mars 29, 2024

Calling

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Résumé :

Une séance de tchat sur un forum bizarre tourne mal. Vous vous réveillez dans un endroit sombre et il va falloir trouver la sortie et affronter des fantômes.

Avis :

Hudson est surtout connu pour sa série légendaire Bomberman. Depuis les années 1970, le développeur japonais aura traversé les générations de consoles sans jamais faiblir. Bloody roar, Mario party et autres produits un peu plus originaux (parfois inédit dans l’hexagone) auront occupé une majeure partie des collections Nintendo. Seulement, la firme ne soufflera jamais ses quarante bougies puisqu’elle ferme ses portes en 2012. Deux ans auparavant, elle nous offrira pourtant un survival-horror ; une démarche inhabituelle qui tranche net avec ses précédentes créations. Avons-nous droit à une incursion qui mérite des éloges à titre posthume ou une expérience anecdotique dans les contrées angoissantes du genre ?

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Une séance de tchat sur un forum baptisé la page noire, des touches de clavier grinçantes et une histoire de malédiction inquiétante, telle est l’introduction de Calling qui s’inspire clairement du cinéma d’épouvante asiatique. C’est donc sans surprise que l’on verra décliner les références nippones avec des œuvres un peu plus confidentielles. Le récit reprend les éléments principaux de Kaïro, Ring, Ju-on et La mort en ligne pour élaborer un melting-pot aux ficelles usées. Un habitué de l’horreur made in Japan ne sera guère effrayé par des chapitres à l’allure vaguement répétitive dans leur progression. À savoir, comprendre ce que l’on fait dans tel endroit et trouver le moyen d’en sortir.

Fantômes aux cheveux longs, rires d’enfants, portes qui couinent, balais qui tombent ou apparitions furtives sont autant de subterfuges faciles qui jonchent à intervalles irréguliers les couloirs malfamés de Calling. Il est vrai que le soft s’appuie principalement sur une approche psychologique de la peur avec une appréhension évidente de l’inconnu et des ténèbres. Toutefois, les manifestations paranormales s’effectuent sur des espaces temporels trop disparates. On peut très bien avoir trois spectres qui nous harcèlent en même temps alors qu’on a arpenté les lieux dans le silence total pendant des dizaines de minutes. L’équilibre chaotique se révèle donc synonyme de frustrations et d’ennuis quand on comprend les mécanismes du jeu.

En cela, le gameplay utilise à bon escient les capacités de la Wii en se rapprochant davantage d’un point and click type Dark fall que d’un survival-horror classique. L’initiative aurait pu paraître bancale sur des supports différents, mais sied à la console de Nintendo. Contrairement à d’autres produits, le titre ne pâtit de problèmes d’imprécisions, les actions sont simples à retenir et la prise en main quasi immédiate. À noter l’usage de la Wiimote comme un téléphone portable. Ce dernier vous permettra de recevoir des appels d’outre-tombe, des SMS destinés à vous guider ou encore d’enregistrer des PVE (phénomènes de voix électroniques assimilées à celles de défunts).

Élément amusant, il peut également vous téléporter à différents endroits par on ne sait quel moyen. Il sera votre unique allié étant donné que vous ne disposerez d’aucune arme pour repousser les fantômes. Une démarche similaire à la trilogie Project zero qui renforce le sentiment de vulnérabilité. On regrettera tout de même que l’emploi de la lampe-torche (ou de bougies, le cas échéant) ne soit soumis à un souci d’économie des piles. La lumière qui tombe en panne ou la recherche du seul élément pour éclairer votre lanterne dans ces « abysses mnémoniques » est scripté à l’avance. Sachez que vous ne pourrez rien entreprendre sans elle.

On a droit à quelques subtilités comme se retourner brusquement ou s’accroupir pour regagner un rythme cardiaque acceptable (assimilable à la jauge de vie), mais elles n’ont que peu d’importances au vu d’une routine imposée par la progression : observer, fouiller et inspecter. Une trinité basique qui voit se succéder des énigmes peu retorses. Il est vrai que certains passages vous bloqueront ou vous laisseront perplexes quelques instants (le temps de faire une reconnaissance des lieux). Cependant, ces errances sont entièrement dues à une exploration minutieuse de l’environnement. L’on tourne souvent en rond pour repartir dans la direction opposée. Une manière plus que discutable d’allonger la durée de vie.

L’étonnement est de mise lorsque l’on voit défiler le générique de fin après une conclusion abrupte et seulement cinq heures de jeu. Outre des interrogations restaient en suspens, la faiblesse de la difficulté laisse un goût d’inachevé. Et pour cause ! Il faut relancer une nouvelle partie pour poursuivre avec un autre personnage. Astuce douteuse ? La question est permise étant donné qu’on nous impose de refaire certains chapitres entre les séquences inédites. On touche le fond en termes d’artifices grossiers pour allonger l’aventure ! Comptez environ une dizaine d’heures pour la boucler (avec deux heures supplémentaires en guise de répétitions inutiles) et une galerie qui vous propose de recenser vos découvertes lors des investigations, ainsi que des images bonus (au nombre de 60).

Bien que les graphismes soient loin d’être un critère d’appréciation primordial, l’esthétique occupe une part non négligeable dans l’implication du spectateur. Or, Calling accuse une décennie de retard en termes de technique. Animation aussi rigide qu’une planche de supplice, aliasing omniprésent, level design sommaire… Pour vous donner une idée, Shadow of memories s’avère un bon révélateur des moyens employés par Calling alors qu’il date de… 2001 ! Les développeurs comme les joueurs savent pertinemment que la Wii est capable de mieux en termes de graphisme avec un minimum d’efforts. Il suffit de voir le travail effectué sur Silent Hill – Shattered memories (également sorti en 2010) pour s’en convaincre…

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Au final, Calling est un survival-horror en demi-teinte. Ingénieux dans sa manière d’exploiter la Wiimote comme un téléphone portable, le titre du regretté Hudson soft souffre de nombreuses carences techniques et ne surprend guère. Mélange confus des références du cinéma d’épouvante asiatique, les frissons ne surgissent qu’en de rares occasions, malgré une mise en scène développée en ce sens. La faute à des confrontations éparses, une facilité déconcertante et des allers-retours pénibles dans des couloirs sombres. Même si on peut le rapprocher d’un point and click glauque plutôt que d’un survival-horror, peu de jeux de cette gamme sont sortis sur Wii. À condition de ne pas attendre une histoire originale et d’occulter les problèmes techniques, il peut donc s’avérer une alternative intéressante pour les mordus du genre et les cinéphiles amateurs de jeunes filles aux longs cheveux noirs.

Note : 12/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=JpJckP8bVH4[/youtube]

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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