avril 18, 2024

Le Choix des Armes

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De: Alain Corneau

Avec Yves Montand, Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Michel Galabru

Année: 1981

Pays: France

Genre: Policier

Résumé:

Noël Durieux, un ancien truand, s’occupe désormais d’un haras avec sa femme Nicole. Mickey, un malfrat en cavale, trouve refuge chez lui, mais en le voyant discuter avec l’inspecteur Sarlat, il s’imagine que Noël l’a dénoncé…

Avis:

Le cinéma d’Alain Corneau, je le connais surtout dans la comédie ou le drame. De lui, j’ai beaucoup aimé « Stupeur et tremblement » qui m’avait vraiment fait rire, avec une Sylvie Testud en or. Puis, il y a eu aussi « Les mots bleus« , un film touchant, toujours avec Sylvie Testud d’ailleurs. Connaissant la réputation de l’homme pour le polar noir, un genre dans lequel il excelle, je n’avais vu pour l’instant que son « Le Deuxième souffle« , qui m’avait moyennement convaincu. Alors, je me suis lancé dans ce « Choix des armes » avec l’envie de découvrir enfin l’autre côté du cinéma d’Alain Corneau.

Yves Montand, Catherine Deneuve, Gérard Depardieu dans un polar signé par l’un des maîtres en la matière… Est-ce que je dois développer encore un peu plus le pourquoi j’ai commencé par celui-ci et pas un autre ? Et je peux vous dire que j’ai très bien fait de voir ce « Choix des armes« , car je me suis pris une belle gifle passionnante. Alain Corneau a réalisé un grand film. L’un des meilleurs en son genre peut-être. Un film qui m’a retourné avec une histoire aussi dure que bouleversante et un final que je n’ai vraiment pas vu venir, ce qui a d’autant plus développé cette impression d’avoir découvert un très grand moment du cinéma français.

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Mickey, dit Mickey le fou, vient de s’évader de prison avec un ami à lui. L’évasion s’est très bien passée, mais Mickey a été balancé et son ami a été touché d’une balle dans l’estomac. Mickey trouve alors refuge chez Noël Durieux, ancien truand et ami de Serge, l’ami blessé de Mickey. Noël s’est retiré du milieu il y a des années et aujourd’hui il mène une vie rangée et paisible auprès de sa femme Nicole. Noël accepte de les héberger, mais un matin alors que Mickey était de « sortie », à son retour, il voit Noël avec un inspecteur de police. Dès lors, Mickey est persuadé que Noël l’a dénoncé et il décide de se venger.

Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas vu un aussi bon polar français. Avec « Le choix des armes » et son trio d’acteurs qui me faisait saliver de plaisir, j’imaginais trouver un bon film, à l’histoire bien foutue. Je pensais passer un bon moment devant un policier, made in 80’s et puis c’est tout. Oui, mais ça, c’était mal connaître le regretté Alain Corneau, car ici, il nous livre un film percutant, au scénario en béton armé et qui est magistralement emporté vers les sommets par des comédiens puissants. Le spectacle va nous tenir en pression pendant plus de deux heures. Jamais je n’aurais pensé passer un aussi bon moment, et j’ai adoré cette surprise.

L’intrigue est majestueuse à elle seule. L’histoire que le réalisateur nous a réservée est palpitante et bien loin de ce que l’on a habitude de voir. Ce film, c’est une confrontation sauvage et calme entre deux/trois hommes. Oui, il y aussi un tout jeunot Gérard Lanvin qui a une grande importance dans l’histoire, mais comme le comédien n’est pas très connu à l’époque, c’est pour cela que son nom figure en tout petit. Bref, donc l’histoire est géniale jusqu’à son dernier plan. Alain Corneau nous a réservé un scénario bourré de folie furieuse, de rebondissements qu’on ne voit pas arriver et une confrontation qui fait froid dans le dos. « Le choix des armes« , c’est un film imprévisible, à l’image du surnom de Mickey… Le dingue. À aucun moment, on peut vraiment être sûr de ce qui va se passer à l’écran, le réalisateur gardant une tension palpable tout au long de son histoire et une fois qu’il nous a accroché, il sera bien difficile de ne pas vouloir aller jusqu’au bout, pour enfin savoir comment cela va bien pouvoir se finir. Je dois dire que plusieurs fois, pendant que je regardais le film, je me suis fait des scénarios en tête, pensant à telle ou telle fin et malgré ça, je ne l’avais pas vu venir.

Ce qui est remarquable aussi, c’est que face à la violence de l’histoire, Alain Corneau a choisi un format très studieux, on peut dire que son film a une sacrée classe, à l’image d’Yves Montand. Si l’intrigue est aussi folle que le personnage de Gérard Depardieu, la réalisation, elle, sera le reflet du doux regard de Montand. Les plans sont sublimes et maîtrisés. L’ambiance est noire, impitoyable, mais pourtant le film ne sombre pas dans le glauque. Et ça, malgré des scènes brutales, malgré une violence psychologique terrible et un affrontement aussi fascinant dans son respect que sans concession dans ses actes. Ça fait vraiment plaisir de voir à quel point Alain Corneau contrôle, connait son sujet et de voir comment il va nous tenir jusqu’au bout. Et ces deux heures dix passent à une vitesse folle, alors même que le film possède parfois des scènes basées sur les silences des personnages, sur leurs regards et comment certains actes les touchent et changent leur vie à jamais.

Le film est dominé par ces comédiens aux présences incroyables. Yves Montand, d’un calme olympien, incarne un personnage terrifiant dans ce qu’il pourrait faire. Tout ou presque est suggéré dans l’histoire et pourtant avec sa présence, son calme et ses réflexions Yves Montand m’a presque effrayé. En face de lui, dans le rôle d’un chien fou, on retrouve Gérard Depardieu. Son Mickey est dingue…. Il est violent, incontrôlable, c’est un petit connard de première qui se croit tout permis, d’ailleurs, il peut agacer plusieurs fois dans son injustice et son arrivisme et pourtant, malgré tous ces défauts, Mickey est aussi un personnage très attachant dans sa détresse. C’est un paumé qui choisit la violence pour s’affirmer, se valoriser. L’une de ses dernières scènes en compagnie de Deneuve nous révèle bien ce côté-là et la sensibilité de Depardieu opère. Et au milieu de ces trois hommes (on n’oublie pas Gérard Lanvin), il y a la classe de Catherine Deneuve. Elle tient ici un rôle simple, c’est la femme d’Yves Montand, mais pourtant, elle est bien présente, parfois, c’est un rayon de soleil dans cet univers sombre et puis à d’autres moments, elle touche et est émouvante dans son amour inconditionnel. On bouclera le casting avec Michel Galabru, Richard Anconina et Jean-Claude Dauphin (Terrible en jeune cocaïnomane !) .

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Comme je l’ai écrit plus haut, « Le choix des armes » est un très grand et très bon moment de cinéma. C’est un polar comme on en fait que trop rarement. C’est un film qui m’a pris et mené par le bout du nez et je l’aurais suivi n’importe où. Moi qui pensais passer une petite soirée comme une autre devant ma télé, je me suis retrouvé avec une histoire intense, portée par des géants et mise en scène par un réalisateur qu’il faut vraiment que je découvre.

Note: 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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