mars 19, 2024

Coraline – Neil Gaiman

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Résumé :

La famille de Coraline vient d’emménager dans une vieille maison loin de tout, avec pour seuls voisins deux anciennes actrices à la gloire fanée et un monsieur bizarre qui élève des rats. Délaissée par ses parents accaparés par leur travail, la jeune fille, au fil de ses explorations, ne tarde pas à découvrir une porte mystérieuse. De l’autre côté l’attend un monde fantastique où tout est étrangement semblable, mais en mieux…

Avis :

Une fois n’est pas coutume, j’ai vu le film avant de lire le livre, et pourtant, j’ai plutôt tendance à faire l’inverse, car je suis souvent bien déçu par les adaptations cinématographiques. Mais Coraline m’avait bien plus sur grand écran, alors je me suis laissé tenter par la lecture. Surtout que l’écrivain n’est autre que Neil Gaiman, scénariste de génie et conteur accompli. Il faut dire que le monsieur a su imposer son style et un univers bien particulier, souvent dans le domaine de la jeunesse, mais explorant nos peurs profondes, comme l’en atteste l’album de jeunesse, des Loups dans les murs, au graphisme très torturé. Mais après raflé tous les prix possibles en littérature fantastique et science-fiction, il reste difficile de continuer à convaincre. Alors le conte de Coraline est-il convaincant ? Qu’explore ce cher écrivain ? Est-il accessible aux enfants, ou tout du moins aux adolescents ? Allons voir cette jeune exploratrice et tremblons avec elle.

L’histoire de Coraline demeure assez simple d’un point de vue narratif. On va donc suivre cette jeune fille qui déménage avec ses parents dans une grande maison qui est divisé en quatre appartements. Entourée de personnages loufoques, comme les deux anciennes actrices ressassant le passé ou encore monsieur Bobo qui élève un cirque de souris, elle va voir ce qu’il se cache derrière une porte. Si le jour, elle est condamnée par un mur de briques, la nuit, un passage s’ouvre vers une autre réalité, où ses parents ont des boutons à la place des yeux, mais où ils s’occupent d’elle. Sauf que Coraline sent que quelque chose cloche et que tout sonne faux. Mais le jour où ses vrais parents disparaissent, et qu’elle les aperçoit dans le miroir, elle sait qu’elle va devoir affronter l’autre monde et ses occupants aux yeux-boutons. Voilà le point de départ de Coraline, qui nous emmener vers des contrées effrayantes, où les rêves d’enfants deviennent très rapidement des cauchemars et hantent les nuits.

Parce que Coraline, ce n’est pas qu’un simple conte sur le courage ou sur l’amour, c’est surtout et avant tout un roman horrifique, dont seul un Guillermo Del Toro serait capable de transposer à l’écran. En effet, les références aux peurs enfantines sont nombreuses, comme la peur de perdre ses parents, la peur de l’inconnu, la peur du noir, la peur des araignées, la peur de la métamorphose, et tout cela est mélangé dans la maison fantôme que visite Coraline. Bien au-delà d’un vulgaire conte pour enfants à la morale facile, ce petit roman, qui fait moins de 200 pages, nous montre que finalement, nos cauchemars d’enfant restent et peuvent encore hanter les adultes. Certains passages demeurent vraiment effrayants, comme la traversée du couleur, ou encore le passage dans la cave, avec le père de Coraline qui se déforme et fond comme une vulgaire poupée de cire, devenant aveugle et difforme. Neil Gaiman sait mener son petit monde, et avec des descriptions bien senties, il arrive à donner une image à la fois burlesque, triste et horrible d’un personnage qui n’est pas maître de son destin. Et c’est la véritable force de son récit.

Coraline, bien que héroïne et héroïque dans le roman, ne demeure pas le seul personnage intéressant. En effet, on pourra compter sur le chat, personnage énigmatique, au caractère bien trempé, mais qui en sait davantage que les autres, car, comme on le sait, le chat s’en va tout seul. On aura aussi cette présence mystérieuse et vraiment effrayante de la fausse mère de Coraline, que l’on ressent vraiment mauvaise et fausse. D’ailleurs, elle incarne la méchanceté, dans le traitement qu’elle inflige à ses créations, mais aussi dans la façon dont l’écrivain la décrit, à la manière d’une araignée vorace et sans sentiments. Bref, tout ce qui tourne autour de Coraline semble assez malsain et plutôt ragoutant, et même les personnages sympathiques semblent plutôt bizarres et déroutants.

Bien entendu, Coraline n’est pas qu’un livre qui fait peur et qui explore nos peurs profondes (d’ailleurs, certains passages sont vraiment malsains, comme la larve de papillon, avec un être siamois à l’intérieur), il s’agit aussi d’un roman d’aventure et fantastique, montrant qu’avec du courage et avec le vrai amour, on peut faire n’importe quoi, et surtout affronter ses peurs. Sorte de quête pour retrouver ses parents, Coraline s’embarque dans une mission d’exploration dans laquelle, elle va devoir retrouver des âmes et ses parents. Et tout l’intérêt du récit repose sur cette phase, qui est le déroulement des péripéties, où les peurs primaires font surfacent mais où la volonté de venir en aide se voit et le courage fait émergence. Un peu à la manière d’un Labyrinthe de Pan, on retrouve tous les éléments qui oscillent entre le conte pour enfant et le film d’épouvante.

Au final, Coraline est un vrai bon livre qui fait peur mais qui donne aussi la banane. Le choix des mots et de l’univers montre que l’on peut faire peur en explorant l’enfance et les rêves des enfants, chose que beaucoup d’adultes semblent avoir oublié. Si le roman est court, il n’en est que plus dense et rapide, profitant de ce petit moment pour ne pas se perdre en tergiversation inutile et inapte au domaine de l’enfance. Bref, une vraie belle réussite qui donne envie d’en savoir plus sur cet écrivain de génie.

Note : 16/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Coraline – Neil Gaiman »

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