mars 28, 2024

L’Espion qui Venait du Surgelé

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Titre Original : Le Spie Vengono dal Semifreddo

De : Mario Bava

Avec Vincent Price, Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Laura Antonelli

Année : 1966

Pays : Italie, Etats-Unis

Genre : Comédie

Résumé :

Ambitionnant de dominer une partie du monde, le Dr Goldfoot (Vincent Price) s’allie à la Chine et cherche à causer la guerre entre les USA et l’URSS. Son plan est d’éliminer dix généraux de l’OTAN, et de prendre la place du dernier. Pour cela, il élabore ses fameuses filles explosives, des filles toutes aussi sexy les unes que les autres qui explosent dès qu’on les embrasse. Mais l’agent Dexter, souhaitant réintégrer sa place dans les services secrets, décide de contrecarrer les plans de Goldfoot. Aidé par deux portiers débiles se faisant passer pour des espions, il va devoir affronter le génie du mal.

Avis :

Réaliser un pastiche d’un genre de film, ce n’est pas aussi facile qu’on le pense. Et pas besoin de faire des exemples à rallonge pour le prouver, les mauvaises comédies s’appuyant sur l’horreur, l’espionnage ou encore le péplum sont suffisamment nombreuses, à tel point qu’elles effacent les bonnes comédies référentielles. Mais cette envie de ridiculiser les films sérieux ne date pas d’aujourd’hui, puisque c’est en 1966 que Mario Bava (alors maître italien de l’horreur avec notamment La Baie Sanglante) signe L’Espion qui Venait du Surgelé, une parodie de James Bond. Et malheureusement, on peut dire que le film n’a pas bien vieilli et qu’il cible relativement mal son public, oscillant entre l’humour potache et coquin et les vannes navrantes pour pré-adolescents.

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Deux portiers complètement débiles ne souhaitent qu’une chose, devenir agent secret. Pour cela, ils suivent une formation par correspondance, qui leur envoie des objets insolites comme un stylo au curare. Pensant capturer un espion chinois sous camouflage, ils stoppent un agent secret qui file le docteur Goldfoot, un génie du mal. Trafiquant le recruteur d’agents secrets, le docteur Goldfoot va mettre sur sa piste les deux écervelés qui vont trouver que ce malfaiteur fabrique des répliques d’humaines qui explosent au premier baiser.

Avec un titre français aussi ridicule (qui est la traduction fidèle du film), il y avait de quoi avoir peur et c’est le cas avec ce métrage. Si Mario Bava s’illustre dans l’horreur et l’épouvante, il n’en est pas de même avec la comédie. Doté d’une réalisation hasardeuse le réalisateur use et abuse de ressorts techniques pour tenter de donner du rythme à son film. Entre des accélérations lors de phases inutiles ou encore des moments où le méchant parle directement au spectateur, on ne peut pas dire que cela soit grandiose. Pire encore, certains plans sont mal foutus et les gags amenés de manière peu subtile. A titre d’exemple, on peut citer les deux fois où un homme veut pousser les idiots dans la piscine à piranhas et qu’ils se cognent la tête, se relèvent et l’homme passe entre eux, tombant à leur place. Le moment n’est pas drôle, mais la façon de filmer, de manière frontale, montre tous les défauts de ce passage. Et ce n’est pas tout, malheureusement.

Avec la tenue des gags, on ne sait pas à quel public s’adresse le film. Les situations sont potaches, parfois ubuesques, comme lorsque le grand méchant (Vincent Price bordel de merde) se déguise en nonne avec une barbe et que personne ne voit rien ou encore lorsque l’un des deux portiers se déguise en poulet. Mais certaines situations sont assez osées et bordélique, notamment avec le portier obsédé sexuel qui ne pense qu’à voir des culs ou la danse des femmes robots en maillot de bain. Alors il n’y a rien d’indécent, de toute façon, vu l’époque du film, le moindre deux pièces est sexy, mais on sent que le film ne sait pas bien à qui s’adresser. Le film cible-t-il les enfants avec la course-poursuite à la fin dans le parc d’attractions ? Ou alors cible-t-il des adolescents avec les différentes allusions sexuelles et autres jeux de mots ? Cela met le spectateur dans une position délicate, l’empêchant de prendre le film comme il se doit, soit au deuxième degré, soit au trentième.

Enfin, et même si les références sont présentes (Goldfoot pour Goldfinger, les poupées explosives que l’on peut retrouver dans le premier chapitre de O.M.A.C. de Jack Kirby), le côté James Bond n’est pas ou peu exploité. Pas de gadgets, pas de belles bagnoles, pas de cascades, bref, c’est assez lamentable en termes de productions. Quant aux acteurs, on ne sait pas trop qu’en penser. Si l’un des deux portiers s’amuse comme un fou à faire des conneries devant la caméra (aussi potache d’un Benny Hill), l’autre est plus discret et on dirait qu’il s’ennuie. Et que dire de Vincent Price, qui joue le grand méchant et qui est franchement ridicule.

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Au final, L’Espion qui Venait du Surgelé devrait bien entendu rester au frais, mais il peut être aussi une façon comme une autre de découvrir comment ne pas faire un pastiche. Enfantin, pas subtil, complètement fauché, le film ne fait pas ou peu sourire et la fin, avec une montgolfière dirigée par un ventilateur confine le film au nanar le plus ahurissant. Malheureusement pour lui, de l’eau à couler sous les ponts et on a fait bien meilleur depuis sans en arriver à des extrêmes humoristiques qui culminent au ridicule.

Note : 06/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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