mars 28, 2024

Jimmy’s Hall

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De : Ken Loach

Avec Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott, Jim Norton

Année: 2014

Pays: Angleterre, France

Genre: Drame

Résumé:

1932 – Après un exil de 10 ans aux États-Unis, Jimmy Gralton rentre au pays pour aider sa mère à s’occuper de la ferme familiale.
L’Irlande qu’il retrouve, une dizaine d’années après la guerre civile, s’est dotée d’un nouveau gouvernement. Tous les espoirs sont permis…
Suite aux sollicitations des jeunes du Comté de Leitrim, Jimmy, malgré sa réticence à provoquer ses vieux ennemis comme l’Eglise ou les propriétaires terriens, décide de rouvrir le « Hall », un foyer ouvert à tous où l’on se retrouve pour danser, étudier, ou discuter. À nouveau, le succès est immédiat. Mais l’influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes ne sont toujours pas du goût de tout le monde au village. Les tensions refont surface.

Avis:

Annoncé comme le dernier film de Ken Loach, après plus d’une cinquantaine d’années d’une belle carrière, une Palme d’or et vingt-cinq films, le plus engagé des réalisateurs anglais prend sa retraite sur une très belle note avec ce « Jimmy’s Hall« .

Personnellement, j’ai trouvé que ce dernier Loach était une petite merveille, comme le réalisateur en a souvent offert. Avec ce film, il met en lumière une histoire peu connue, celle d’un homme rejeté par son pays. « Jimmy’s Hall » est un film qui m’aura donc beaucoup ému, surtout dans son dernier quart d’heure, beaucoup révolté aussi et enfin fait voyager dans les magnifiques paysages d’Irlande.

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Après dix ans d’exil, Jimmy Gralton revient dans son Pays, l’Irlande. Nous sommes dans les années 30, et l’île est en pleine révolution pour son indépendance.

Alors qu’il avait fui le pays dix années plutôt pour avoir ouvert un dancing que l’église désapprouvait, Jimmy n’aspire aujourd’hui qu’à une vie paisible. Mais ce dancing, source de joie, de bonheur et de savoir n’a pas été oublié par les gens de la région et c’est avec insistance de la part des habitants, mais aussi envie de sa part, que Jimmy réouvre le dancing en espérant que les mentalités auront changé en dix ans.

Mais le Père Sheridan, qui était déjà à l’époque en partie responsable du départ de Jimmy, voit d’un très mauvais œil l’ouverture de cet endroit où règne pour lui le péché. Un endroit malsain qui défie l’autorité de la sainte église, un endroit qu’il va falloir fermer à tout prix…

Il y a deux ans maintenant que Ken Loach m’avait fait rire, et même donné envie de me faire de la dégustation de Whisky avec sa belle « part des anges » et cette année, il est de retour, mais cette fois-ci dans un domaine plus dur et injuste. Fidèle à son habitude, le réalisateur a pris sa caméra pour nous raconter une balade irlandaise oubliée et peu connue du grand public. « Jimmy’s Hall » aura des airs de « Le vent se lève« , film pour lequel Loach avait eu sa palme d’or.

Avec ce film, Ken Loach nous parle d’une jeunesse qui a envie de vivre autrement. Alors que le pays essaie de se remettre gentiment de la guerre civile, les gens ont envie et besoin d’espoir et d’amusement et c’est dans ce contexte qu’un homme qui pense autrement est de retour dans son pays. Le scénario va faire s’affronter la toute puissante église contre les pêcheurs, mais alors que ce dancing ne plait pas à un curé, le problème va devenir plus gros et mettre le feu aux poudres.

Si Jimmy n’avait que l’église comme ennemi avec l’ouverture de ce dancing, c’est bientôt une Irlande prête à imploser dont le réalisateur va nous parler. Une Irlande où s’opposent les pauvres et les riches, les indépendantistes et les Britanniques.

Je me suis laissé prendre de suite dans ce film, le rythme est lent, Loach prend le temps de nous présenter cette Irlande et son personnage principal. Le film est sublime dans sa mise en scène, la photographie est belle, avec des plans et des scènes magnifiques, que ce soit les scènes de fête et de danse ou alors les plus intimes comme celle entre Jimmy et Oonagh, en pleine nuit, bercés dans l’obscurité, dans ce lieu habituel rassurant et en même temps si dangereux. J’avoue que celle-ci m’a retourné le cœur et humidifié mes yeux.

Puis, le film laisse transparaître tout l’amour que Ken Loach a pour l’Irlande. On ne filme pas un pays comme ça sans l’adorer. Il sublime les paysages verdoyants et fait même de ces paysages un personnage à part entière.

L’intrigue va aller de présentations attachantes en injustices qui m’ont fait bondir de mon fauteuil. J’ai trouvé le film tellement injuste et révoltant. Le réalisateur met le doigt sur la toute-puissance de l’église, il dénonce et rend hommage à cet homme qui, pour avoir voulu donner un peu de bonheur, s’est retrouvé expulsé de son propre pays comme un criminel. Ce que j’ai trouvé aussi très bien avec ce film, c’est que Ken Loach, même s’il n’a jamais caché son désamour pour l’empire britannique et le conflit avec Irlande, aurait pu appuyer le trait et tomber dans le moralisme, mais là l’histoire en elle-même est une injustice et Loach ne fait que la relater. Et cela en est révoltant et quand on découvre cette histoire, il est normal que Loach ait voulu la mettre en lumière pour ne pas oublier ce que la bêtise, l’orgueil, et les hommes peuvent arriver à faire.

Fidèle aussi à lui-même, Ken Loach a fait appel à des acteurs inconnus pour ce film. Si on retrouve au générique dans de petits rôles, les excellents Andrew Scott (James Moriarty de la série « Sherlock« ) et Brían F. O’Byrne (« Mildred Pierce« ), les autres comédiens qui peuplent le film sont quasiment inconnus, ou alors très peu. Mais une chose est sûre, Loach a encore une fois brillamment choisi ses acteurs et ils sont foutrement bons. À commencer par l’interprète de Jimmy Gralton, qui est la belle révélation du film. Cet acteur, c’est Barry Ward et il m’a beaucoup touché. Il y a aussi Simone Kirby qui joue avec tendresse et force l’amie de Jimmy, celle qu »il désire et qu’il a laissé partir. Le père tyrannique est joué par Jim Norton qui est révoltant à souhait et ne tombe pas dans la caricature du curé possédé par sa religion. Puis il y a cette femme au visage incroyable qui joue la mère de Jimmy. La comédienne qui n’en a pas une, puisque Ken Loach l’a castée dans un village pas loin du tournage est bluffante de sincérité. Elle m’a laissé sans voix à chacune de ses apparitions.

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Je suis donc ressorti de ce nouveau Ken Loach enchanté, dérouté, passionné, et énervé aussi devant la connerie humaine.

Pour son dernier film, (j’espère vraiment que ce ne sera pas son dernier, j’aime beaucoup trop le cinéma de ce monsieur !), Ken Loach nous offre donc une perle de cinéma, une de ces histoires brutes et injustes qui font de grands films.

« Jimmy’s Hall » est un film sublime aussi bien visuellement que de par ce qu’il raconte. C’est un film à découvrir, ce serait dommage de passer à côté.

Note : 16/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=BscpPWPuuZg[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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