mars 28, 2024

Boyhood

10961666_1039191662760909_960428506_n

De : Richard Linklater

Avec Patricia Arquette, Ellar Coltrane, Ethan Hawke, Lorelei Linklater

Année : 2014

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte…

Avis :

Cela fait maintenant plus de vingt ans que Richard Linklater traîne de film en film passant d’un style à l’autre avec aisance. De sa trilogie des « Before » à la « Rock Academy« , de la critique de la société, et des Fast Food à Orson Welles et encore l’animation (« A Scanner Darkly« ), Richard Linklater s’aventure, essaie, teste et en fin de compte au fil des années se révèle être l’un des réalisateurs les plus atypiques et passionnants des États-Unis. Jamais là où on l’attend, il ne cesse de surprendre et c’est très bien comme ça.

Comme je le disais, Richard Linklater est un réalisateur passionnant et ambitieux, et « Boyhood » est l’expression même de son ambition, de sa patience et de son envie de proposer quelque chose d’original et un nouveau concept. « Boyhood » c’est surement le projet de sa vie, un film à la dimension unique aussi bien pour son tournage que par ce qu’il va laisser transparaître. Avec « Boyhood« , le réalisateur américain va filmer le temps qui défile et ainsi proposer une magnifique critique familiale, mais aussi poser un regard sur la culture d’un pays et d’un personnage qui sont en constante évolution. Son film sera alors une belle ode à la vie, avec le plus tendre des regards, celui d’un petit garçon qui s’en va peu à peu de l’innocence vers l’âge adulte.

10922172_1039191876094221_589787095_n

« Boyhood« , c’est la vie de Mason, un petit garçon que l’on découvre à l’âge de six ans. Mason habite avec sa mère et sa sœur. « Boyhood » nous propose de suivre la vie de Mason de ses six ans à sa majorité, de l’innocence de l’enfance aux premiers émois amoureux, des déménagements à sa vie scolaire. « Boyhood » propose de plonger au cœur de la famille de Mason et de le suivre, telle une odyssée, au plus près des grands comme des plus insignifiants moments de sa vie.

« Boyhood » c’est un tournage tout à fait exceptionnel porté par un concept aussi simple que hors-norme. Avec son film, Richard Linklater est parti pour l’aventure d’une vie, car « Boyhood » c’est douze ans de tournage. Avec ce concept, le réalisateur a choisi de tourner pendant quelques jours chaque année des scènes de ce film. Le tournage a donc débuté en 2002, pour s’achever en 2013 et ainsi proposer de suivre l’évolution de son jeune héros, mais aussi de toute sa famille.

Le défi est de taille, et le résultat est tout simplement sublime. « Boyhood« , ce sont deux heures quarante-cinq d’une tranche de vie passionnante jusqu’à son dernier plan. C’est tout en simplicité et en émotion que le film nous immerge pour ne jamais nous lâcher. Ce qui est surprenant quand on découvre « Boyhood« , c’est que le scénario est d’une simplicité déconcertante. L’histoire que choisit de nous raconter Richard Linklater n’a rien d’exceptionnelle, elle n’est ni vraiment triste, ni vraiment joyeuse, elle est faite de petits riens et c’est tout simplement la vie de tous les jours, vécue par une famille comme une autre. Il ne se passe pas vraiment grand-chose, mais pourtant à aucun moment le film est ennuyant. « Boyhood« , c’est chacun d’entre nous. Il est très facile de se reconnaître dans l’enfance ou l’adolescence de Mason. Il est facile de s’identifier à lui ou à ses parents, et c’est ce qui fait la force de ce film. On a tous plus ou moins vécu ce qui arrive à Mason ou à sa famille. On s’est tous posé les mêmes questions à l’adolescence, on a tous eu envie de grandir, on a tous été curieux de l’avenir. On a tous été plus ou moins déçu, et comme chacun des personnages, on se sert tous un peu de notre passé pour apprendre de nos erreurs et évoluer. On a tous eu des conflits avec nos parents, même si ce sont de petites disputes de rien du tout. On s’est tous petit à petit forgé un caractère. On a tous eu un premier baiser et puis on a tous fait l’amour pour la première fois. On a tous eu des amis qui sont partis et d’autres qui sont encore là malgré les années qui passent. Bref, la liste est presque interminable, tant le réalisateur a très bien su capter ces instants aussi bien pour les enfants que pour les adultes, et le tout est magistralement mis en image. Et c’est ce qui personnellement m’a beaucoup touché dans « Boyhood« . Pendant tout le film, je suis resté curieux de voir quel jeune homme le petit Mason va pouvoir devenir et comme on connaît son passé, c’est tristement bourré d’émotions que l’on quitte un pote à la fin du film.

