mars 19, 2024

Le Syndrome Copernic – Henri Loevenbruck

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Auteur : Henri Loevenbruck

Editeur : J’ai Lu

Genre : Thriller

Résumé :

Un matin d’été ordinaire, trois bombes explosent dans une haute tour du quartier de la Défense. Toutes les personnes qui étaient entrées dans le gratte-ciel périssent dans l’effondrement. Toutes, sauf une. Vigo Ravel, quelques minutes avant l’attentat, a entendu des voix dans sa tête qui lui ordonnaient de fuir. Et il a survécu. Il comprend alors qu’il détient un secret qui pourrait changer la face du monde. Mais il ne suffit pas de connaître un secret, si grand soit-il. Encore faut-il en comprendre l’origine. Qui sont ces hommes qui le traquent ? Quelle énigme se cache derrière le Protocole 88 ? Que signifient les voix que lui seul semble pouvoir entendre ? Il est des mystères qui valent tous les sacrifices. Même celui de l’âme.

Avis :

Difficile de ne pas sombrer dans le caricatural ou le déjà-vu lorsque l’on parle théories du complot et autres conspirations qui procurent des sentiments contradictoires si l’on se penche sur une bonne ou mauvaise histoire. Du rire à l’effroi, il n’y a qu’un pas si l’on pose des questions ridicules ou possède une approche trop surfaite du sujet, et ce, même si l’on est un auteur confirmé. Après une formidable odyssée dans la fantasy et des thrillers ésotériques plus que remarquables, Henri Loevenbruck tente une incursion dans ce genre à part à entière qui exige suspense et ambiguïtés pour tenir en haleine le lecteur. Avons-nous droit à un livre aussi haletant que son titre est énigmatique ?

L’intrigue commence par un attentat à Paris d’une ampleur comparable au 11 septembre 2001. Percutante, violente et soudaine, la catastrophe assure un rythme tendu et une immersion quasi immédiate. Les chapitres sont fluides, cohérents et distillent les éléments du nœud principal au compte-gouttes. Mais la clef du mystère passe par un individu pour le moins original : Vigo Ravel. Schizophrénique, l’homme de 36 ans s’avère pour le moins instable et emplit de contradictions. Le récit repose entièrement sur sa propension à appréhender les événements et son environnement. Pour un protagoniste considéré comme fou, nul doute que les lignes de l’intrigue possèdent une double lecture.

Contrairement à bon nombre de romans qui ne justifient absolument pas l’emploi de la première personne du singulier, ce choix est ici plus que judicieux puisqu’il expose parfaitement les tourments, les doutes et le quotidien de Vigo. De fait, l’on a souvent droit à des errances hallucinées où les mots se tordent, se mêlent et s’entrelacent dans un délire insondable. En ce sens, la maladie est décrite sans complaisance et surtout sans clichés malvenus. Doté d’une approche réaliste et pertinente, Le syndrome Copernic se sert des symptômes de la schizophrénie pour susciter l’intérêt au fil de la lecture. Entre doute et indices dissimulés astucieusement, les subtilités ne manquent pas.

L’atmosphère paranoïaque se dévoile avec pudeur et s’en retrouve grandi lorsque l’on aborde des problèmes d’ordre global. Il en découle une certaine crédibilité, mais aussi l’appréhension qu’une présence invisible épie et attend le bon moment pour surgir ou pas. Sans sombrer dans une complexité de façade, l’intrigue multiplie ce genre de contradictions, de tensions, afin de développer l’histoire sans la perdre dans des errances inutiles. L’on notera une amusante incursion des carnets Moleskine qui recense les vastes réflexions de Vigo sur tout ce qui l’entoure. Intéressants et cohérents avec le caractère ambigu du personnage, on peut les rapprocher sensiblement de l’encyclopédie du savoir relatif et absolu de Bernard Werber.

On l’a vu précédemment, Vigo Ravel est un être trouble qui vaque dans un monde incertain à cause de sa maladie. Aussi, on ne reviendra que brièvement dessus pour souligner sa complexité et sa profondeur. Toutefois, sa relation avec Agnès laisse planer quelques longueurs qui tendent à s’écarter du fil rouge. Les membres du groupe Sphinx sont soignés, mais arrivent un peu trop tard pour que l’on s’y attache correctement. En revanche, on sera plus mitigé sur l’assemblée de bad-guy qui se départit difficilement des carcans habituels. Nous avons donc droit à un personnage principal fort dans le sens où il marque les esprits et une gamme de seconds rôles sympathiques sans être transcendants.

Au final, Le syndrome Copernic se révèle un thriller paranoïaque efficace où l’ambiance ne lésine pas sur les moyens pour susciter doutes et contradictions. L’approche tout en finesse joue avec les frontières de la science-fiction pour entretenir un suspense quasi permanent. En dehors de son intrigue réglée au millimètre, le roman nous propose une plongée dans la schizophrénie assez réaliste grâce à un protagoniste saisissant de vérité. Malgré de menus problèmes au niveau du rythme que l’on reléguera au rang de détails et des personnages secondaires pas toujours mémorables, il en ressort une histoire qui s’amuse avec la perception de ses lecteurs au même titre que la maladie de Vigo lui fait perdre la raison. Singulier et maîtrisé, un thriller qui retient l’attention et traite son sujet de fort belle manière.

Note : 16/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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