avril 16, 2024

Mémoires de nos Pères – Héros Malgré Eux

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Titre Original : Flags of our Fathers

De: Clint Eastwood

Avec Ryan Phillippe, Adam Beach, Jesse Bradford, Jamie Bell

Année: 2006

Pays: Etats-Unis

Genre : Guerre

Résumé :

Au cinquième jour de la sanglante bataille d’Iwo Jima, cinq Marines et un infirmier de la Navy hissent ensemble le drapeau américain au sommet du Mont Suribachi, tout juste repris aux Japonais. L’image de ces hommes unis face à l’adversité devient légendaire en l’espace de quelques jours. Elle captive le peuple américain, las d’une guerre interminable, et lui donne des motifs d’espérer.
Pour mettre à profit cet engouement, les trois « porte-drapeaux » sont livrés à l’admiration des foules. Leur nouvelle mission : servir leur pays en vendant les précieux Bons qui financent l’effort de guerre.
Le laconique John « Doc » Bradley, le timide Amérindien Ira Hayes et le fringant Rene Gagnon se prêtent au jeu avec un dévouement exemplaire. Ils sillonnent sans relâche le pays, serrent des milliers de mains et prononcent des allocutions. Mais, en leur for intérieur, une autre bataille se livre…

Avis :

Clint Eastwood et les films de guerre, c’est un peu une histoire d’amour. Il faut dire qu’entre le thriller, le western ou le film de guerre, le cinéaste géant ne s’aventure pas tellement dans d’autres choses et quand il le fait, c’est assez raté avec Au-Delà. Quoiqu’il en soit, malgré sa redondance dans certains thèmes, il arrive toujours à se renouveler et à trouver des axes différents afin de fournir une image et un message ambigus. Le Maître de Guerre, sous ses airs de grosse farce et de formation des marines est dans le fond très sombre et demeure une critique acerbe de la guerre. Dans sa filmographie, seul American Sniper semble ne prendre qu’un chemin hagiographique, montrant un héros américain, certes tourmenté, mais qui finalement réussit assez bien dans sa vie. Mémoires de nos Pères est sorti en 2006 et il est la première partie d’un diptyque avec Lettres d’Iwo Jima, Eastwood filmant pour la première fois la guerre dans les visions. On aura donc un premier film côté allié, puis un autre côté ennemi. Et le cinéaste prouve une fois de plus que derrière les héros, il y a surtout des hommes fragiles.

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Durant la Seconde Guerre Mondiale, une île japonaise est un haut lieu stratégique. Iwo Jima est l’œil du Japon et l’armée américaine est bien décidée à prendre cette terre. A la fin de cette bataille, cinq marines et un infirmier monte un drapeau américain en haut de l’île, ce qui donnera une photo devenue culte. C’est alors que trois d’entre eux sont sélectionnés pour faire la tour des Etats-Unis, promouvant l’armée américaine sous cette image et demandant au peuple d’acheter des bons afin de faire vivre l’armée et l’industrie de l’armement. Seulement, si la tournée est un succès, chacun des trois hommes va réagir différemment en son for intérieur.

Au niveau de l’histoire, Clint Eastwood ne va pas fournir un simple film de guerre. Utilisant une narration assez complexe, avec d’incessants allers-retours en fonction de la pensée des protagonistes, le cinéaste livre un film à tiroirs, avec plusieurs histoires et surtout des relations entre soldats différentes. Ainsi, nous ne sommes pas en présence d’un film de guerre qui aligne les scènes de fusillade et de tuerie, et même si le film est très cru là-dessus, il s’agira plus d’une histoire d’hommes, de soldats, devenus des héros malgré eux. Cela permettra d’étudier trois cas de figure. En premier, on aura le soldat qui vit très bien cette supercherie et qui essaye de tirer parti de cette mascarade, jouant le rôle qu’on lui demande. Ensuite, il y a le laconique, celui qui ne dit rien, qui laisse faire, malgré des pensées sobres qui l’envahissent de temps en temps, il sait que ce qu’il fait n’est pas forcément bien, mais nécessaire pour la confiance du pays. Enfin, il y a le dernier soldat, celui qui souffre le plus de cet esbroufe, celui qui souhaite retourner au front car il pense que c’est sa vraie place.

De ce tissu d’histoires et de questionnements, le réalisateur en profite aussi pour glisser, sans se cacher, une critique virulente sur la guerre, son déroulement, la façon dont les politiques s’en accaparent les réussites et comment le gouvernement est prêt à utiliser un mensonge pour renflouer les caisses. Car Mémoires de nos Pères envoie une jolie réflexion sur le mensonge, sur la manipulation de masse par un gouvernement qui ne pense qu’à une chose, se faire réélire et avoir une victoire. Là encore, on voit que le réalisateur livre un message nuancé, montrant des militaires courageux, mais qui doivent faire face à une cruauté psychologique de la part des politiciens.

D’un point de vue purement technique, Mémoires de nos Pères est vraiment intéressant. Comme dans chacun de ses films, Clint Eastwood enchaîne les plans symboliques avec des scènes plus intimistes et d’autres plus grandioses. Utilisant toujours son clair/obscur qu’il affectionne tant, il va nous livrer quelques scènes splendides. On pourra aussi apprécier la fusillade lors du débarquement, pleine de tension et parfois très gore, à l’image de ces japonais qui se donnaient la mort à la grenade ou encore de ce pauvre soldat qui finit décapité. Cela ressemble à Il Faut Sauver le Soldat Ryan d’un certain Steven Spielberg, et ce n’est pas étonnant de la retrouver sur ce film en tant que producteur. Si l’on devait reprocher une chose au film, c’est peut-être sa longueur, car il y a parfois certaines longueurs et cela aurait pu être évité.

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Au final, Mémoires de nos Pères n’est pas forcément le film le plus touchant de Eastwood et ce n’est pas non plus le plus impressionnant, mais il reste un film de guerre à la qualité exceptionnelle, notamment grâce à un traitement fort des personnages et une histoire qui prend aux tripes. Un film hautement plus subversif que son dernier, American Sniper (même s’il reste très réussi), Mémoires de nos Pères nous raconte l’histoire de soldats, devenus héros bien malgré eux, à cause d’un cliché, et qu’il ne faut pas oublier que derrière chaque soldat, il y a un homme.

Note : 16/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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