En plus d’être un film magnifique avec pourtant trois fois rien, « Boyhood » est aussi un film captivant dans son concept car le réalisateur a gardé les mêmes comédiens pendant toutes ces années de tournage et ainsi, à travers les différents moments du film, on pourra peu à peu les voir grandir pour certains, vieillir pour d’autres et voir le temps à l’œuvre. Et la vie qui passe est aussi magnifique à suivre que dramatiquement belle. « Boyhood » est d’autant plus intéressant dans son concept parce qu’il n’y a pas que l’évolution de cette famille qui s’installe à l’écran. En douze ans de tournage, le monde a évolué, changé et c’est très surprenant de voir comment celui-ci s’installe dans le quotidien de cette famille. Sans vraiment appuyer les choses, Richard Linklater fait défiler devant nos yeux les événements de ces dernières années, les évolutions les plus marquantes, les différents tubes musicaux que l’on a pu entendre (d’ailleurs, la bande originale est excellente, Coldplay, Sheryl Crow, Arcade Fire, The Black Keys, Gnarls Barkley et bien d’autres) puis la culture cinéma aussi avec plusieurs allusions bien marquées. Quand on y pense, Richard Linklater a très bien pensé son film et il ne passe vraiment pas loin du chef d’œuvre que j’attendais (peut-être en attendais-je trop ?).

Puis, il y a ces acteurs plus vrais que nature. Ellar Coltrane, Lorelei Linklater, Patricia Arquette et Ethan Hawke sont tout simplement beaux dans leur simplicité. Chacun d’eux est touchant dans ce que la vie lui a réservé. Si on savait Patricia Arquette et Ethan Hawke talentueux (et courageux, aussi, car il fallait du courage pour accepter de laisser le temps transparaître sur les visages et les corps de deux acteurs de cette trempe, surtout à l’heure où le presque tout Hollywood sombre dans la culture de la jeunesse), on sera beaucoup touché par les acteurs plus jeunes que l’on découvre. À commencer bien sûr par Ellar Coltrane à travers qui on découvre tout le film et c’est un peu un acteur né qui va prendre en maturité avec le temps qui défile. Lorelei Linklater, la fille du réalisateur, est drôle, elle est un peu la petite peste du film, mais c’est une peste qu’on adore. Et puis, il y a aussi tous les autres comédiens qui ont peuplé ce film à travers des années et s’intègrent bien dans la vie du film.

11018121_1039191972760878_1883601836_o

« Boyhood » est donc un très beau coup de cœur. C’est un film comme on n’en fait jamais, un film unique, qui a pris tout son temps pour nous arriver. C’est un film qui nous renvoie à notre propre vie, à notre propre évolution, à ce que l’on rêvait étant môme, à ce que l’on est devenu, et puis à ce que l’on peut encore faire. C’est un film touchant, juste, encore une fois d’une simplicité incroyable, qui peint avec tendresse et beauté le portrait de héros ordinaires. Richard Linklater a vu loin, et « Boyhood » est une belle, très belle réussite. C’est un film qui m’a comblé, ravi, et mis de belle humeur. Un film à découvrir et soutenir. Un Oscar en vue ? Peut-être bien et ce serait mérité.

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zY1li2qghQk[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.