mars 19, 2024

Blitz Tome 2 All Clear – Connie Willis

cover

Auteur : Connie Willis

Editeur : Bragelonne

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Londres, 29 décembre 1940 : l’une des nuits les plus meurtrières du Blitz. Pris au cœur de l’un des pires raids de l’époque, les historiens du futur Michael, Merope et Polly cherchent désespérément à revenir au xxi e siècle. En attendant de trouver un moyen de s’échapper, le trio tente de survivre aux bombardements et aux évacuations, mais il y a plus grave encore : d’après les archives oxfordiennes de 2060, il semblerait que leurs interventions aient modifié le cours des événements… et la guerre pourrait bien se terminer autrement, bouleversant l’Histoire à jamais. Quelle que soit l’ampleur des sacrifices exigés, les voyageurs du futur doivent s’engager dans un combat acharné contre le temps…

Avis :

La Seconde Guerre mondiale est une page incontournable du XXe siècle et n’a cessé d’inspirer la culture populaire à travers une gamme de métrage, de jeux vidéo et d’ouvrages impressionnants. Difficile de condenser une masse d’informations tant elle se révèle conséquente, voire ingérable. Ajoutons à cela les témoignages, les biographies, les fictions et autres rétrospectives de célébrités et l’on peut affirmer sans trop de marges d’erreur que l’on a à peu près tout dis sur cette période tumultueuse. Avec son diptyque Blitz, Connie Willis tente de marier histoire et science-fiction en nous plongeant en plein cœur d’un Londres ravagé par les bombardiers allemands.

Le premier tome, Black-out, privilégiait la partie historique avec un traitement réaliste et mesuré. Il en ressortait une narration un rien longuette, et ce, malgré un intérêt certain devant une documentation de premier ordre pour donner vie au roman. Après un final percutant, l’on était en droit de s’attendre à un rééquilibrage des genres avec ce second volet, du moins une approche du voyage dans le temps davantage présente au sein du récit. En ce sens, chaque livre aurait pu se montrer complémentaire avec la vision du passé et le regard de ce même événement dans une période de temps ultérieure. Alors, un deuxième ouvrage nécessaire ou superflu ?

Qu’on se le dise, All clear écarte d’emblée les téméraires qui souhaiteraient commencer par lui en occultant son aîné. L’intrigue reprend là où elle s’était arrêtée. De fait, l’on retrouve rapidement ses marques avec les figures connues qui tentent de rejoindre leur époque. Là où le premier tome se terminait de manière énergique et pleine de promesses, All clear se permet à nouveau une exposition du contexte, des protagonistes et du cadre. Au lieu de poursuivre sur une lignée dynamique, le rythme tombe vite à plat en sombrant dans les mêmes travers que son prédécesseur ; à la différence prête que pour une seconde itération, cet écueil fait véritablement tâche et oblige l’intrigue à se montrer répétitive.

Connie Willis continue de nous nourrir des connaissances qu’elle a accumulées avec une certaine adresse et toujours autant de passion. Cependant, elle en oublie de se recentrer sur l’essentiel : à savoir, nous offrir une histoire qui tient sur la longueur. Malgré les 1400 pages approchantes, la progression se révèle assez simpliste avec une fuite perpétuelle des bombardements tout en tentant de retourner en 2060. Mais All clear déçoit surtout quand il s’agit d’évoquer le voyage dans le temps et les conséquences d’influences extérieures. On aurait souhaité un traitement plus ambigu et tentaculaire que le sujet permet. Au lieu de cela, on nous inflige de maigres doutes sur les possibles changements de l’histoire.

Un bombardement survient à la place d’un autre ? Un magasin est détruit plus tôt que prévu ? On vient en aide à des personnes qui ne sont pas censées survivre ? C’est bien beau de s’interroger à tout-va, mais poursuivre son quotidien ou se rappeler in extremis les événements qui se dérouleront au moment X de l’endroit où on se trouve, relègue cet élément dans l’anecdotique. Les rares chapitres en 2060 n’apportent également rien, tant ils sont disparates et inopportuns. On en oublierait presque que l’on parcourt une œuvre de science-fiction. Le constat était le même pour le premier tome, mais le second devait amorcer une évolution naturelle vers son sujet principal (le voyage dans le temps et non la Seconde Guerre mondiale qui était le catalyseur de celui-ci).

Même les protagonistes semblent faire du sur-place sur le plan personnel. La réunion des historiens ne résout rien et risque d’empirer une situation déjà désespérée. Entre les trublions Binnie et Alf, les parcours incertains d’Eileen, Polly et Mike, on s’attache beaucoup moins à leur présence ou ce qui les attend par la suite. Encore une fois, cela reste bien écrit, mais trop de complaisances dans la caractérisation et des passages à l’utilité toute discutable entament les qualités suscitées. En somme, cet aspect du roman ne rattrape pas le sentiment mitigé, presque décevant, qui émane de ce deuxième volet.

Au final, All clear est en deçà de son aîné. La faute à une intrigue qui perd en intérêt tandis que l’afflux d’informations ne faiblit pas. Le livre demeure toujours aussi réaliste, mais l’ambiance pâtit d’une certaine redondance dans le traitement de son sujet. Répétitivité qui se confirme en négligeant la partie science-fiction et reléguant le voyage dans le temps sur un plan secondaire. L’histoire aurait gagné à être élaguée pour fournir un ouvrage unique, à la fois sensible et passionnant sur le Blitz londonien. Au lieu de cela, cette conclusion en demi-teinte ne se justifie pas vraiment et rend le roman plus long que nécessaire. Dommage, surtout quand le fond et l’approche documentaire se révèlent aussi soignés. Une petite déception.

Note : 12/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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