, mais cela donne une entame réjouissante pour la suite. Malheureusement, ce titre sera l’un des seuls à avoir un rythme entrainant, puisant des ressources dans un rock et une batterie énergique. Il faudra ensuite attendre la cinquième piste pour avoir un semblant de référence au rock ou à la country. Fort heureusement, In Extremis, le morceau éponyme de l’album, relève le niveau avec une sorte de country pas désagréable même si cela reste assez faiblard au niveau de la technique et malgré un petit solo pas si mauvais que ça. Enfin, autre titre pas désagréable et faisant partie des meilleurs titres du skeud, c’est Partis Pour Rester. Profondément rock, avec des paroles assez cyniques sur la recherche de la jeunesse éternelle et l’illusion de vouloir vivre éternellement, ce morceau est bien dynamique, assez sombre et plutôt bien écrit. Malheureusement, ce sera le seul morceau qui marque les esprits et ce n’est pas pour rien que le chanteur l’a choisi pour en faire son tube afin de vendre son album. Pour le reste, on repassera sur les vieux tubes du chanteur pour se consoler.

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Il faut dire que le chanteur ne s’est pas lâché sur les paroles et que pour les ballades, qui sont la majorité de ce skeud, on préférera grandement se réécouter L’Encre de tes Yeux ou encore Je t’Aimais, je t’aime et je t’aimerai. A titre d’exemple, A Chaque Amour que Nous Ferons est d’un ennui incroyable, ne changeant jamais le rythme, se reposant sur une guitare redondante et quelques violons pour faire bien. Pire que cela, le refrain n’est pas agréable et ne rentre pas du tout en tête. Ce sera le même constat pour toutes les autres ballades de l’album comme Dans Chaque Cœur ou encore les Tours Gratuits qui fleure bon la variété française des bals populaires. Mais au-delà de ça, certains titres sont vraiment, mais alors vraiment mauvais. Je pense notamment à La Voix du Crooner, un morceau très court, tout au piano mais avec des paroles d’une nullité affligeante sur un pauvre chanteur sur le déclin. C’est pénible come pas possible et rétrograde que cela en devient gênant. On peut aussi évoquer Pas Si Bêtes, et sa trompette de bal masqué, qui prouve que le chanteur n’en a plus rien à foutre de ce qu’il fait tant le titre manque d’originalité et de volonté de faire quelque chose de bien. Enfin, difficile de passer à côté du titre Le Pays d’à Côté où l’on peut écouter Cabrel faire son Yannick Noah, et c’est suffisant pour donner la nausée.

Au final, In Extremis, le dernier album de Francis Cabrel, est une énorme déception. Mou du début à la fin et proposant même des morceaux très pauvres, cet album ne possède pas une once d’originalité ou de référence antérieures. Exit donc les belles chansons d’amour ou les morceaux rock plutôt nerveux, le seul moyen pour se rappeler au bon souvenir de Francis Cabrel, c’est de réécouter ses hits et ses anciens albums. Du coup, la sortie de cet album peut peut-être booster les ventes de best-of ou d’anciens skeud bien plus sympathiques.

  1. Dur Comme Fer
  2. A Chaque Amour que Nous Ferons
  3. Le Pays d’A Côté
  4. Azincourt
  5. In Extremis
  6. Dans Chaque Cœur
  7. Partis Pour Rester
  8. Mandela, Pendant ce Temps
  9. Les Tours Gratuits
  10. La Voix du Crooner
  11. Pas Si Bêtes
  12. Les Fontaines du Jazz

Note : 06/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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