mars 19, 2024

The Road to Guantanamo

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De : Michael Winterbottom et Mat Whitecross

Avec Riz Ahmed, Christopher Fosh, Mark Holden, Nancy Crane

Année: 2005

Pays: Angleterre

Genre: Drame, Documentaire

Résumé :

L’histoire vraie de quatre jeunes Anglais partis célébrer le mariage d’un ami au Pakistan, leur pays d’origine, fin septembre 2001. Ils ne reviendront chez eux que 2 ans et demi plus tard après un séjour prolongé à la prison américaine de Guantanamo.

Avis :

Le touche-à-tout britannique Michael Winterbottom a encore une fois frappé fort de par sa diversité et surtout avec le sujet de ce film sorti discrètement dans nos salles françaises en 2006.

Alors qu’il sort tout juste du très rock’n’roll et surtout sexuel « 9 Songs » (qui reste encore à ce jour mon préféré du réalisateur britannique), Winterbottom décide de s’attaquer à un film particulier. Entre documentaire et fiction, le film va retracer pendant une heure et demi l’histoire véridique de quatre jeunes anglais originaires du Pakistan qui vont vivre une descente en enfer des plus effroyables.

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Septembre 2001. Un jeune anglais retourne au Pakistan pour se marier. Pour l’occasion, il descend avec trois amis quelques semaines en avance pour redécouvrir la terre de leurs origines. Alors qu’ils effectuent un voyage en Afghanistan, ils se retrouvent pris en otage par l’armée américaine qui les considère comme de possibles terroristes. Ils vont alors être déportés sur la prison de Guantanamo. Leur captivité va durer presque trois ans. Trois années de tortures physiques et psychologiques où leurs droits les plus fondamentaux vont être bafoués pour leur faire avouer ce qu’ils ne sont pas, des terroristes.

Michael Winterbottom est un réalisateur qui s’essaie à tout un tas de genres de film. Et au milieu de sa filmographie, on peut dire qu’il y a un genre qui se démarque un peu plus des autres. Un genre qui pourrait même être qualifié de révolté avec des films comme « Un cœur invaincu » qui voyait Angelina Jolie dans la peau de Marianne Pearl, cette femme de journaliste qui a vu son mari enlevé par des terroristes et exécuté, ou « La stratégie du choc » qui est lui axé sur les désastres du capitalisme et « In This world » où le trajet de deux réfugiés pakistanais qui se lancent dans un périple pour rejoindre l’Angleterre dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais de tous ces films engagés et dénonciateurs, nul n’est au point de son « The Road To Guantanamo » un film courageux à l’aspect documentaire et réaliste, sur un fait divers qui fait froid dans le dos à en glacer le sang.

Épouvantable de réalisme et surtout de fatalisme, Winterbottom m’a emporté avec ces trois personnages pour cette descente dans l’enfer de l’enfermement, de l’injustice, de l’incompréhension et surtout de la peur.

Depuis le 11 Septembre tout le monde le sait, les États-Unis ont renforcé leurs défenses et se sont lancés dans une guerre contre le terrorisme. On a très souvent entendu parler de ce qu’il se passait en Irak ou en Afghanistan. Des méfaits de l’islam, quitte à la diaboliser, mais c’est plus rarement qu’on entend le son de cloche venant de l’autre côté. Car les Américains ont eu aussi leur lot de saloperies et « The Road to Guantanamo » apparait alors comme un film nécessaire sur des actes peu glorifiés que les compatriotes de l’oncle Sam préféreraient sûrement qu’on ignore et qu’on laisse dans l’ombre.

Pour ce film, Michael Winterbottom aidé de son complice et coréalisateur Mat Whitecross, va nous faire entrer dans la légendaire prison de Guantánamo Bay, de manière simple et brute à la fois. Son film sonne comme un documentaire vérité, car il en a tous les aspects. Et c’est entre scènes d’interviews et reconstitutions des faits que le film va nous relater cette histoire.

« The Road To Guantanamo » est construit en deux parties, avant la prison et pendant Guantanamo. Et c’est à la force des témoignages que le film explique ce qu’il s’est passé, comment ça s’est passé et surtout comment refaire surface après une telle épreuve.

Winterbottom, tel un grand conteur, va prendre tout le temps dont il a besoin pour nous raconter ces trois destins brisés. C’est l’une des choses que je préfère chez le réalisateur, chacun de ses films présente le même schéma dans les descriptions de leurs intrigues. Qu’ils soient comiques ou dramatiques, et même érotiques (« 9 Songs« ) le réalisateur prend à chaque fois tout le temps dont il a besoin pour bien nous exposer ses intrigues, ce qui donne à son cinéma un rythme assez lent, mais à chaque coup d’une belle puissance.

Scénaristiquement, le film m’a mis une belle claque et il m’a tenu en haleine jusqu’à la fin, alors même que je connais déjà cette dernière. Mais je peux dire aussi que je me suis pris une deuxième claque sur le plan technique. « The Road To Guantanamo » est aussi excellent dans sa mise en image. Réaliste, images fortes, ambiance de peur, le film est pile comme je l’espérais et la caméra des deux réalisateurs fait des merveilles. Surtout une fois que l’on met les pieds à Guantanamo Bay. Winterbottom et Whitecross y décrivent les lieux avec simplicité et authenticité et c’est avec cette simplicité que le film a réussi à me choquer. Les réalisateurs n’en font pas trop, mais restent explicites quand même sur les méthodes douteuses pour faire avouer la moindre information à ses captifs. Et le film augmente la pression peu à peu sans tomber dans la surenchère et la torture pour montrer de la torture et j’aime beaucoup cette façon de faire. Ça reste simple et bien plus choquant que toutes les démonstrations que les deux réalisateurs ont réussi à éviter.

Le film est aussi soutenu par des comédiens inconnus et excellents. Que ce soit les trois acteurs qui jouent les prisonniers ou bien les militaires et musulmans, et tous les autres, ils sont bluffants de naturel. Et comme le film donne dans l’aspect documentaire, le sentiment de réalisme des personnages est encore plus saisissant. Un peu comme si les deux réalisateurs avaient filmé cette histoire à l’époque des faits et qu’ils avaient retrouvé les protagonistes.

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Michael Winterbottom aura encore une fois réussi son coup avec ce film qu’on peut très facilement qualifier comme le plus courageux de son auteur. C’est un film simple, vrai, qui pointe du doigt les abus de pouvoir d’un pays qui depuis le 11 septembre à sombrer dans la parano. Bref, je m’attendais à apprécier, mais pas à ce point-là.

Note : 17/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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