avril 19, 2024

Lacuna Coil – Broken Crown Halo

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Avis :

L’Italie n’est pas réputée pour être une terre de métal, ou tout du moins, une terre de groupes de métal qui arrivent à traverser les Alpes tel Hannibal sur ses éléphants. Et quand bien même, lorsqu’un groupe arrive à trouver le tunnel de Fréjus, c’est assez souvent par les voies impénétrables d’internet et quelques recherches profondes. On a donc eu MenacE, qui donne dans le hard rock ou encore Turbo Rexx dans un genre assez déroutant, mais le groupe le plus connu de ce pays est résolument Lacuna Coil, qui officie depuis les années 90. Formé proche de Milan en 1994, le groupe s’est fait connaître en arborant un style gothique aussi bien dans les tenues que dans la musique même, s’amusant à faire du métal atmosphérique. Seulement, la machine n’était pas assez bien huilée et le groupe s’est tourné petit à petit vers quelque chose de plus simple, un métal plus soft, plus bankable, tout en essayant de garder une image gothique. L’alternance de chant clair et de screamo ainsi que des références qui vont de Type O Negative à Paradise Lost ont fini d’asseoir Lacuna Coil sur un fauteuil bien douillet. Le succès sera mérité avec deux albums, Comalies en 2002 et Karmacode en 2006, mais malheureusement, avec un son un peu trop pop, le groupe va s’enliser dans la facilité malgré de bonnes ventes. Broken Crown Halo est leur septième album studio et il continue dans une lancée faite de facilité et d’envie mercantile.

Le skeud s’ouvre avec Nothing Stands in our Way et c’est un morceau relativement classique qui ne délivrera rien de bien neuf. Si le titre s’avère assez plaisant, retrouvant tous les codes propres au groupe comme un refrain entêtant, des riffs assez rapides ainsi qu’une alternance dans les chants (bien que le screamo ne soit plus présent), on reste tout de même sur notre faim, notamment sur l’aspect atmosphère. Et c’est là que le bât blesse pour le groupe, qui perd album après album son identité pour fournir des skeuds basiques, comme on en retrouve plein dans les bacs. Et ce manque d’univers se fera sentir sur quasiment tous les morceaux. Hostage to the Light en est un exemple flagrant, possédant un refrain agréable, mais étant incapable de donner un joli solo ou de faire des riffs un tant soit peu agressif. Tout cela respire trop la pop et l’envie de vendre. Le plus surprenant restera surement Cybersleep, qui prône l’autotunage lors de l’intro, essai vain pour faire croire à une quelconque idée novatrice. Le morceau est mauvais mais emprunte en plus un chemin glissant avec un accessoire qui fait plus de mal que de bien à la musique. Mais ce changement de voix ne sera le seul cas dans l’album, puisque parfois, on aura l’impression que Christina Scabbia, la chanteuse, transforme son organe avec des objets futiles, donnant plus l’artificiel que dans la vraie voix et on pourra entendre cela dans le titre Victims.

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Après, tout n’est pas aussi noir que leur tenue dans le skeud. Certains morceaux sont assez sympathiques et montrent que le groupe possède des atouts qu’ils ne mettent pas en avant. Par exemple Zombies, sous ses airs de métal classique et lourdingue est assez agréable et pourrait facilement se retrouver dans un générique de fin pour un film d’horreur. Il est juste dommage que le morceau s’endigue dans un refrain chiant et lénifiant (ce qui veut sensiblement dire la même chose). I Burn in You est aussi un titre assez plaisant et qui envoie du pâté sur la fin, mais ce n’est malheureusement pas assez pour se démarquer de la masse métalleuse. Néanmoins, le groupe montre qu’il a encore du potentiel sur les deux derniers morceaux. In the End I Feel Alive est un morceau classique dans son schéma, avec des riffs assez agressifs et une structure à refrain facile à mémoriser, mais le vrai changement viendra de la fin qui propose du violon, de la basse, de la guitare, le tout dans quelque chose d’harmonieux et de salvateur pour le groupe et celui qui écoute. Cela sera confirmé par One Cold Day, qui enfin arrive à résonner comme un vrai titre de métal gothique avec des instruments baroques et lourds.

Au final, Broken Crown Halo, le septième album de Lacuna Coil, est une belle déception. Partant vers des sonorités pop et un métal engourdi par des riffs bien trop édulcorés, le groupe se fourvoie et propose un album transparent, qui ne sort pas du lot et qui finalement déçoit. D’autant plus que venant de la part d’un groupe comme Lacuna Coil, on est en droit de s’attendre à quelque chose de plus prenant et de plus violent. On est loin, très loin de Comalies ou Karmacode.

  1. Nothing Stands in Our Way
  2. Zombies
  3. Hostage to the Light
  4. Victims
  5. Die & Rise
  6. I Forgive (But I Won’t Forget Your Name)
  7. Cybersleep
  8. Infection
  9. I Burn in You
  10. In the End I Feel Alive
  11. One Cold Day

Note: 08/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Gtft6LqgFSA[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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