mars 29, 2024

Shame

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De : Steve McQueen

Avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale, Nicole Beharie

Année : 2011

Pays : Angleterre

Genre : Drame

Résumé :

Le film aborde de manière très frontale la question d’une addiction sexuelle, celle de Brandon, trentenaire new-yorkais, vivant seul et travaillant beaucoup. Quand sa sœur Sissy arrive sans prévenir à New York et s’installe dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie…

Avis :

Le cinéma de Steve McQueen ne fait pas dans la dentelle. C’est toujours avec réalisme et violence que le réalisateur nous raconte ses histoires. Vu en avant-première quand il était sorti, « Shame » fut un véritable choc quand je l’ai découvert et ce choc n’est toujours pas passé, parce que trois ans après sa sortie je revois le film avec toujours autant d’étonnement et de mal être.

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Brandon, un new-yorkais trentenaire et célibataire, a tout pour réussir, et sa vie lui plait comme elle est, même si Brandon est rongé par une addiction. Cette addiction, c’est le sexe. Il aime ça, même trop, car il lui en faut tout le temps, en couple, seul ou à plusieurs, il ne peut s’en passer. Jusque-là tout allait bien, mais l’arrivé de sa sœur chez lui va le mettre face à ses vérités. Face à sa dépendance et petit à petit le confronter à lui-même.

Steve McQueen réalise son deuxième film tant attendu et le résultat est grand et puissant. Le réalisateur suit la vie d’un homme dévoré de l’intérieur, guidé par ses pulsions presque incontrôlable par moments. Le film est dur, cru et éprouvant. Dès les premières images, avec cette musique envoûtante composer par Harry Escott le ton est donné. L’image est froide, le décor minimaliste, je suis très bien entré dans le film. Je peux même dire que « Shame » fait partie de ces films, où, dès son ouverture, je suis sûr d’aimer et il ne m’a absolument pas déçu.

Le scénario est aussi simple qu’il est complexe. Un homme se tient nu chez lui, tous les matins, il répète la même chose. Tous les matins, ce même message sur un répondeur, Steve McQueen nous invite à entrer dans le quotidien de son personnage, Brandon. Le réalisateur va en faire un portrait sans concession, n’oubliant aucune parcelle de son caractère, bon comme mauvais, rien ne nous sera épargné. Il va aborder son addiction de manière frontale, ne cachant rien du plaisir et de la honte que peut éprouver son personnage. Les scènes de sexe sont belles mais crues à se demander si l’acte n’est pas réel. Jamais l’acte sexuel n’a été filmé d’aussi prêt sans donner dans la pornographie, à aucun moment le film n’est vulgaire, bien au contraire, les cadres, les plans et l’esthétisme du film sont vraiment beaux, même quand il filme une partouze McQueen la rend érotique, belle et fascinante. Et c’est ce que j’aime dans le cinéma de cet auteur. Le cinéaste va au bout de son sujet à chaque fois, « Hunger » m’a aussi choqué que bouleversé et je ne parle même pas de « 12 Years a Slave« , son dernier en date. McQueen s’approche au plus près de ce qui est dérangeant, même choquant, mais il ne dépasse jamais la frontière, ne tombe jamais dans le démonstratif, tout ce qu’il filme est bien là pour l’histoire et il reste toujours d’une certaine manière dans le beau et l’esthétisme.

Le réalisateur a fait encore une fois appel à son acteur fétiche. Il faillait un comédien courageux pour interpréter toute la complexité de Brandon, car le personnage, mis à part les scènes de nue frontale, est dur et peut faire peur et l’acteur a très bien su capter le personnage et il est en totale osmose avec lui. On peut même dire que Fassbender est possédé par Brandon, il est impressionnant, magnétique, charmeur, violent, humain, simple aussi et au final touchant, alors même qu’il peut paraitre agaçant et prétentieux. Fassbender mérite toutes les récompenses et c’est sûrement son meilleur rôle jusqu’ici.

Face à lui, on trouve la fragile Carey Mulligan qui est toute en retenue, faisant passer les moments de légèreté, elle apporte au milieu de cette noirceur un peu de lumière, même si elle est triste ou nostalgique, elle fait du bien et nous fait voir le film autrement. Sa scène où elle fredonne « New-York, New-York » est magnifique. On notera une jolie prestation de la belle Nicole Beharie toute souriante et pleine de charme. Et bien sûr les scènes un peu lourdes du personnage joué par James Badge Dale m’ont fait sourire.

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Le réalisateur avait déjà placé la barre très haute avec son premier film « Hunger » et sans la dépasser avec celui-ci, il nous offre quand même un film d’une rare qualité. Éprouvant, il m’a retourné le bide quand je l’ai découvert et encore une fois, alors même que je le connais déjà, me laisse K.O.

On peut dire que Steve McQueen s’impose au fur et à mesure de ses films, et avec un cinéma de cette qualité, je pense que le réalisateur est là pour longtemps.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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