mars 29, 2024

Horsehead – Cheval de Tête

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De : Romain Basset

Avec Lilly-Fleur Pointeaux, Catriona MacColl, Murray Head, Philippe Nahon

Année : 2015

Pays : France

Genre : Fantastique, Horreur

Résumé :

Depuis son enfance, Jessica est hantée par des cauchemars récurrents dans lesquels elle est poursuivie par une mystérieuse créature à tête de cheval appelée HORSEHEAD. Dans l’espoir de retrouver la paix, Jessica a entamé des études de psychophysiologie des rêves. Suite au décès de sa grand-mère maternelle, Jessica est contrainte de retourner dans la maison familiale. A son arrivée, elle découvre que son aïeule défunte reposera dans la chambre mitoyenne de la sienne durant la veillée mortuaire… Après une première nuit agitée par un nouveau cauchemar, Jessica tombe subitement malade. Clouée au lit par une forte fièvre, la jeune femme décide d’utiliser son état léthargique pour expérimenter le RÊVE LUCIDE et essayer ainsi de prendre le contrôle de ses cauchemars, une pratique dangereuse dont certains ne se remettent jamais. Jessica évolue alors dans son propre monde onirique. Elle mène l’enquête afin de découvrir le mal qui la ronge elle et sa famille depuis des générations. Elle devra aussi affronter une dernière fois le maléfique HORSEHEAD.

Avis :

Le cinéma de genre français, voilà quelque chose qui fait peur, mais pas dans le bon sens du terme. Alors que notre pays regorge de réalisateurs talentueux qui ne rêvent que d’une chose, faire de leur métier une passion, le cinéma de genre est boudé par les producteurs et les exploitants en salles. Pourquoi ? La raison est simple, la rentabilité. Outre le fait que pas mal de films de genre français n’étaient pas terribles, voire pas bon du tout (Humains, pour ne citer que lui), les producteurs ne veulent pas investir dans des projets qui vont faire peu d’entrées. Ce qui est assez étonnant, puisque l’on sait qu’il y a un public pour les films d’horreur, surtout quand on regarde les chiffres au box-office des films de genre américains. Quoiqu’il en soit, faire un film d’horreur en France, c’est la croix et la bannière. Fort heureusement, quelques irréductibles gaulois se lancent dans des projets insensés et tentent d’en faire des films à part, soit extrême (A L’Intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo, Martyrs de Pascal Laugier), soit différent de ce que l’on voit habituellement dans ce genre, comme le prouve Horsehead de Romain Basset.

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Jessica est en proie à des cauchemars et pour s’en débarrasser, elle fait des études de psychophysiologie des rêves. Lorsqu’elle apprend que sa grand-mère est décédée, elle est obligée de retourner chez sa mère. Elle apprend alors que la dépouille de sa grand-mère sera dans la chambre jouxtant la sienne. Pour Jessica, les cauchemars reprennent et elle est toujours poursuivie par un monstre à tête de cheval. Durant son séjour chez sa mère, elle tombe bien malade et décide de rester au lit pour pratiquer le rêve lucide afin de contrôler ses cauchemars et d’en apprendre plus sur sa famille.

Proposer quelque chose de différent, qui sorte des sentiers battus, voilà surement la résolution du jeune réalisateur Romain Basset. Oscillant entre le fantastique et l’horreur, Horsehead est un film très difficile d’accès qui demande une certaine préparation avant de s’y lancer. Le film est lent, et c’est surement là son principal problème. Le film manque de rythme et on sent une véritable recherche dans l’image, dans l’esthétique. Alors certes, c’est très beau, les plans sont absolument sublimes, mais il y a un défaut de lenteur qui peut parfois faire décrocher le spectateur.

Mais le film possède bien des atouts dans sa manche pour fournir quelque chose de très intéressant. En effet, le film résonne comme une sorte de psychanalyse du réalisateur, une plongée vertigineuse vers un conte macabre. On va donc suivre une jeune fille qui va chercher à combattre ses démons, mais surtout à les comprendre. Ainsi, elle va accéder à une sorte de paix, de sérénité, que l’on comprendra rapidement dans le plan final. D’un point de vue scénaristique, tout est facilement compréhensible, même si le film laisse quelques zones d’ombre, comme l’absence de la présence paternelle. Le film propose ces non-dits pour permettre au spectateur une interprétation personnelle et ce n’est finalement pas si mal que cela. D’ailleurs, le film possède plusieurs niveaux de lecture et chacun pourra y voir sa propre interprétation. Et c’est là que le film se démarque des autres productions dans le cinéma de genre, c’est qu’il propose une vraie réflexion et n’agite pas bêtement des artères sanglantes devant le nez du spectateur avide de viscères et autre boogeyman grimé. Malheureusement, c’est aussi pour cela qu’il faut être préparé pour voir le film car il n’est ce à quoi on pourrait s’attendre avec les affiches.

Autre point fort du film, la réalisation. Le film est beau, filmant toujours au plus près ses acteurs pour avoir une sensation d’intimité. Le film n’est pas grandiloquent (de toute façon le budget ne le permettait pas), mais il reste tout de même porteur d’une imagerie pleine de symboles et de références multiples. Du fait de filmer proche des personnages et notamment de Jessica (magnifiquement interprétée par la belle Lilly-Fleur Pointeaux), le spectateur se prend d’affection pour elle et du coup veut savoir le fin mot de l’histoire. Par contre, on aura parfois la sensation que le film se regarde un peu, notamment sur certains ralentis ou passages dans lesquels la décoration fait un poil too much (je pense notamment à une scène dans un escalier). On se doute bien que Romain Basset aime le cinéma de Dario Argento ou encore la vague de Gialli des années 60/70. Horsehead fait énormément penser à Inferno du maestro, notamment dans les couleurs choisies, les éclairages et les lumières vives. On aura aussi une scène aquatique qui m’a de suite fait penser au film d’Argento. On peut aussi citer les films visuels comme Amer ou L’Etrange Couleur des Larmes de ton Corps, tout en gardant à l’esprit l’histoire du film pour ne pas prendre le spectateur dans un délire visuel. Enfin, il faut aussi écouter le film. La partie sonore est très importante dans ce métrage, que ce soit dans la musique électro ou dans les bruitages, chaque son à son importance et c’est avec ce souci du détail que le réalisateur embarque le spectateur dans un voyage sensible.

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Au final, Horsehead est plutôt une agréable surprise. Affichant sa différence dès le départ, le film n’est pas facile d’accès et son rythme délétère n’est pas là pour faciliter la chose. On pourra aussi pester contre l’absence de moments de peur, mais finalement, nous sommes plus proches d’un film fantastique, d’un conte macabre, que d’un métrage horrifique. Il en résulte un film visuel qui fait appel à tous nos sens et qui reste franchement couillu pour un premier long-métrage. Ce n’est pas n’importe qui qui aurait accepté un tel projet ! Bref, un film référentiel, différent, intéressant et qui montre que la France possède un véritable vivier de réalisateurs talentueux officiant dans le cinéma de genre.

Note : 14,5/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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