avril 23, 2024

Lazarus Effect – Démontologie

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Titre Original : The Lazarus Effect

De : David Gelb

Avec Mark Duplass, Olivia Wilde, Donald Glover, Evan Peters

Année: 2015

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Une équipe de chercheurs universitaires découvre comment ramener les morts à la vie. Ils n’imaginent pas ce que leurs expériences vont déclencher.

Avis :

Poser des questions existentielles dans un film d’horreur, voilà un défi de taille. Car cela peut être totalement réussi comme devenir vite redondant et boiteux. Maître parmi les grands talents pour faire cela, George Romero fait figure de maestro pour montrer la monstruosité humaine au sein d’un film d’horreur avec des humains torturant des zombies pour leur simple plaisir. Malheureusement, cela n’est pas toujours réussi et on se retrouve de temps à autre avec des films convenus et dont la morale est mal amenée, avec notamment les films de possession qui sortent en masse chaque année (Lovely Molly, The Devil Inside, Le Dernier Exorcisme, Le Rite, etc). Lazarus Effect est le premier vrai long métrage de David Gelb, qui s’est fait connaître grâce à un documentaire sur le roi du sushi. Et visiblement, du poisson mort à la résurrection, il n’y a qu’un pas, puisque sous ses airs de films de possession lambda, Lazarus Effect se veut un film profond, avec de vrais questionnements sur la science et la religion mais avec malheureusement une forme trop scolaire, trop attendue et qui ne tient pas forcément la distance.

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Frank et Zoé sont deux scientifiques qui font des recherches dans une université privée. Ils sont épaulés dans leurs travaux par Niko et Clay, deux jeunes prodiges. Ils décident de mettre en avant leurs travaux avec l’aide d’Eva qui doit tout filmer. En effet, le groupe vient de trouver un sérum, Lazarus, qui permettrait de rendre la vie aux morts. Alors que la première expérience sur un chien fonctionne, le groupe se fait sucrer les vivres et prendre tout son matériel par une société pharmaceutique rivale. Afin d’immortaliser leur prodige, le groupe décide de refaire l’expérience. Malheureusement, Zoé meurt électrocutée. Frank, désespéré, décide d’injecter le sérum dans le cerveau de sa bien-aimée. Elle revient alors à la vie, mais changée et inquiétante.

Quand on est fan d’un film, on a souvent tendance à vouloir lui rendre hommage, et David Gelb est un grand admirateur du film L’Expérience Interdite de Joel Schumacher. Cela se voit dans Lazarus Effect, puisque le film pose les mêmes questionnements et se rapproche dangereusement de la même thématique. Mais le réalisateur évite assez habilement le plagiat pour fournir un film pas si désagréable et plus intelligent qu’il n’y parait. En effet, le film aborde très rapidement le thème des limites de la science. Dans les balbutiements des deux érudits, on sent une volonté de poser des questions fondamentales qui opposent éthique et déité. C’est assez intéressant de voir le rapport de force entre les deux personnages principaux, l’une plutôt croyante et l’autre purement scientifique, se demandant ce qu’il y a après la mort tout en espérant qu’il n’y ait pas mieux après, afin de ne pas troubler le réveil des morts. Malheureusement, cette prise de conscience ne sera valable qu’au début du film, abandonnant toute réflexion afin de fournir ce qu’attend le public, de l’horreur et du scare jump.

Car une fois Zoé revenu d’entre les morts, on oscille entre Lucy de Luc Besson et Carrie de Brian De Palma. En effet, notre chère vilaine possédée peut maintenant utiliser la totalité de son cerveau grâce au sérum Lazarus, pouvant se téléporter et bouger des objets à distance (faire de la télékinésie en gros). Alors certes, on est très loin de la bouse de Luc Besson, mais on a les bons penchants du côté Carrie, avec bien évidemment ce rapprochement à la religion (Lazarus étant un personnage biblique, ramené à la vie par Jésus quatre jours après son décès). Si le scénario part un peu en vrille pour fournir un spectacle un peu too much, surtout sur la fin et le twist final (qui demeure finalement inattendu mais assez gros), la réalisation quant à elle contient quelques passages assez intéressants.

Se focalisant principalement sur des scare jump, le film ne fait pas peur, et c’est d’ailleurs sont plus gros point faible, mais il possède des plans intéressants. Jouant sur la dualité de Zoé lorsqu’elle revient à la vie, on aura droit à des plans bien fichus, notamment lorsqu’elle se regarde dans un miroir, créant ainsi une atmosphère assez oppressante. Le film se déroulant aussi dans un unique lieu impersonnel, le laboratoire, on ressentira une froideur clinique qui dénote avec le cauchemar de la morte, tout en flammes. On a donc une atmosphère intéressante et une réalisation propre, bien que scolaire. Finalement, le plus gros défaut de Lazarus Effect, c’est d’être ultra prévisible du début à la fin (sauf peut-être sur le twist final). Le film se contente bien souvent d’effets déjà éculés, le gore n’est pas présent afin d’éviter une interdiction préjudiciable pour les entrées en salles (quand on voit le résultat, ils auraient pu se lâcher), et surtout, on devine ce qu’il va arriver quelques secondes avant que cela ne se passe réellement (le sursaut du chien, le coup des allumettes, etc). Du coup, cette prévisibilité annule tout effet de peur et le spectateur restera forcément sur sa faim.

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Au final, Lazarus Effect n’est pas une déception et c’est même une légère surprise, pensant voir un terrible navet. Plus profond dans son sujet, le film aurait mérité un traitement plus long afin de gêner un peu plus le spectateur sur les limites que doit s’imposer la science et l’Homme. Intéressant, rythmé, le film pêche malheureusement par une absence de peur, ce qui fait un peu tâche pour un film d’horreur. Enfin, quand on voit la gueule de ce qui sort en film de genre en ce moment, il serait dommage de bouder ce film qui, même s’il ne mérite peut-être pas un déplacement en salles, se laisse regarder et essaye d’apporter un peu de fraîcheur là où d’autres se contentent de reprendre tous les poncifs du genre.

Note : 11/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Y46GMZxMwCI[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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