mars 28, 2024

Ombres et Brouillard

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Titre Original : Shadows and Fog

De : Woody Allen

Avec Woody Allen, Michael Kirby, Mia Farrow, John Malkovich

Année: 1991

Pays: Etats-Unis

Genre: Comédie

Résumé:

Dans une petite ville d’Europe centrale entre les deux guerres, Kleinman, un petit employé, est reveillé par la milice qui recherche un étrangleur. Entre rêve et réalité, illusions et charmes, une réflexion sur la mort à la fois drôle et grave.

Avis:

Expérience, c’est bien le mot qui qualifie le mieux la carrière de Woody Allen. Voilà maintenant vingt-cinq ans que le réalisateur s’est lancé dans la réalisation et au fil de ses projets, il a fait preuve de beaucoup d’audace, touchant un peu à tous les registres, s’essayant avec plus ou moins de réussite à tel ou tel style, revendiquant des influences, rendant des hommages à certaines réalisatrices ou à certaines époques qui l’ont influencé. C’est dans cette démarche d’hommage que le réalisateur se lance dans « Ombres et brouillard« , un film très influencé par le cinéma expressionniste allemand des années 20. « Ombres et brouillards » sera alors une comédie nocturne inquiétante, mais si les intentions du réalisateur sont louables, je dois dire que le film est une déception pour moi. À aucun moment, malheureusement, je n’ai été séduit par sa magie, et alors qu’il est très court, il fait moins d’une heure et demie, je me suis beaucoup ennuyé devant…

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Entre les deux grandes guerres, quelque part en Europe de l’Est, par une nuit de brouillard, Kleinman est réveillé en sursaut dans son sommeil. Des hommes frappent violemment à sa porte. Kleinman leur ouvre et c’est ainsi qu’il va apprendre qu’il fait partie de la milice de surveillance de la ville. Ils ont besoin de lui pour leur plan, car depuis quelques nuits déjà, un étrangleur assassine sans vergogne, toutes les personnes qu’il croise sur sa route et cette nuit-là, il a recommencé et il se pourrait bien qu’il soit encore dans le quartier. Il faut donc l’attraper. Cela aurait dû être simple, mais il se trouve que Kleinman est un homme tout chétif et trouillard. Prenant son courage à deux mains, il va ainsi se balader dans les rues espérant ne jamais croiser la route de cet assassin. Et au court de sa ronde de nuit, il va croiser tout un tas de personnes plus ou moins intrigantes.

Très loin de la bourgeoisie new-yorkaise, c’est dans les années 20 que le cinéaste a décidé de placer sa caméra l’espace d’une nuit terrifiante.

C’est un film bien singulier que l’on trouve-là dans la carrière du réalisateur. Alors qu’il avait repris du poil de la bête avec ces deux films précédents (le court-métrage de « New-York Stories » et son « Alice« ), le réalisateur se lance dans un film difficile d’accès. « Ombres et brouillard » est une sorte de patchwork réunissant ce que Woody sait faire et aime faire en rendant hommage à un style de cinéma particulier. Alors c’est vrai que dans la forme, le film est impeccable et les influences de Woody sont belles, soutenues et assumées. Le réalisateur réussit parfaitement à saisir l’ambiance froide et déserte de cette ville. L’atmosphère fait froid dans le dos et l’hommage à ce cinéma-là est parfaitement rendu, mais voilà, cet hommage est aussi le défaut principal de ce cru Allenien 1991. En voulant trop en faire sur la forme, Woody Allen en oublie le fond. Quand on regarde « Ombres et Brouillard« , il y a quelque chose de terriblement agaçant qui se produit. On est hypnotisé par cet univers que le réalisateur arrive à recréer, mais quand on s’intéresse à l’histoire, le film a tendance à se noyer dans son intrigue. Il y a comme un goût d’inachevé, un goût de survolé sur chacun des personnages. Le film n’est pas vraiment drôle, il n’est pas vraiment dramatique, on ne peut pas dire qu’il en ressort une critique de société, ou même une réflexion. En fait, Woody Allen mélange un peu tout ça et oublie de le développer vraiment. Le scénario accumule les longueurs, les instants intéressants, il attise le flou dans l’histoire. À plusieurs moments, je me suis demandé où le réalisateur comptait aller ? Il y a trop de personnages à suivre et comme les intrigues les concernant sont bien maigres, on reste devant le film sans vraiment s’attacher à eux, et j’ai fini par compter les minutes. Et c’est d’autant plus dommage que par moments, le réalisateur trouve d’excellentes idées. À plusieurs instants, le film m’a rappelé « Nosferatu« , surtout dans le jeu inquiétant de l’assassin. Une très courte poursuite dans les rues de la ville fut même terrible et d’un coup, j’ai rêvé que le film trouve enfin son rythme, son sens, mais non, il retombe dans sa routine, dans ses personnages et c’est avec un goût amer qu’il m’abandonne et c’est bien dommage, car avec le talent de Woody et cette ambiance totalement réussie, « Ombres et brouillard » avait beaucoup d’éléments pour être parfait.

De plus, ce qui est encore plus frustrant, c’est que le réalisateur s’est encore entouré d’un casting en or pour ce film, mais comme il insuffle à l’intrigue trop de personnages, le film se perd et ces acteurs apparaissent comme parfois inutile à l’intrigue et pourtant, on a à faire à un très beau casting, où vont se côtoyer Woody Allen lui-même, c’est même lui le personnage principal, l’habituelle Mia Farrow, John Malkovich en clown, Kathy Bates et Jodie Foster en prostitués, Madonna en aguicheuse, John Cusack en client mélancolique, Michael Kirby absolument génial en étrangleur et Donald Pleasence parfait en l’une de ses victimes. On trouvera aussi William H. Macy, John C. Reilly, Daniel Von Bargen et encore plein d’autres. C’est vraiment un très beau casting que le réalisateur a réuni et c’est vraiment dommage que le résultat soit ainsi.

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C’est donc très frustré et déçu que je ressors de ce Woody Allen. « Ombres et brouillard » jouit d’une ambiance incroyable, d’une lumière magnifique, d’un travail sur les décors et les costumes somptueux, mais malheureusement, tout ce travail d’acharné sur la forme est bien vain comparé au manque de rythme et à la lourdeur des différentes intrigues. Ce ne sera donc pas encore cette fois-ci que je vais retrouver ce que j’avais adoré dans le début de carrière du réalisateur. Mais je ne désespère pas.

Note : 07/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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