avril 25, 2024

Sadek – Johnny Niuum ne Meurt Jamais

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Avis :

Dans les années 90, le rap était une musique contestataire qui prouvait que dans les cités, dans les banlieues, il y avait aussi des talents et pas que des voyous. Beaucoup de personnes ont grandi avec NTM, IAM et consorts et la plupart des paroles étaient positives et amenaient à une certaine forme de pugnacité pour réussir dans sa vie. Malheureusement, les temps ont changé et le fond perd de plus en plus de place au profit d’une musique qui devient plus violent dans les propos et bien moins intéressante. Mais bizarrement, c’est cette musique, cette facilité qui plait aux plus jeunes, écoutant sans vergogne les propos nauséabonds de Booba et autres rappeurs aux pectoraux proéminents et au cerveau étriqué. Fort heureusement, certains rappeurs essayent d’apaiser les choses ou de proposer des musiques plus travaillées avec un fond plus intéressant. Ils se font rares, étouffé par des maisons de disque qui ne voient que le profit et la polémique pour engendrer le buzz et gagner un max de thunes. Sadek est un nouveau venu dans le milieu du rap puisque Johnny Niuum ne Meurt Jamais est son premier album. Sans être vraiment gentil, Sadek offre un rap de meilleur qualité que les rappeurs précités, malgré des paroles parfois limites et une volonté de copier ses aînés.

Le skeud débute avec La Chute et un joli petit riff de gratte et une voix féminine qui entonne un chant arabe plutôt agréable. Par contre, par la suite, on tombe dans les travers du rap avec un beat purement rap et une instrumentalisation purement électro répétitive et sans changement de rythme. Au niveau des paroles, on retrouve les poncifs du genre avec ce qu’il faut de haine, de colère envers le système et les problèmes des banlieues. Néanmoins, même si les paroles sont convenues, le style d’écriture est agréablement surprenant. On sent que Sadek manie avec habileté les mots et propose vraiment quelque chose de dynamique avec des jeux de mots bien trouvés. Et puis au milieu du marasme habituel, on trouve tout de même une lueur d’espoir avec des citations comme Prévert et Voltaire malgré le fait que l’auteur les cite comme des adversaires (ils n’ont pas trop de souci à se faire). Cette lueur d’espoir on la retrouve plus clairement dans d’autres titres comme T’Etonnes Pas, qui fait la contrebalance entre une vie facile avec des dealers et une vie plus dure mais honnête. Sadek ménage son propos malgré un refrain un peu vulgaire et bête mais il est intéressant de voir qu’il essaye tout de même de faire la part des choses. Le morceau reste quant à lui plutôt agréable et avec une instrumentalisation assez joyeuse. Des Sous et dans la même veine, donnant une double vision entre la famille et le quartier.

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Mais malgré les quelques bonnes choses que l’on peut retrouver dans ce skeud, certaines restent tout de même assez rédhibitoires. Il faut dire que le rappeur tombe dans la facilité sur des titres comme Heisenberg (rapport à la série Breaking Bad) où il fait en quelque sorte l’apologie de la drogue et propose des paroles assez rudes avec « le monde est infâme » ou encore le refrain avec « on va te la mettre, je me sens comme Walter White quand il fait sa meth ». On retrouve ce genre de paroles avec C’est Clair qui contient des mots que je ne comprends pas mais qui reste assez brute et sans grand intérêt. Après, difficile de blâmer le rappeur, étant donné qu’il est lucide sur ce qu’il propose, annonçant que notre monde est devenu un monde superficiel et que seul importe la forme et non le fond. Après, certains titres sont plus intéressants que d’autres, comme Liberta qui met en avant une guitare sèche de toute beauté et offrant un rap old school très réussi.

Au final, Johnny Niuum ne Meurt Jamais, le premier skeud de Sadek est plutôt intéressant et bien meilleur que certains albums de rappeurs plus connus. Néanmoins, malgré de jolis morceaux et une écriture plutôt bien foutue, on retombe bien trop souvent dans des instrumentalisations déjà entendues mille fois et des thèmes récurrents qui manque vraiment d’originalité ou encore de positivité. Car même si l’on est contestataire, révolté ou encore enragé, il y a toujours un vent d’espoir qui souffle et c’est juste dommage que les rappeurs, qui sont vraiment écoutés en masse par les jeunes, ne prônent pas plus ce genre d’initiative. Un premier album conventionnel, pas déplaisant, dans lequel on sent un fort potentiel, mais auquel il manque vraiment une touche d’originalité.

  1. La Chute
  2. NRV
  3. Banlieue
  4. T’Etonnes Pas
  5. C’est Clair feat Silax
  6. Défoncé
  7. Le Jeu
  8. Des Sous
  9. Heisenberg
  10. Jacquie et Michel
  11. Tu Vas Rien Faire feat Brulux
  12. Pas de Galère
  13. Zanotti
  14. Liberta
  15. Le Sang, la Sueur et les Larmes

Note : 09/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=23_QHQzUruw[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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