avril 20, 2024

Night Call

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Titre Original : Nightcrawler

De : Dan Gilroy

Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Bill Paxton

Année: 2014

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé:

Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n’aura aucune limite…

Avis:

Si le nouveau film de Gilroy vous dit quelque chose, c’est normal, puisque l’on en connaît déjà un, le réalisateur Tony Gilroy à qui l’on doit « Michael Clayton« , « Duplicity » et le quatrième épisode de la saga « Jason Bourne« . Et bien Dan Gilroy, c’est son petit frère. Tout comme son aîné, le réalisateur officie d’abord comme scénariste, sur des films comme « Free Jack » de Geoff Murphy, ou « The Fall » de Tarsem, et même avec son frère sur « Jason Bourne, l’Héritage« . Puis comme son aîné, Dan en arrive derrière la caméra, avec un projet brut et dérangeant, c’est « Night Call« .

Dan Gilroy a eu le temps de penser et de mûrir son premier film. Et après un peu plus d’une vingtaine d’années à avoir donné sa plume aux autres, il décide de se l’offrir et enfin de passer derrière la caméra. Et quel passage, puisque ce premier essai est un beau coup pied au cul. Son « Night Call » n’ira pas par quatre chemins et va être une plongée écrasante et flippante dans l’univers des médias américains, doublé d’une sacrée critique de la presse, de la télé, mais aussi du spectateur. Bref, ce premier passage est une réussite qui donne à réfléchir.

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Lou est un petit voyou sans grande importance aux yeux du monde. Il vit de petits trafics essayant de trouver l’emploi qui lui rendrait le plus d’honneur et qui pourrait peut-être le mettre plus à l’aise financièrement. Un soir, en rentrant chez lui, il assiste à une scène étrange. Alors qu’un accident vient de se produire, et que les secours essaient de sauver la vie d’une femme piégée dans une voiture en feu, deux hommes arrivent pour filmer la scène. Il va alors apprendre que ces images peuvent être revendues à un bon prix à des chaînes de télévision pour les infos du matin. Lou croit alors avoir trouvé sa voie et s’achète une caméra pour faire ses premiers « rapportages ». Ayant une grande confiance en lui et un désir de prouver qu’il peut être le meilleur, Lou va alors tout faire pour réussir dans cette nouvelle voie et son parcours pour diffuser l’information va être glaçant.

Malsain, glauque, violent, virulent et tristement réaliste, c’est ainsi que je décrirais le mieux ce premier film. Dan Gilroy ne fait aucune concession et ira très loin dans le portrait peu glorieux qu’il va peindre.

La tendance aujourd’hui, c’est le sensationnel, le trash et surtout l’audimat. L’audimat à tout prix, le public en veut, et les chaînes en ont besoin. Loin de toutes morales et c’est ce qui fait la réussite du film. Dan Gilroy va construire un film glaçant qui va rapidement nous mettre mal à l’aise. Le scénario fait froid dans le dos, et c’est avec une curiosité un peu malsaine que le film nous accroche et que le réalisateur nous donne envie de voir jusqu’où cet arriviste va pouvoir aller pour réussir. Bien construite et solide, l’intrigue s’enfonce de plus en plus dans le sombre, dans les dédales d’une société folle en manque de sensations. L’écriture est imprévisible, allant de rebondissements agaçants (accidents, agressions, viols, meurtres sont au menu) à un twist final réussi, révoltant et affligeant, mais qui donne à réfléchir.

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L’ambiance de « Night Call » est sale. Pour ce premier essai, Dan Gilroy nous offre un film qui a vraiment de la gueule. « Night Call » est beau, surtout la nuit au volant de cette magnifique Dodge Challenger rouge sang, j’ai vraiment accroché avec cette vision nocturne de Los Angeles et c’est vrai que par moments le film peut rappeler un peu « Drive » de Refn, mais simplement pour cette vision nocturne, le reste n’ayant pas grand-chose à voir. Un Los Angeles donc aussi envoûtant que flippant, dangereux par son quotidien et inattendu, bref, à l’image du film. « Night Call » est nerveux, intense, sa caméra colle au plus près des scènes et c’est avec beaucoup d’énergie et d’ambition que le réalisateur nous livre un film qui ne ressemble à aucun autre, autant dans ce qu’il dit que par l’axe qu’il choisit pour nous raconter son histoire. Puis « Night Call » s’écoute avec cette très belle bande son que nous a réservé James Newton Howard (« Collatéral » ou  » Sixième Sens« ).

Jake Gyllenhaal est un comédien qui gagne de plus en plus de puissance depuis quelques années maintenant et c’est peut-être avec le rôle de Lou, arriviste, insupportable, exacerbant de prétention, de je-m’en-foutisme, d’ambition, qu’il trouve là l’un de ses meilleurs rôles. Et ça dès le début du film. Par contre et c’est là l’un des seuls, mais plus gros, reproches que j’ai à faire au film, c’est justement son personnage. Car si je trouve Gyllenhaal fabuleux dans le rôle, je dois dire que j’ai eu vraiment beaucoup de mal avec ce personnage. Impossible de m’accrocher à lui, et ça dès le début du film. Très antipathique, j’avoue que bien souvent, il m’a tapé sur les nerfs, si bien qu’il m’en a gâché un peu le film. Peut-être trop dans la caricature de l’associable, on n’a pas envie de l’aimer, à aucun moment on trouve quelque chose pour s’accrocher à lui et l’on se retrouve avec un gros con, qui est prêt à écraser tout et tout le monde pour y arriver. Après, je sais bien que c’est ce que le réalisateur recherchait, dans un sens Dan Gilroy réussi bien son coup et que sans ce personnage, « Night Call » ne serait surement pas aussi prenant, mais voilà le fait est que « Lou » est infect et que j’ai été assez content de voir le générique final arriver pour enfin l’abandonner. C’est assez difficile de regarder un film et de ne trouver aucun personnage auquel s’accrocher, car même Rene Russo, que je n’avais pas vu depuis un bout de temps, et qui est génial ici, l’actrice fait un sacré bon comeback, n’est pas attachante. Elle aussi est agaçante. Idem pour Bill Paxton. À la rigueur, il n’y a que Riz Ahmed qui est là pour nous sortir un peu la tête et les sentiments de toutes ces vipères qui ne cherchent que le scoop et l’horreur.

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Alors oui, je n’aime pas les personnages, oui ils m’ont fait passer un mauvais moment dans un sens, mais en même temps, c’est aussi ce qui fait l’excellence de « Night Call » et qu’il décrit à merveille cette vision du monde et des médias. Ce portrait aussi abominable soit-il, est une critique radicalement bien menée par un réalisateur, qui pour son premier film, fait très fort.

Note : 15/20

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Par Cinéted

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