avril 20, 2024

Voivod – Target Earth

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Avis :

On passe souvent à coté de groupes de métal ou de heavy métal assez connu, tout cela à cause d’une distribution honteuse et d’une recherche d’un profit immédiat et d’une lobotomisation des jeunes écoutant de la musique poubelle qui change toute les semaines. Voivod est un groupe canadien qui propose un trash métal progressif depuis 1982 ! Et dire que je les découvre seulement maintenant ! Bref, Target Earth est leur dernier album et c’est même leur treizième album studio. Le groupe, formé à Jonquière au Québec en 1982 va connaître un statut intéressant dès 1987 avec leur album Killing Technology et un public plus large va se mettre à les écouter grâce à une reprise des Pink Floyd dans l’album Nothingface de 1989. Connaissant un petit passage à vide durant les années 2000 car le guitariste légendaire du groupe décède en 2005, le groupe revient avec un nouveau line-up et une envie de faire quelque chose de nouveau. Target Earth entre alors dans les nouvelles compositions du groupe, sans leur guitariste fétiche, mais arpentant toujours le côté du métal progressif, avec des pièces longues, à la structure surprenante et à la voix robotique. Que cache alors ce dernier album ? Allons voir ça de plus près.

Qu’est-ce que le Voivod ? Il s’agit d’un personnage né de l’imagination du batteur du groupe, illustrateur aussi de la pochette. Pourquoi l’ont-ils laissé faire ça ? Bref, le Voivod est donc un chevalier vampire androïde de l’ère postnucléaire. Il est clair qu’avec un univers comme celui-là, on peut s’attendre à avoir quelque chose de très bizarre et on ne sera pas déçu ! Le skeud s’ouvre sur Target Earth, un morceau déstructuré, avec de nombreuses ruptures et un passage s’orientant volontairement vers le rock. Néanmoins, on sent une véritable maîtrise des instruments et le tout se conclue formidablement bien. Il faudra tout de même attendre la deuxième pièce, Kluskap O’Kom, avec une introduction venue d’un autre monde et un axe beaucoup plus métal avec des riffs plus agressifs et des ruptures nettes mais relativement violentes. En l’écoutant, on se rapproche de l’univers de Static-X, groupe mélangeant l’électro avec le métal. C’est d’ailleurs l’univers de Voivod qui demeure assez spatial, proposant de nombreuses ruptures dans leurs chansons, mais surtout, essayant des schémas musicaux tendant vers les choix électronique et que l’on n’a pas l’habitude d’écouter en métal. Ce choix, ce parti pris assez déroutant demeure tout de même intéressant et il faudra un certain temps pour s’habituer à toutes les nuances qu’apporte ce groupe. On pourra aussi apprécier les différentes introductions, plus orientale pour Empathy for the Enemy ou encore plus déroutante comme la voix extraterrestre de Kluskap O’Kom. En dehors des guitaristes qui démontrent une grande technicité, comme l’en atteste le solo dans Mechanical Mind, on peut voir aussi une grande variété chez le batteur, jouant rapidement mais pouvant aussi aller mais vite comme sur Warchaic. On pourra tout de même reprocher certaines choses au groupe, comme une certaine facilité dans le lancement des morceaux, souvent les même, proposant une introduction en dehors de la chanson et allant rapidement vers un rythme plus rapide, faisant oublier cette introduction. Alors cela peut bien servir de mise en situation ou encore à instaurer une ambiance, mais elle est rapidement mise en défaut avec le morceau en lui-même. On pourra aussi reprocher la longueur des titres, dépassant très souvent les six minutes et demeurant assez longs. Déjà que la plupart des morceaux sont déroutants de par leur structure et leurs ruptures, alors si en plus ils sont longs, cela demeure parfois un peu trop pour l’oreille.

Voivod

L’autre point assez déroutant du groupe, surtout quand on ne le connait pas, c’est la voix du chanteur. Dès le premier titre, Target Earth, on a l’impression d’entendre un robot scandant une chanson apprise par cœur. Bien entendu, une fois passée la première surprise, le chanteur possède une voix à peu près normale, quoiqu’assez nasillarde, mais qui correspond bien au genre du trash progressif. Il lui arrive tout de même d pousser quelques fois la gueulante notamment sur des morceaux comme Kaleidos, et on peut sentir un timbre assez rauque et qui colle encore une fois parfaitement à ce genre si complexe. On pourra bien s’amuser avec le titre en français Corps Etranger, se tenant dans une structure un peu moins complexe, et bien plus fantomatique. L’album se clôt sur Defiance, un titre de moins de deux minutes, encore une fois en rupture avec le reste de l’album, un peu comme un pied de nez à tous les longs morceaux. Il faut dire qu’avec seulement dix titres, le groupe arrive à tenir plus de 56 minutes.

Au final, Target Earth, le dernier album de Voivod est un album complet et très intéressant, même s’il est, je pense, un peu élitiste dans son écoute. Très complexe, avec des ruptures abruptes, des changements de rythme et une voix déroutante, le groupe propose une expérience unique et que l’on aimera ou pas. Quoiqu’il en soit, on ne peut que s’incliner devant tant d’ingéniosité et de talent en termes de maîtrise instrumentale.

  1. Target Earth
  2. Kluskap O’Kom
  3. Empathy for the Enemy
  4. Mechanical Mind
  5. Warchaic
  6. Resistance
  7. Kaleidos
  8. Corps Etranger
  9. Artefact
  10. Defiance

Note : 13/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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